Contrôle des femmes et des jeunes sur les ressources foncières agricoles : expérience de la Coopération suisse au Mali
Bureau de la Coopération suisse à Bamako, 2013
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Rôle des femmes dans la gestion et mode d’attribution des terres dans la région de Sikasso (us et coutumes)
Bien qu’il existe un certain nombre de spécificités dans le mode de gestion et d’attribution des terres aux différents groupes socioéconomiques, les règles décrites ci-dessous sont globalement applicables à toute la région. Ces règles et principes ont été identifiés à partir du recueil des us et coutumes en matière foncière dans la région de Sikasso, notamment dans le cercle de Yorosso. Les terres du village sont octroyées à des autochtones et étrangers, sans distinction de religion ni de race. Les modes d’attribution des terres en vigueur sont la donation, le prêt et la succession.
Aucun individu ayant emprunté des terres ne peut s’ériger en propriétaire. Les demandes de terres sont verbales et adressées aux Gnogoziés ou, dans certains cas, aux chefs des familles autochtones. Les terres du village ne peuvent être ni vendues ni louées. Aucune utilisation, installation ou occupation de terres n’est possible sans l’accord des autorités de gestion des terres dans le village ou des familles autochtones reconnues comme propriétaires. La femme ne peut être propriétaire des terres, du fait de son statut d’épouse.
En effet, la femme mariée appartient en réalité à plusieurs familles. Ce caractère «mobilier» la défavorise et la prive de droits fonciers. Toutefois, une petite ouverture peut lui être faite en ce sens que son époux peut toujours lui octroyer une portion de ses terres. Une autre famille magnanime dans le village peut également lui prêter une parcelle de terre, à condition qu’elle la restitue à son propriétaire, une fois ses besoins satisfaits. Enfin, par le biais d’affinités, elle peut également accéder à la terre.
Toutefois, en cas de décès de son mari, elle peut exercer le droit de propriété sur les terres à titre provisoire jusqu’à la majorité de son enfant (garçon). Par solidarité, la terre est attribuée aux veuves. Les jeunes peuvent y accéder également en se faisant accompagner d’un tuteur (village de Tioula). Les femmes et les jeunes qui souhaitent exploiter la terre peuvent le faire gratuitement et librement dans la plaine, ce domaine étant un terroir du village, sans propriétaire absolu. Compte tenu de l’évolution des mentalités et des nécessités du développement local, les femmes pourront accéder à la terre, pour autant qu’elles créent des associations, avec l’appui de partenaires techniques financiers et d’ONG.
Accès des femmes au budget des aménagements de bas-fonds et des périmètres maraîchers
L’accès des femmes et des jeunes aux ressources financières des programmes constitue généralement un enjeu de taille pour la réduction des inégalités de genre. Très souvent, les ressources financières allouées aux femmes et aux jeunes ne sont pas suffisamment planifiées et les interventions programmées à cet effet sont insuffisamment dotées. Ainsi, les femmes se retrouvent nombreuses sur des petits espaces mal équipés. Elles sont occupées, mais elles n’en tirent pas beaucoup de profit. Elles finissent donc par abandonner l’activité à cause de la tension et les conclusions des partenaires sont hâtives, avec des clichés comme « les femmes ne s’entendent pas ».