Femmes et agriculture
Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA)
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Accès à la terre
Les femmes rurales ont le plus souvent des droits d’occupation des terres (droits de propriété, de contrôle et d’utilisation) très limités. Elles ont toujours eu traditionnellement peu de contrôle sur la terre, mais la situation a empiré suite à la désaffectation des cultures vivrières au profit des cultures commerciales. Et bien que la proportion de femmes chef de famille rurale continue à augmenter, moins de 2 pour cent de toute la terre appartient aux femmes. Dans de nombreuses sociétés, même si la législation le permet, la tradition est souvent un obstacle à la propriété des femmes, que ce soit par acquisition ou par héritage.
En effet certaines lois modernes sur le régime foncier reconnaissent la propriété conjointe du mari et de la femme mais dans la pratique, ce n’est guère suffisant, car l’homme est souvent le seul à pouvoir obtenir un crédit pour acheter les intrants (semences, outils et engrais). Dans certains pays, les femmes ont le droit d’hériter et d’être propriétaire de la terre, mais la tradition veut que l’utilisation de la terre soit décidée par les hommes, qui sont les seuls à être officiellement reconnus comme agriculteurs. Au Mali par exemple, le code foncier connaît des problèmes d’application et d’interprétation.
Malgré la publication de plusieurs textes d’application, la législation foncière reste faiblement appliquée dans la réalité. Les contraintes à la mise en application sont non seulement d’ordre organisationnel mais aussi sont dues aux différences entre la logique de la gestion coutumière et celle du droit foncier moderne. En effet le code est mal connu des populations, des élus, et même de certains cadres de l’administration. En fait, il semble bien qu’une collaboration des deux systèmes, moderne et coutumier, soit nécessaire car la coutume est incontournable pour favoriser l’accès et la gestion saine et durable de la terre aux femmes.
Accès aux moyens financiers
Les disparités entre hommes et femmes rurales sont encore plus marquées pour les aspects liés à l’accès a l’épargne et au crédit. Les ressources monétaires proviennent d’origines diverses mais n’ayant pas de contrôle sur les fonds propres constitués de l’épargne du ménage, les femmes s’associent par affinité et décident de constituer des tontines qui apparaissent aujourd’hui comme le moyen de financement le plus utilisé par les femmes rurales les moins nantis.
Les tontines ne sont pas l’apanage des femmes mais elles permettent à beaucoup de mettre en place une activité génératrice de revenus ne dépendant pas de l’agriculture Face à l’inexistence ou à l’insuffisance des formes de mobilisation de l’épargne, les populations investissent sur plusieurs formules en vue de satisfaire leurs besoins de financement. On remarque, cependant, que tant pour les prêts à intérêts consentis par des commerçants à des taux d’usure que pour les crédits fournisseurs ou les hypothèques sur la récolte contractées pendant les périodes de soudure, les femmes sont très peu représentées au niveau des créanciers, comme parmi les débiteurs.
Dans les zones rurales, les conditions de crédit des systèmes financiers décentralisés des institutions de crédits existants (taux d’intérêt, garanties, échéances de remboursement etc.) et les préjugés socioculturels limitent l’accès des femmes à ces structures. Des lignes de crédit sont cependant mises en place par de plus en plus d’institutions de micro finances et par les projets de développement qui ciblent principalement les groupements féminins ou mixtes : les femmes sont en effet reconnues de façon générale comme de bonnes gestionnaires par les institutions de micro-crédit. Ces lignes de crédit sont donc plus favorables aux femmes mais leur capacité à couvrir les besoins globaux de ces femmes reste limitée