Auteur : Paul Nantulya
Organisation affiliée : Centre d’études stratégiques de l’Afrique
Type de publication : Article
Date de publication : 22 décembre 2017
Lien vers le document original
La seizième édition de la réunion annuelle des ministres des Affaires étrangères afro-nordiques s’est tenue à Abuja, au Nigéria, en juin 2017. Dans le même mois, la Norvège accueillait des pourparlers entre le gouvernement du Sud-Soudan et les forces de l’opposition. Ce fut la première fois que les parties en guerre se sont retrouvées face à face depuis juillet 2016. En Finlande voisine, le gouvernement burundais et ses opposants se sont rencontrés en coulisses lors de négociations initiées par l’ancien président finlandais et le militant anti-apartheid Martti Ahtissaari.
Ces rencontres n’étaient pas le fruit du hasard mais s’inscrivaient plutôt dans une longue tradition de solidarité afro-nordique. L’engagement des pays nordiques (le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège et la Suède) en Afrique remonte aux luttes contre le colonialisme et l’apartheid. Au départ, ces derniers concentraient leurs efforts sur le soutien aux mouvements de libération africains. Plus tard, ces initiatives se sont élargies afin de répondre aux défis de la gouvernance, du développement ainsi que de la sécurité humaine avec une attention marquée sur le maintien de la paix et la consolidation de la paix.
Les fondements de la solidarité
La solidarité afro-nordique est ancrée dans la présence séculaire des missionnaires en Afrique australe. Contrairement aux autres Européens qui ont collaboré étroitement avec les administrions coloniales, les missionnaires nordiques soutenaient la résistance au régime colonial. Les relations des associations ecclésiastiques avec les populations locales facilitaient le contact direct entre les mouvements de libération africains et les officiels nordiques et ont permis de formuler une politique extérieure militante en appui aux populations opprimées. La confiance en ce partenariat était davantage renforcée par le fait que les pays nordiques ne possédaient pas de colonies en Afrique.
Egalement sur l’initiative des églises, le mouvement anti-apartheid nordique collectait des fonds pour la défense juridique de milliers de militants politiques africains incarcérés et aider la famille de ces derniers. Des groupes nordiques de la société civile organisaient des campagnes de désinvestissement contre les pays gouvernés par des groupes minoritaires. Les collégiens et lycéens nordiques participaient au « Jour opérationnel » (Operasjon Dagsverk) », une campagne annuelle de collecte de fonds destinés aux enfants des camps de refugiés en Afrique australe. Les initiatives concertées des organisations syndicales, des églises ainsi que de la société civile mettaient la pression sur les dirigeants nordiques pour un engagement soutenu en Afrique.
La solidarité afro-nordique est ancrée dans la présence séculaire des missionnaires en Afrique australe. Contrairement aux autres Européens qui ont collaboré étroitement avec les administrions coloniales, les missionnaires nordiques soutenaient la résistance au régime colonial. Les relations des associations ecclésiastiques avec les populations locales facilitaient le contact direct entre les mouvements de libération africains et les officiels nordiques et ont permis de formuler une politique extérieure militante en appui aux populations opprimées
Egalement sur l’initiative des églises, le mouvement anti-apartheid nordique collectait des fonds pour la défense juridique de milliers de militants politiques africains incarcérés et aider la famille de ces derniers. Des groupes nordiques de la société civile organisaient des campagnes de désinvestissement contre les pays gouvernés par des groupes minoritaires. Les collégiens et lycéens nordiques participaient au « Jour opérationnel » (Operasjon Dagsverk) », une campagne annuelle de collecte de fonds destinés aux enfants des camps de refugiés en Afrique australe. Les initiatives concertées des organisations syndicales, des églises ainsi que de la société civile mettaient la pression sur les dirigeants nordiques pour un engagement soutenu en Afrique.
Opérations de maintien de la paix et de soutien à la paix
Les contributions des pays nordiques dans l’évolution de l’Architecture africaine de paix et de sécurité étaient fondées sur un modèle d’engagement favorisant des relations saines entre civils et militaires, le respect des droits des humains, le renforcement des capacités militaires en matière de maintien de la paix ainsi que la sécurité collaborative. La démonstration d’engagement sur le long terme, le transfert de connaissances, l’engagement local et le leadership ainsi que la flexibilité sont des caractéristiques importantes de l’approche des pays nordiques.
En 1995, la Norvège mettait en place le programme Formation pour la paix (TFP) dans l’optique de soutenir la Communauté de développement de l’Afrique australe (CDAA). Dès 1997, le programme avait donné naissance à une nouvelle pensée régionale sur la sécurité qui a par la suite conduit à de consultations intensives à l’échelle de la CDAA sur l’élargissement de l’Architecture de la sécurité régionale de l’Afrique Australe financé par le Danemark et la Suède. Ces consultations plaçaient le renforcement des capacités en matière de maintien de la paix et de soutien à la paix comme une priorité centrale. TFP initia six lignes d’action pour atteindre cet objectif :
- Evaluations conjointes des besoins
- Elaboration d’un programme de formation
- Préparation avant déploiement
- Formations sur le théâtre et post-missions
- Maintien d’une liste de réserve de soldats du maintien de la paix formés
- Publication d’un catalogue des meilleures pratiques
En 2001, la TFP s’élargit au reste de l’Afrique à travers un partenariat stratégique avec la Brigade en attente de l’Afrique de l’Est et le Centre international de formation au maintien de la Paix Kofi Annan. Au cours des vingt années depuis sa création, la TFP a formé 17 980 agents du maintien de la paix militaires, civils et de la police. Le programme eut également un impact important sur la doctrine. Des documents de directives fondateurs dont La dimension civile de la Force africaine en attente et les Directives pour la protection des civils dans les opérations de soutien à la paix de l’Union africaine furent intégrés aux procédures opérationnelles de l’Union africaine.
Les contributions des pays nordiques dans l’évolution de l’Architecture africaine de paix et de sécurité étaient fondées sur un modèle d’engagement favorisant des relations saines entre civils et militaires, le respect des droits des humains, le renforcement des capacités militaires en matière de maintien de la paix ainsi que la sécurité collaborative. La démonstration d’engagement sur le long terme, le transfert de connaissances, l’engagement local et le leadership ainsi que la flexibilité sont des caractéristiques importantes de l’approche des pays nordiques
La TFP est considérée par les partenaires africains comme une initiative africaine : un objectif central du modèle d’assistance nordique. Depuis sa création, le programme n’a eu qu’un partenaire norvégien, L’Institut norvégien pour les affaires internationales (NUPI) qui a travaillé avec quatre institutions africaines en Afrique australe et, plus tard, avec l’Afrique de l’Est et de l’Ouest. « Le renforcement des capacités humaines et institutionnelles en était l’axe central, » note Kasumba. « Plus intéressant encore était le fait que le côté norvégien a rallié les partenaires africains dans l’élaboration et la construction de leur approche envers l’Afrique dans les secteurs de la paix et de la sécurité. Ils n’étaient jamais bien loin et les Africains sentaient que notre travail et notre contribution en tant qu’organismes de mise en œuvre sur le terrain étaient réellement appréciés. »
Consolidation de la paix
Les Etats nordiques considèrent les politiques en matière de développement et de sécurité comme interdépendantes et soulignent l’importance d’assurer la sécurité de la population par opposition à la sécurité assurée par le régime. Ainsi, en plus d’assurer le renforcement de la sécurité collaborative régionale, les pays nordiques investissent lourdement dans les processus de consolidation de la paix. Le modèle de paix nordique nécessite la mise en œuvre de la diplomatie secrète, la facilitation indirecte d’une tierce partie ainsi que la médiation directe. Ce modèle a vu le jour avec la facilitation des pourparlers israélo-palestiniens par la Norvège, lesquels ont abouti aux Accords d’Oslo en 1993, dont les leçons apprises ont été adaptées aux contextes africains.
Les implications pour les capacités régionales
Les capacités développées en Afrique à l’aide d’instruments nordiques comme le programme Formation pour la paix (TFP) ont contribué de manière significative, non seulement aux initiatives africaines mais également à celles des Nations Unies, à savoir, l’Initiative pour le renforcement des moyens civils et l’initiative du Cadre d’orientation stratégique de la Police des Nations Unies.
S’appuyant sur les compétences développées à travers ces initiatives, les partenaires africains créent l’Association des formateurs au soutien à la paix en Afrique (APSTA). Ce réseau de seize centres d’excellence de formation au maintien de la paix forme les personnels civils et militaires en préparation au déploiement dans les missions de paix et effectuent des formations sur le théâtre ainsi que des débriefings post-missions en vue de regrouper les leçons apprises. Une autre initiative africaine inclut une force civile en attente qui fournit des experts civils à la Commission de l’UA et assure le déploiement rapide dans les missions de maintien de la paix. Afin de renforcer ces initiatives locales, la Norvège soutient directement un nombre de postes au sein de la Commission de l’UA, tous tenus par des Africains.
Le partenariat de longue date des pays nordiques s’est articulé autour des intérêts africains, du développement équitable, de la sécurité collaborative ainsi que de la solidarité. Avant tout, il a mis l’accent sur l’engagement sur le long terme et les valeurs partagées. La réputation des pays nordiques comme étant des partenaires de confiance ainsi que leur travail axé sur le renforcement des capacités locales, l’engagement et le leadership ont apporté des contributions tangibles et continues aux structures de sécurité collectives de plus en plus importantes existant sur le continent aujourd’hui.
Les Wathinotes sont soit des résumés de publications sélectionnées par WATHI, conformes aux résumés originaux, soit des versions modifiées des résumés originaux, soit des extraits choisis par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au thème du Débat. Lorsque les publications et leurs résumés ne sont disponibles qu’en français ou en anglais, WATHI se charge de la traduction des extraits choisis dans l’autre langue. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
The Wathinotes are either original abstracts of publications selected by WATHI, modified original summaries or publication quotes selected for their relevance for the theme of the Debate. When publications and abstracts are only available either in French or in English, the translation is done by WATHI. All the Wathinotes link to the original and integral publications that are not hosted on the WATHI website. WATHI participates to the promotion of these documents that have been written by university professors and experts.