Agence nationale de la statistique et de la démographie
Mai 2017
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La Violence Basée sur le genre (VBG) relevée chaque année dans le monde devient de plus en plus importante. Elle survient en majorité dans les pays en voie de développement et surtout dans ceux de l’Afrique subsaharienne.
Dans la littérature comme dans le vécu quotidien, on peut remarquer que les VBG de toutes natures appliquées sur la femme ont de nombreuses et néfastes conséquences non seulement sur la vie sociale, mais aussi sur le bien-être de la victime.
En effet, les problèmes liés à la VBG sont entre autres, les atteintes à l’autonomie des femmes, le frein de nombreuses initiatives et opportunités en matière de lutte contre la féminisation de la pauvreté et les violences sexuelles et le VIH/SIDA, ainsi que les violences conjugales dont elles sont victimes dans les ménages. Il y’a aussi le refus de relations sexuelles non protégées qui pourrait la placer dans une situation de violences conjugales.
L’expression « Violences basées sur le genre » (VBG) décrit les situations vulnérables auxquelles les femmes et les filles sont confrontées, selon diverses violences du fait de leur subordination aux hommes dans les systèmes patriarcales
Les répercussions de la violence sur la santé sexuelle et reproductive des femmes sont bien documentées et peuvent prendre de multiples formes, soit directement, lorsque les femmes sont forcées d’avoir des relations sexuelles ou indirectement, comme par exemple l’abus sexuel lors de l’enfance qui parfois mène à des comportements à risque au plan sexuel à l’adolescence et l’âge adulte.
Selon le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), la violence basée sur le genre peut être définie comme étant un phénomène concernant à la fois les hommes et les femmes, où la femme est généralement la victime. Elle découle de relations inégales de pouvoir entre hommes et femmes. L’expression « Violences basées sur le genre » (VBG) décrit les situations vulnérables auxquelles les femmes et les filles sont confrontées, selon diverses violences du fait de leur subordination aux hommes dans les systèmes patriarcales.
Les VBG sont utilisées pour faire référence à toute forme de violence relative aux rôles socialement attribués aux hommes, aux femmes, aux garçons et aux filles. La violence est dirigée contre une femme du fait qu’elle est une femme ou la touche de manière disproportionnée. Elle comprend, entre autres, les agressions physiques, sexuelles et psychologiques.
Plus précisément, les formes de VBG comprennent la violence physique, sexuelle et psychologique/affective au sein de la famille, l’abus sexuel des mineurs, la violence liée à la dot, le viol et l’abus sexuel, le viol marital, le harcèlement sexuel dans le milieu du travail et dans des établissements d’enseignement, la prostitution forcée, l’exploitation sexuelle des filles et des femmes et la mutilation génitale féminine.
Opinion sur la violence conjugale
La violence conjugale ou violence domestique s’inscrit dans un processus au cours duquel, pour instaurer et maintenir une supériorité, le partenaire recourt à la force, à la menace, à la contrainte ou à tout autre moyen de pression ou de maltraitance. Elle apparait toujours au sein d’une relation intime.
Pour évaluer le degré d’acceptation de la violence conjugale, on a demandé aux femmes et aux hommes s’ils pensaient qu’il était justifié qu’un homme batte sa femme pour diverses raisons. Ces dernières, au nombre de cinq, sont les suivantes : brûler la nourriture, argumenter avec lui, sortir sans le lui dire, négliger les enfants et refuser d’avoir des rapports sexuels avec lui.
– Pour près de six femmes sur dix (57%), il est justifié que, pour au moins une des raisons citées, un homme ait le droit de battre la femme.
– Pour 45% des femmes, il est justifié d’utiliser la violence contre sa femme quand elle discute les opinions du mari.
– Plus de quatre femmes sur dix justifient le recours à la violence physique par l’homme à l’encontre de sa femme quand elle néglige les enfants ou quand elle refuse d’avoir des rapports sexuels avec lui (44% pour chacune des raisons).
– En outre, 43% des femmes pensent qu’il est justifié de battre son épouse quand elle sort sans le dire à son mari/partenaire.
La raison la moins citée pour justifier qu’un mari batte sa femme est le fait de brûler la nourriture. Cette raison a été évoquée par 23% des femmes.
La justification de la violence conjugale diminue avec le niveau d’instruction de la femme (68% chez celles sans instruction à 40% chez celles ayant un niveau moyen/secondaire ou plus)
L’approbation de la violence conjugale dans certaines circonstances est moins élevée en milieu urbain qu’en milieu rural (43% contre 69%) et dans les régions du Nord (57%) et surtout de l’Ouest (41%) que dans le Sud (70%) et le Centre (69%). La justification de la violence conjugale diminue avec le niveau d’instruction de la femme (68% chez celles sans instruction à 40% chez celles ayant un niveau moyen/secondaire ou plus).
Pour ce qui est des hommes, la proportion de ceux qui pensent qu’il est justifié, pour au moins une des raisons citées, de battre sa femme est bien inférieure à celle des femmes (25% contre 57%).
Les hommes ont cité, par ordre d’importance, le fait d’argumenter et de négliger les enfants (17%), le fait de sortir sans informer le mari (13%), le fait de refuser les rapports sexuels (12%), et le fait de brûler la nourriture (7%).
Prévalence de l’excision chez les filles
Les résultats montrent que 15% des filles de moins de 15 ans ont déjà été excisées. Ils exposent également que 20% des filles de 10 à 14 ans sont déjà excisées contre 17% pour celles de 5 à 9 ans et 9% pour celles de 0 à 4 ans.
À 10 ans, 21% des femmes de 15-49 ans avaient subi cette pratique contre 18% des filles de 10 ans qui sont actuellement excisées. A 12 ans, les proportions sont toujours très proches : 22% chez les mères et 23% chez les filles. Ces résultats ne montrent donc pas de tendance régressive de la pratique de l’excision.
En ce qui concerne les ethnies, on constate que c’est parmi celles dans lesquelles l’excision est une pratique fréquente que les proportions de filles excisées sont les plus élevées : les Mandingues (37%), les Diola (38%), les Soninkés (39%) et les Pulaars (31%). Chez les wolofs et les Serers, l’excision est quasiment inexistante avec 0,5% pour chacun.
En outre, la proportion de filles excisées de 0 à 14 ans diminue avec l’élévation du niveau d’instruction de la mère, passant de 17% quand la mère n’a aucun niveau d’instruction à 5% quand elle a un niveau moyen/secondaire ou plus.
La proportion des filles excisées et âgées de moins de 15 ans est plus importante dans les régions de Sud (47%) et dans les régions de Nord (23%). Dans les régions du Centre et de l’Ouest, l’excision des filles de moins 15 ans est un phénomène rare avec respectivement 3% et 1,3%. Il s’y ajoute que la zone urbaine (8%) est moins affectée par la pratique de l’excision que la zone rurale (19%).
Pouvoir d’action des femmes, participation et prise de décision
Les résultats montrent que, quel que soit le type de décision, les femmes ont déclaré que c’est le conjoint qui décide pour elles ; surtout en matière de soins de santé (77%) et de visites à la famille ou aux parents (73%).
Ces deux types de décisions ne sont pris principalement par la femme que dans respectivement 6% et 4% des cas. Dans près de deux tiers des cas, les décisions concernant les visites à la famille sont prises aussi principalement par le conjoint et dans 76% des cas, l’homme est impliqué dans la prise de cette décision. Dans seulement 4% des cas, c’est la femme qui décide seule.
Les données montrent également que les femmes qui travaillent, qu’elles soient rémunérées (13%) ou non (12%), sont plus impliquées dans la prise de décisions que celles qui ne travaillent pas (6%).
En outre, les femmes du milieu urbain (12%) sont plus impliquées dans la prise des décisions que celles du milieu rural (8%). Au niveau régional, ce sont les femmes du Sud (18%) qui sont proportionnellement les plus nombreuses à participer à la prise de décisions.
Enfin, les femmes les plus instruites (13%) sont plus impliquées dans les décisions relatives à leurs soins de santé, aux achats importants pour le ménage et aux visites à leur famille ou à leurs parents.
Viols et attouchements sexuels
Les enquêtes sociodémographiques récemment faites au Sénégal n’ont pas donné des informations sur les cas de viols et/ou attouchements sexuels. Toutefois, l’Association des journalistes contre les viols et les abus sexuels (AJVA) a fait état de 3600 cas de viols en 2015.
Une autre étude ayant été réalisée en 2012 par ONU FEMMES dans huit régions du Sénégal révèle que le nombre de cas de violences a doublé durant ces cinq dernières années. Cette étude révèle par ailleurs que les viols occupent la première place avec 50% des cas, les violences sexuelles toutes catégories confondues représentant 60% des cas rapportés dans les structures de santé.
Ces différentes formes de violence exposent les femmes et les filles aux IST et au VIH/Sida, à la déscolarisation, aux grossesses précoces et non désirées, aux avortements…
Mariage précoce au Sénégal
Au Sénégal, l’âge d’entrée en union des femmes est assez précoce. En effet, 10% des femmes âgées de 25-49 ans au moment de l’enquête étaient déjà en union avant d’atteindre l’âge de 15 ans, bien que dans le code de la famille adopté depuis 1973, une femme ne peut contracter un mariage avant l’âge de 16 ans. Près de deux femmes sur cinq (38%) étaient déjà en union en atteignant 18 ans exacts.