Gilles Olakounlé Yabi
Le relèvement économique de la Côte d’Ivoire au cours des six dernières années, sous la présidence d’Alassane Ouattara, a été remarquable. Même les adversaires politiques les plus résolus du président ne peuvent nier la réalité du dynamisme économique retrouvé de leur pays. Mais la cohésion de la société ivoirienne sur la moyenne et la longue durée est un impératif encore plus vital.
La plus grande erreur de la présidence Ouattara
Cette cohésion dépendra avant tout de la préservation de la paix, de la stabilité politique, de la qualité des gouvernants actuels et futurs et de la consolidation d’institutions dédiées à la protection de l’intérêt général. C’est pour cela que la rédaction d’une constitution est une entreprise d’une importance capitale. C’est pour cela que le processus qui a abouti à l’avant-projet de constitution soumis au vote de l’Assemblée nationale, puis promis à un référendum le 30 octobre 2016, pourrait bien être la plus grande erreur de la présidence Ouattara.
La Côte d’Ivoire a bel et bien besoin d’une nouvelle constitution, ou au minimum d’une révision de celle qui est en vigueur depuis 2000, élaborée sous le régime du défunt général Robert Guéi, dans un contexte empoisonné par la bataille pour le pouvoir présidentiel. On pouvait s’étonner de voir ce pays traverser une crise politique violente pendant deux décennies et en sortir sans examiner ses institutions et envisager des réformes importantes. Tout le monde avait en tête le célèbre article 35 de la Constitution sur les conditions d’éligibilité à la présidence utilisé pour exclure notamment Alassane Ouattara de la course en 2000 comme point de crispation majeur de la crise, qui justifierait une révision de la loi fondamentale.
On pouvait s’étonner de voir ce pays traverser une crise politique violente pendant deux décennies et en sortir sans examiner ses institutions et envisager des réformes importantes
Mais même si cette question est importante pour l’avenir du pays, elle ne pouvait constituer la seule préoccupation de la classe politique ivoirienne après tant d’années de déliquescence des institutions mises au service exclusif des intérêts d’une poignée de candidats au pouvoir présidentiel. Le texte élaboré par le comité d’experts nommés par le président Ouattara, quasiment tenu secret avant sa transmission à l’Assemblée nationale, n’a rien de scandaleux. Il affirme dans son préambule et dans son premier chapitre un grand nombre de principes fondamentaux d’un Etat de droit démocratique, respectueux des libertés individuelles, protecteur de la diversité culturelle et de la cohésion nationale.
Le renforcement de l’affirmation de ces principes représente une réponse appropriée au poison des divisions, des discriminations et de la méfiance de l’autre. Mais quasiment toutes les constitutions du monde ont des préambules d’une très grande humanité. Même le préambule de la constitution de la Gambie, pour prendre un exemple ouest-africain, proclame toutes les libertés garanties dans un Etat de droit. La réalité vécue par les Gambiens est assez différente.
Même le préambule de la constitution de la Gambie, pour prendre un exemple ouest-africain, proclame toutes les libertés garanties dans un Etat de droit
Rien de nouveau du côté du pouvoir judiciaire et du Conseil constitutionnel
La proclamation des grands principes, si elle n’est pas accompagnée de l’énoncé dans la constitution de garanties précises et d’institutions dédiées à les faire respecter, ne change pas grand chose au bien-être des citoyens. L’avant-projet de constitution ne renforce pas particulièrement le pouvoir judiciaire, essentiel pour le respect de l’état de droit, ni le Conseil constitutionnel chargé de veiller au respect des principes constitutionnels par tous les pouvoirs publics.
Le Conseil constitutionnel mérite qu’on s’y attarde. Il reste un « Conseil » et non une « Cour » constitutionnelle. Le mode de désignation de ses membres ne traduit pas une volonté de lui accorder davantage de chances d’être indépendante. Le président de la République choisit toujours, seul, le président du Conseil constitutionnel ainsi que trois des six conseillers de cette institution. Dans la constitution de 2000 en vigueur, le président de l’Assemblée nationale désigne les trois autres conseillers. Dans le nouveau texte, les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat désignent respectivement deux et un conseiller du Conseil constitutionnel. Comme c’est déjà prévu par l’actuelle constitution, les anciens présidents de la République sont aussi membres du Conseil, « sauf renonciation expresse de leur part ».
On pouvait s’attendre à des propositions de révision visant à restaurer la crédibilité ternie de la plus haute juridiction constitutionnelle
Compte tenu du rôle que le Conseil constitutionnel a joué à deux moments clés de l’histoire politique du pays – en 2000 et en 2010 -, en validant des choix politiques dangereux des gouvernants par des arguments juridiques fallacieux, on pouvait s’attendre à des propositions de révision visant à restaurer la crédibilité ternie de la plus haute juridiction constitutionnelle. Il n’y a pourtant rien dans l’avant-projet de nouvelle constitution qui signale une volonté de renforcer une institution dont le rôle est crucial dans la modération et le contrôle de tous les autres pouvoirs à commencer par l’exécutif. Rôle crucial aussi dans la proclamation du verdict ultime de l’élection présidentielle, source de tant de drames en Côte d’Ivoire et dans d’autres pays africains.
Trois têtes pour un pouvoir exécutif surpuissant
Les principales innovations de l’avant-projet de constitution sont l’introduction de la vice-présidence de la République et celle d’un Sénat, deuxième chambre du Parlement. La création de la fonction de vice-président(e) vise clairement à clarifier la succession du président en cas de vacance ou plus exactement à s’assurer qu’une personnalité proche du président, choisie par ce dernier et élue en même temps que lui, soit prête à assumer la succession en cas de nécessité. Dans le contexte ivoirien actuel, l’interprétation la plus facile consiste à voir dans cette proposition une volonté d’écarter le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, d’une position de dauphin constitutionnel.
Mais c’est surtout un moyen de ne pas prendre le risque de voir une personnalité non choisie par le président se retrouver à la tête de l’Etat en cas de coup du sort. En cas de vacance de la vice-présidence, selon l’avant-projet, ce n’est ni le président de l’Assemblée nationale ni celui du nouveau Sénat qui reprendrait le flambeau. Ce sera le Premier ministre, chef de gouvernement, troisième tête d’un pouvoir exécutif qui paraît programmé pour être encore plus puissant que jamais.
Trois articles seulement figurent dans le chapitre III consacré à la fonction de vice-président de la République. « Le vice-président agit sur délégation du président », explique sobrement l’article 78. C’est là la description complète des attributions de la personne qui deviendrait la deuxième personnalité de l’Etat. Si cette personne doit être élue dans un ticket à l’américaine en même temps que le président, le texte prévoit que, dans la période transitoire avant le prochain scrutin présidentiel prévu en 2020, le président actuel pourra nommer son vice-président.
D’étranges aménagements concernant l’âge et la santé des candidats à la présidence
Alassane Ouattara pourra donc choisir son dauphin constitutionnel jusqu’à la fin de son deuxième mandat actuel, et peut-être indiquer par ce choix le candidat qui aura sa préférence pour lui succéder. S’il ne se présente pas en 2020 comme on s’y attend sur la base de ses déclarations. La limite supérieure d’âge de 75 ans ayant été supprimée dans le nouveau texte créant une nouvelle République, sans justification convaincante, le président Ouattara pourrait cependant légalement se porter à nouveau candidat.
Alassane Ouattara pourra donc choisir son dauphin constitutionnel jusqu’à la fin de son deuxième mandat actuel, et peut-être indiquer par ce choix le candidat qui aura sa préférence pour lui succéder
La disparition de la disposition constitutionnelle actuelle exigeant que les candidats à la présidence présentent « un état complet de bien-être physique et mental dûment constaté par un collège de trois médecins désignés par le Conseil constitutionnel » est aussi surprenante. Même si cette disposition peut aussi ouvrir la porte à des manipulations politiques pour exclure un candidat,- ce fut l’un des arguments de la non validation de la candidature du président déchu Henri Konan Bédié au scrutin d’octobre 2000-, la suppression de toute exigence de bonne santé vérifiable ne peut que susciter doutes et suspicions.
Le Sénat : un coût certain, une contribution qui l’est moins
Serait-ce alors la création du Sénat, deuxième chambre du Parlement jusque-là confondu à l’Assemblée nationale, qui serait l’innovation la plus prometteuse de la loi fondamentale qui devrait être soumise au vote des Ivoiriens le 30 octobre? Difficile de le croire. Certes, il n’y a rien de choquant à priori dans le principe de la « représentation des collectivités territoriales et des Ivoiriens établis hors de Côte d’Ivoire », au sein d’une institution dont les deux tiers des membres seraient élus au suffrage universel indirect.
La création de nouvelles institutions devrait être une réponse à des problèmes ou des insuffisances très clairement identifiés.
Mais dans le contexte de pays qui doivent faire face à d’immenses défis sécuritaires, éducatifs, économiques, sanitaires, sociaux, avec des ressources publiques limitées, la création de nouvelles institutions devrait être une réponse à des problèmes ou des insuffisances très clairement identifiés. Ne peut-on pas renforcer le rôle des collectivités territoriales et s’assurer que leurs intérêts soient défendus sans créer une deuxième chambre parlementaire permanente?
De plus, un tiers des futurs sénateurs seraient tout de même choisis directement par le président de la République, dont les pouvoirs de nomination aux fonctions civiles et militaires et à la tête des principales institutions comme le Conseil constitutionnel, la Cour suprême et la Cour des comptes, paraissent déjà exorbitants. Le coût financier d’un Sénat est certain, tout comme le risque d’une aggravation du clientélisme politique. Ce qui est moins sûr, c’est la contribution d’une telle nouvelle institution à l’amélioration du fonctionnement de l’Etat au service de l’intérêt général des populations.
Le coût financier d’un Sénat est certain, tout comme le risque d’une aggravation du clientélisme politique.
Il y a lieu de préciser que le Sénat proposé ne viendrait remplacer aucune institution existante. Il ne ferait que s’ajouter par exemple au Conseil économique et social qui deviendrait le Conseil économique, social, environnemental et culturel. Une autre nouvelle institution verrait le jour, la Chambre nationale des Rois et Chefs traditionnels. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise idée. Elle peut jouer un rôle important pour la cohésion nationale si son rôle, son fonctionnement et sa composition sont très clairement précisés.
Le texte constitutionnel renvoie à des lois organiques qui devront être votées par le Parlement et qui échapperont largement à la connaissance des citoyens.
Or pour cette institution comme pour de nombreuses autres, le texte constitutionnel renvoie à des lois organiques qui devront être votées par le Parlement et qui échapperont largement à la connaissance des citoyens. Cette tradition francophone de n’inclure que des dispositions minimales dans les textes constitutionnels et de renvoyer les détails aux lois organiques est inadaptée au contexte de pays où l’on a besoin de règles précises, inscrites dans la constitution, pour encadrer le comportement de tous ceux qui exercent des fonctions publiques importantes.
Un processus expéditif au lieu d’un débat public
Le président Ouattara avait la possibilité de faire du processus de rédaction d’une nouvelle constitution un exercice salutaire de réflexion collective, ouverte, citoyenne, décentralisée, sur les réformes institutionnelles qui pourraient projeter la société ivoirienne vers un avenir plus rassurant. Une telle démarche aurait été sans doute un peu chaotique, laborieuse, incertaine, mais elle aurait pu permettre, si le pouvoir le voulait vraiment, de susciter un débat public éclairé sur les institutions, plutôt qu’un examen hâtif par l’Assemblée nationale suivi d’une campagne référendaire expéditive dont on imagine déjà les travers.
Le président Ouattara avait la possibilité de faire du processus de rédaction d’une nouvelle constitution un exercice salutaire de réflexion collective, ouverte, citoyenne, décentralisée.
Les lois fondamentales sont les instruments les plus puissants pour indiquer dans un pays la société idéale à laquelle on veut tendre. Elles n’ont pas vocation à s’adapter à l’état de la société telle qu’elle est, aux cultures politiques et aux pratiques du moment. Elles doivent dessiner un horizon, figer à un moment donné dans un document ce que les esprits les plus créatifs, les plus engagés, les plus idéalistes et les plus ouverts peuvent produire de meilleur comme contrat social proposé à leur communauté nationale.
Ni le processus ni le texte auquel il a abouti ne ressemble à ce que la Côte d’Ivoire peut offrir de meilleur.
Ni le processus ni le texte auquel il a abouti ne ressemble à ce que la Côte d’Ivoire peut offrir de meilleur. Les élites dirigeantes ivoiriennes semblent continuer à penser qu’un président bâtisseur et une croissance économique rapide suffisent à construire une nation stable et forte. Négliger une fois de plus le renforcement de toutes les institutions qui servent de garde-fous aux excès des êtres humains d’abord mus en tout lieu et en tout temps par la poursuite de leurs intérêts personnels, c’est exposer le pays à de nouvelles crises politiques potentiellement graves.
Photo: lepointsur.com
Analyste politique et économiste, Gilles Olakounlé Yabi est l’initiateur du think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest, WATHI. Les opinions exprimées par l’auteur sont personnelles et n’engagent pas WATHI.
17 Commentaires. En écrire un nouveau
Cap sur le pays des Éléphants
Sans être spécialiste des questions constitutionnelles- qu’à cela ne tienne-, je constate moi, et avec grand regret qu’on a là, un HYPER RÉGIME PRÉSIDENTIEL qui amorce subtilement mais avec une rare détermination, le chemin d’une dictature. Vous connaissez bien la formule: ” qui a de trop de pouvoir en abuse .” Or ici, l’Exécutif -surtout en période de majorité-aura tout absorbé, absolument tout. En temps de cohabitation, le pays risque d’être une aristocratie et finalement… De plus, ici comme ailleurs,que ce soit à Washington ou à Praia, le Sénat ne sert absolument à rien; c’est souvent un club de retraités assoiffés de pouvoir créé dans un but de renvoi d’ascenseur et rien de plus. Les élus locaux suffisent pour défendre l’intérêt des populations à la base si on a un système judiciaire indépendant et efficace. La vie ou si vous voulez, l’énergie de l’Homme: c’est 75 voir 80 ans pour les plus vigoureux, au-delà, c’est peine et misère ( il en résulte de cette dure réalité des humains qu’on joue à la comédie avec Abdel Aziz Bouteflikha en Algérie). Sinon entre nous et en toute honnêteté: quel énergie a-t-on encore après 75 ans pour être encore capable de tenir les commandes d’un pays quand on connaît toute l’exigence de la fonction présidentielle et quand on ne peut même plus à cet âge se gérer soi-même? Un président, ce n’est pas un prélat de l’Église encore que les prélats savent bien à quel point l’être humain et limité. un individu, fusse-t-il aussi solide et aussi intelligent, qui s’accrocherait encore à cet âge au pouvoir, serait un égoïste-né. Au pire des cas, il fait insulte à l’intelligence humaine. Reconnaître aux autres la capacité de diriger et de conduire mieux que soi les affaires de l’État, c’est fondamentalement être plus qu’un président; c’est même être au-dessus du pouvoir. De l’autre côté, il est certes admis qu’ “aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années.” Mais quelle maturité possède une ou un jeune de 35 ans pour conduire au premier chef les affaires de la cité? Gouverner un pays, ce n’est pas être DG ou PDG d’une société. Être partisan d’une idéologie ou d’un courant politique ne suffit pas non plus. Prétendre à de hautes charges comme présider un pays, implique d’avoir atteint un degré de maturité qui conjugue des valeurs intellectuelles,mais aussi et surtout spirituelles et morales qui placent l’épanouissement de l’Homme au centre de l’action. à 35 ans, on n’est pas assez-mûr à mon sens pou accéder à de si hautes fonctions. Entre 45 et 75 ans, on peut y prétendre ce me semble; encore faut-il qu’on ait eu le temps d’acquérir les valeurs que nous avons citées ou du moins qu’on y consacre du temps par moment pour méditer la destinée humaine. Quant tu scrutes la scène du monde et tu réalises à quel point l’homme est plus que jamais devenu” loup pour l’Homme”; à quel point la politique sur la terre des hommes est “cette drogue transforme des anges en démon” tu conclus tout simplement que le monde va à sa perte comme l’a si bien dit un personnage important de l’histoire de l’humanité. Le nouveau contrat social que propose Ouattara ne se préoccupe pas du sort des citoyens qu’il vise le renforcement de la Démocratie. Hanté par l’idée d’avoir des institutions fortes, tout curieusement-sauf à dessein- concentre le pouvoir aux mains d’un seul individu: le président de la République et c’est là que tout est à craindre. Ivoiriens Yako!!!
Nos problèmes, c’est toujours le manque de respect aux lois établis.
Après le référendum, espérons remporté par le oui ,si un individu milliardaire par loterie a les armes appropriées .Pensez-vous qu’une constitution votée à 99, 99 % aura les muscles nécessaires pour lui barrer la route du pouvoir?Les forces nouvelles devenues
anciennes n’ont pas désarmé jusqu’à ce jour comme promis . Il y a un développement
indéniable mais une ”bonne guerre” peut, à tout moment, mettre le pays à genou !Avec tous ces mécontentements dans le pays,qu’est-ce qu’ une nouvelle constitution …?
Je suis désolé pour notre parlement qui a refusé de jouer son rôle en s’adonnant au militantisme. Un tel projet d’une importante aussi capitale vue qu’elle influe la vie d’une nation géré en cachette et à la sauvette, n’honore pas les honorables. Dommage…pour ce qui concerne le fond du débat, c’est carrément du surplace. J’hadhère entière à cette analyse éclairée.
un texte fût il bon n’est qu’un texte, le juge le tordra dans le sens qui conviendra à son propre épanouissement.
Au grands hommes les grands actes comme le dit l’adage. Bien toutes ses acteurs politiques que nous suivons assurent d’abord leurs arrièrs. L’opposition aurai du jouer sin rôle avant toute autres choses, cela ce profilait a l’horizon. Espérons que le peuple fasse le bon choix. Nous le peuple toujours a la merci des politiques. Moi la démocratie vu sur un certain angle me dégouté.
Une constitution censée guider une nation tout entière, taillée suivant la philosophie d’un seul homme : voilà notre 3e république. Dans ce pays pluraliste, Alassane Ouattara est non seulement le plus fort, mais il est aussi le plus intelligent de sorte que ces idées nous conduiront certainement vers la terre promise où il n’y a ni faim, ni soif, ni guerre. Ainsi soit il!
Il faudrait donc en plus de la croissance économique, des institutions adaptées pour prévenir les crises et leur répétitions mais est-ce que cela suffira à créer des emplois décents à la masse de jeunes diplômés/qualifiés ou pas ?
25 millions d’Ivoiriens aujourd’hui, 40 millions en 2025/2030 ? Est-ce qu’il n’ y a pas quelque chose de ce côté là ?
je remercie l’esprit critique de l’analyste sur le projet de nouvelle constitution ivoirienne. Toutefois, je voudrais faire remarquer que les gens abusent du langage, car j’entends des gens dire que la nouvelle constitution donnera des institutions fortes, je m’inscris en faux pour ces déclarations fallacieuses. Parce que la force des institutions d’une République démocratique provient du respect scrupuleux de la constitution. s’il y a des gens comme Allassane Dramane Ouattara qui aiment la prise du pouvoir par les armes, alors on aura toujours des institutions affaiblies. Ayons l’esprit démocratique et citoyen pour le respect des textes que nous nous sommes donnés.
Une analyse assez pertinente qui prouve que Gilles Yabi est un connaisseur de la vie politique ivoirienne. Toutefois, il faut remarquer jusqu’à présent l’espace public ivoirien bien que calme ne semble pas donner l’impression d’avoir été aseptisé des rancœurs liées au débat sur l’ivoirité. Ouvrir un débat sur la rédaction aurait été ouvrir une boite de pandore qui risquerait de se renfermer sans encombres. Le risque était grand. c’est visiblement pourquoi le pouvoir en place a préféré choisir la voie présente. Sur les innovations introduites les avis seront toujours partagés. Mais la Vice-présidence à l’avantage d’offrir une stabilité politique en cas de vacance du pouvoir. Les pays anglophones sont en avance sur les francophones sur cette question. Le cas du Ghana et du Nigéria dont les présidents sont décédés en plein exercice sont des exemples qui encourage à militer pour ce bicéphalisme de l’exécutif. Une constitution étant une oeuvre humaine, elle donnera toujours à dire. Gageons que la présente apporte la stabilité et la paix en Côte d’Ivoire.
Merci Nurudine de la réflexion. Mais nous devons admettre que ce n’est pas par manque de clarté concernant la succession en cas de vacance du pouvoir exécutif que la Côte d’Ivoire a sombré dans la violence. Je cite deux exemples pour étayer mon propos: A la mort de FHB en décembre 1993, c’est parce que Mr. Ouattara, alors Premier Ministre, appuyé par feu Philip Yacé, avait tenté de refuser l’application de l’article 11 de la constitution faisant du Président de l’Assemblée National le successeur du PR qu’il y a eu une “guerre de succession au PDCI” qui a failli déstabiliser le pays. Quand en décembre 1999, un coup d’état balayait Bédié du pouvoir, nous n’étions pas dans une succession. La Côte d’Ivoire n’a aucun problème de succession lié à la qualité de sa disposition constitutionnelle, mais bien au manque de respect de cette disposition. La création d’une VP obéit plutôt à deux calculs politiciens: la distribution du pouvoir au sein de la coalition RHDP au pouvoir, qui cherche à s’y perpétuer et la nécessité pour Mr. Ouattara de contenter son camp, le RDR dont les membres confondent l’état et leur parti politique.
Analyse pertinente, esperons que ses remarques seront soulignées par l’opposition afin d’apporter modifications malgré le peu de temps qui reste! Merci Gilles
je veux ici souligner la qualité et la pertinance de votre analyse sur l’avant projet de la nouvelle constitution ivoirienne. merci infiniment pour ces eclairages.
Voilà comment on passe sous- silence une revision constitutionnelle qui n’a d’autre utilité que de renforcer le présidentialisme pontifical si souvent conflictogène et décrié en Afrique.
Somme toute une réflexion dénudée de toute emprise et clairvoyante toutefois je vous félicite pour la hauteur d’esprit nonobstant que les artisans de cette nouvelle sont dans un schéma irréversible, sinon sans forfanterie elle comporte assez d’incongruité, puisse le bon Dieu aider nos pays
analyse trés pertinente pourvu que ce message soit entendu en cote d ivoire mais aussi qu burkina et partout en afrique ou l avénement d un nouveau président donne toujours lieu à une révision ou à l elaboration d une nouvelle constitution comme si nos problémes etaient lies à l insuffisance de la constitution dont ils ont hérité.
Très belle analyse. Équilibrée, lucide, sans passion!
Au-delà du processus en cours, je m’interroge sur la qualité des parlementaires ivoiriens! Il est à demander le degré de consience qu’ils ont en leurs responsabilités? Comment comprendre qu’ils aient une telle occasion de replacer leur institution au centre de tous les interets politiques en proposant des amendements forts pour un equilibre fort necessaire des pouvoirs exécutif, judiciaire, et legislatif, et qu’ils ratent ainsi le coach en s’inscrivant dans une démarche hâtive et expéditive! L’empressement de l’Exécutif est il leur contrainte? Alors que l’HIstoire attendait leur lucidité et leur clairvoyance!
Ils ont accepté de faire hara kiri à cette prestigieuse institution. Tels des Kamikazes politiques, emportantbavec eux le peu de pouvoir que le Judiciaire pouvait encore espérer avoir!
Mais bon! !!! Que dire dans cette atmosphère où après Dieu ce serait…..
Cher ainé Gilles;
Je voudrais encore te remercier pour la qualité de l’analyse.Je t’encourage encore à continuer et à perseverer dans ce travail fastidieux. Merci encore pour l’éclairage et recois les remerciements de plusieurs collegues qui se sont abreuvés à ton marigot ce jour ci à travers le partage que j’ai effectué sur ma page.