« Les structures et les politiques ne sont pas toujours pensées pour que les femmes aient les mêmes opportunités que les hommes »
Extraits de l’entretien
Marginalisation des femmes
« Les structures et les politiques ne sont pas toujours pensées pour que les femmes aient les mêmes opportunités que les hommes »
« Au Sénégal, comme partout dans le monde, les femmes et les jeunes filles n’expriment pas la totalité de leur potentiel. C’est dû d’abord aux perceptions, aux croyances et aux traditions qui considèrent que la femme dispose de capacités limitées. Sur le plan pratique, il y a des inégalités, que ce soit dans le domaine de l’éducation, dans la santé, sur le plan économique etc. Les structures et les politiques ne sont pas toujours pensées pour que les femmes aient les mêmes opportunités que les hommes.
Les femmes et les jeunes filles n’expriment pas la totalité de leur potentiel
Dans les espaces d’éducation par exemple, les jeunes filles n’ont pas toujours accès à des toilettes correctes. Il y a des choses auxquelles on ne pense pas et qui rendent la vie beaucoup plus difficile pour les femmes et les jeunes filles. Il y a des choses auxquelles on ne pense pas et qui rendent la vie beaucoup plus difficile pour les femmes et les jeunes filles. »
Parité au Sénégal
« Avoir une loi sur la parité ne signifie pas que les institutions sont paritaires »
« Nous n’avons pas une parité réelle. La loi propose et dit qu’il faut une parité dans les listes électorales mais en réalité, les têtes de liste sont des hommes. Avoir une loi sur la parité ne signifie pas que les institutions sont paritaires. Quelques fois, les gens refusent d’appliquer la loi parce qu’ils ne considèrent pas que c’est une loi qu’ils doivent respecter.
Par ailleurs, on a besoin d’avoir des femmes dans les instances de décision mais très souvent le système dans lequel elles sont intégrées ne fait pas de cela une priorité. Même lorsqu’elles intègrent ces instances, c’est toujours une bataille pour faire entendre leurs voix. »
Barrières à l’émancipation de la femme
« Si les hommes peuvent le faire, je peux le faire…»
« Quand les gens me disaient que je suis féministe, je ne savais même pas ce que cela voulait dire. Tout ce que je disais, c’était que si les hommes peuvent le faire, alors je peux le faire. J’ai fait une série scientifique. Des membres de ma famille plus ou moins éloignée me demandaient pourquoi je me fatiguais à m’orienter vers une telle filière.
Je me rappelle, en classe de terminale à l’oral, avoir été avec un enseignant qui dans la salle de cours m’a fait des avances et m’a touchée… Parce qu’il se disait que c’était un moment où lui seul pouvait décider. En fonction de votre réaction, il peut décider de quelle note vous attribuer. Je connais autour de moi beaucoup de filles qui ont arrêté les études ou qui ont changé d’orientation à cause de ces pressions et harcèlements venant des enseignants.
Les pressions exercées sur les filles sont souvent faites sur celles qui n’ont pas de protection. Malgré cela, quand on est une femme, quel que soit votre niveau de responsabilité, de connaissance, quels que soient vos revenus financiers, vous rencontrez des hommes qui se donnent des droits qu’ils n’ont pas sur vous. Vous êtes obligées de vous battre quand vous en avez la possibilité. »
La condition de la femme dans le débat politique
« La représentation politique des femmes est importante parce que sur toutes les questions, il faut une perspective féminine…»
« Puisqu’il y a des élections qui arrivent, c’est le bon moment de défier tous ceux qui veulent diriger le pays et leur demander ce qu’ils feront pour que la situation des femmes soit différente. La première chose que je demanderai c’est: lorsqu’ils seront élus, comment vont-ils constituer leurs cabinets et leurs ministères? Est-ce que les femmes seront sérieusement représentées ?
Parce que sur toutes les questions, il faut une perspective féminine. Je leur demanderai aussi si une part importante du budget de l’Etat ira dans des projets liés aux femmes. Parce qu’on n’investit de l’argent que dans les causes auxquelles on croit.
Une question fondamentale que je leur poserais, serait de savoir s’ils ont eux-mêmes des choses à se reprocher par rapport à comment ils se comportent avec femmes.
Comment ces personnes traitent-ils les femmes dans leurs familles et les femmes avec lesquelles ils travaillent? Cela définit réellement, pour moi, qui peut vraiment faire un travail correct pour les femmes. »
Photo : WATHI
Coumba Touré est coordonnatrice du mouvement Africans Rising pour la paix, la justice et la dignité. Elle est la présidente du conseil d’administration de la fondation Trust Africa. Elle est également la directrice de l’association FALLIA, une maison d’édition qui publie des livres et des matériels éducatifs pour les enfants.
2 Commentaires. En écrire un nouveau
Tout à fait s’accord ma tres chère. Ayant moi-meme change de formation car à la fac si tu ne couchais pas tu étais sure de ne pas avec des bonnes notes… De quels droits se sentent-ils investis pour vouloir décider de nos vies? Oui qu ils nous mettent à l épreuve par notre intelligence et verront que nous sommes les temples de l ingéniosité et des solutions pérennes pour faire avancer les choses..
Super j’y adhère à votre réflexion et vous encourage, la loi sur la parité existe en Afrique depuis la charte du mande écrit par Soudiata Keita. Bravo et bonne continuation