Marwane EL Halaissi
L’Afrique est souvent perçue comme une unité géopolitique, alors qu’elle comprend 54 pays partagés en 4 zones différentes : l’Afrique du Nord, l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique Australe et l’Afrique de l’Est. Ces pays partagent des points communs mais restent différents. Malgré la croissance qu’a connue l’Afrique depuis les années 2010, ce continent reste marqué par la pluralité des problèmes socio-économiques. 26 pays d’Afrique sont classés par le FMI (Fonds Monétaire International) dans la catégorie des 30 pays les plus pauvres.
Les défis sociaux et économiques sont souvent aggravés par des conflits, comme au Nord du Mali ou en RDC ; mais aussi par des inégalités et des modes de gouvernance défaillants. Les défis sociaux-économiques créent des besoins générateurs d’opportunités pour Entrepreneuriat social (ES) en Afrique.
L’incapacité des États à faire face aux défis de la société, l’inadéquation du système de marché aux besoins de la société, l’apport limité de la politique publique aux organisations à but non-lucratif, le changement de paradigme des bailleurs de fonds qui appuient les organisations à but non-lucratif pour l’implémentation de politiques publiques, sont les facteurs ayant contribué à l’émergence de l’entrepreneuriat social.
L’apport de l’ES se concrétise au niveau local, il œuvre à l’amélioration des conditions de vie des individus marginalisés par des initiatives orientées vers le renforcement de la sécurité économique
Les pays africains sont marqués par la prévalence des défis sociaux qui n’attirent cependant pas l’attention des secteurs public et privé. Dans ce contexte, l’entrepreneuriat social émerge comme moteur du changement social et comme réponse aux différents défis. L’ES a fait surface en Afrique au début du nouveau millénaire.
Ce mouvement est initié en Afrique par des organisation, émergeant au début du 21e siècle, qui aident à la création d’entreprises sociales (FATE Foundation en 2002; Lagos Digital Village en 2004). Les tendances libérales – ouverture des secteurs sociaux traditionnellement associés à l’État – marquent les politiques des États africains depuis les années 1990 et contribuent, de façon substantielle, au développement de l’ES.
L’ES en Afrique s’appuie sur les coopératives agricoles et les associations qui créent des projets ciblant la réduction de la pauvreté ou la protection de la biodiversité. Les activités de l’ES sont principalement orientées vers les populations les plus marginalisées, en s’appuyant sur des modèles entrepreneuriaux qui prennent en considération les besoins et les contextes dans lesquels se trouvent les communautés ciblées.
L’ES au niveau de l’Afrique développe des projets cherchant le renforcement de l’insertion socio-économique des communautés. L’ES promeut des activités de développement des capacités des populations locales et valorisent le patrimoine local à travers des modèles d’affaires inclusifs qui permettent de générer des revenus durables.
L’apport de l’ES se concrétise au niveau local, il œuvre à l’amélioration des conditions de vie des individus marginalisés par des initiatives orientées vers le renforcement de la sécurité économique. L’ES développe des activités économiques inscrites sur le long terme. Par exemple, il favorise les pratiques de l’agriculture durable par l’introduction de techniques sensibles à l’environnement, générant une amélioration du revenu.
L’ES promeut un entrepreneuriat durable qui valorise l’artisanat local tout en renforçant les capacités des populations locales. Cela permet d’améliorer les conditions de vie des communautés locales à long terme. L’ES consolide le changement social auprès des jeunes en les aiguillant vers les compétences nécessaires pour intégrer le marché de travail.
Sur le long terme, il favorise le changement au sein des systèmes économiques et politiques locaux par la redéfinition des institutions sociales, les normes et les valeurs. L’ES favorise l’insertion socio-professionnelle des jeunes en remodelant les perceptions relatives à l’emploi, comme la promotion du travail en temps partiel.
L’ES développe au niveau du territoire des institutions de proximité qui œuvrent au renforcement des capacités qui ciblent les groupes qui pourvoient les populations locales en les ressources nécessaires en s’intéressant de près aux groupes qui influencent les systèmes locaux de croyance.
L’ES promeut un entrepreneuriat durable qui valorise l’artisanat local tout en renforçant les capacités des populations locales. Cela permet d’améliorer les conditions de vie des communautés locales à long terme
L’ES développe des business modèles pro-pauvre qui mobilisent les ressources financières des individus en situation de pauvreté, générant ainsi des investissements qui produisent des changements structurels. Il promeut des formules adaptives de leadership qui favorisent des changements transformationnels. Par ailleurs, l’ES développe des stratégies qui renforcent la résilience de leurs organisations et consolident les capacités de leurs partenaires.
L’ES promeut la transformation culturelle au niveau local par la mobilisation des jeunes et des femmes pour faire face aux défis locaux, elle œuvre au changement des normes culturelles et des rôles sociaux. Il développe des initiatives qui peuvent remodeler la conscience et l’efficacité des groupes marginalisés, ce qui permettrait d’influencer de façon fondamentale les systèmes de résolution des problèmes sociaux.
Crédit photo : Les Echos
Marwane EL Halaissi est chercheur et consultant-formateur en entrepreneuriat social et économie sociale et solidaire.