Adegboyega Akbar Olukoshi
William Addo Dankwa Akufo-Addo mieux connu sous le nom de Nana Akufo-Addo a été élu président du Ghana en Janvier 2017. Un an et demi après sa prise de fonction, il est intéressant de voir les changements qu’il a effectués au niveau social, économique et sur les autres aspects de sa gouvernance.
Sur le plan social, l’une des premières promesses qu’a faites Nana Akufo-Addo était l’éradication de la corruption. Ce fléau était un problème sous la présidence de son prédécesseur John Dramani Mahama. Malgré les discours, il est difficile de voir les changements, cela sème le doute chez les citoyens ghanéens. Il y a un manque de lisibilité dans le combat mené contre la corruption. Il faut reconnaitre cependant qu’il s’agit d’une priorité pour le nouveau pouvoir. Le président ghanéen Nana Akufo Addo a promulgué au début de l’année 2018 un projet de loi portant création du nouveau Bureau du procureur spécial (OSP). Il s’agit d’une agence spécialisée chargée d’enquêter sur les affaires de corruption impliquant les membres de l’administration, des personnes politiquement exposées et le secteur privé.
Le président ghanéen Nana Akufo Addo a promulgué au début de l’année 2018 un projet de loi portant création du nouveau Bureau du procureur spécial (OSP). Il s’agit d’une agence spécialisée chargée d’enquêter sur les affaires de corruption impliquant les membres de l’administration, des personnes politiquement exposées et le secteur privé
Sur le plan institutionnel, Il a procédé à la nomination de 110 ministres dans son administration. Ce nombre pléthorique de ministres n’a pas été bien perçu dans le pays. Certains pensent que ces nominations jugées nombreuses vont accroitre la corruption. Néanmoins, il y a une minorité dans le pays qui trouve que ce choix permettra au gouvernement de faire face à toutes les difficultés dans tous les secteurs.
D’autre part, un changement significatif à l’actif du président Akufo-Addo est dans le domaine de l’éducation avec la gratuité de l’enseignement au niveau du lycée. Selon lui « c’est un investissement pour le futur du pays ». Cette idée a évidemment était bien accueillie par le peuple, surtout ceux d’une classe socio-économique modeste, puisque les frais d’éducation pour le lycée sont estimés entre 257 et 517 dollars US. Cependant, certaines organisations comme le think tank IMANI Ghana ont soulevé des questions concernant les mécanismes de financement de la mesure.
Le gouvernement insiste sur le fait que l’utilisation des fonds pétroliers permettra de financer le programme. Certains ministres ont affiché leur mécontentement car ils estiment que les fonds provenant du pétrole doivent être utilisés dans d’autres secteurs du pays. De plus, les responsables des écoles privées sont aussi contre cette initiative parce qu’ils estiment qu’il y aura une baisse des inscriptions dans leurs établissements. (Ghana News Agency)
L’économie, le champ de bataille de l’administration Nana Akufo-Addo
L’une des raisons de la victoire d’Akufo-Addo était sans doute son programme économique. Dans sa stratégie économique, on retrouvait les éléments suivants :
- une réduction des taux d’intérêts (surtout ceux en excès comme les taux sur les billets d’avions)
- une réduction du taux d’inflation de 3% entre 12.6% et 9.6%
- une augmentation du taux de croissance de 3.6% à 9%
- une réduction du taux de la politique monétaire de 25% à 21%
En théorie, ce changement macroéconomique est un point positif pour le pays car cela doit générer une motivation pour encourager les citoyens à acheter plus de produits (spécialement locaux). Les produits domestiques auront plus de valeur sur le marché et le gouvernement pourra réduire le poids des importations.
Par ailleurs, le président Akufo-Addo tente aussi d’augmenter l’investissement étranger du pays. Sous le mandat de son prédécesseur, le Ghana a vu une réduction de l’investissement étranger lié à plusieurs facteurs (la corruption, le manque d’attractivité du pays, etc.). Pour le moment, le pays est sur la bonne voie car les promesses de lutte efficace contre la corruption attirent des investisseurs potentiels.
En théorie, ce changement macroéconomique est un point positif pour le pays car cela doit générer une motivation pour encourager les citoyens à acheter plus de produits (spécialement locaux)
Akufo-Addo tente de réduire la dette accumulée sous le mandat de Mahama. Avec des investissements étrangers, le chômage qui touche surtout les jeunes, diminuera grâce à la création de nouveaux emplois. De surcroit, avec une augmentation d’impôts, l’investissement pourrait augmenter encore plus le budget de l’Etat et lui donner plus de flexibilité financière.
Le président Akufo-Addo a aussi apporté des changements dans les domaines suivants :
- l’utilisation de l’informatique dans les ports et le secteur industriel
- une allocation financière pour les stagiaires dans le secteur de la santé
En misant sur le numérique, une réduction de l’utilisation du papier est attendue. Par conséquent, le déboisement ralentira. De plus, plusieurs secteurs connaitront une plus grande efficacité grâce à la rapidité du numérique en comparaison avec le papier. En ce qui concerne l’allocation financière, elle a surtout été acclamée par les infirmiers car les stagiaires dépendent souvent de l’aide sociale du gouvernement.
En une année, Nana Akufo-Addo a un bilan que l’on peut juger satisfaisant. Que se soit une augmentation du budget via des altérations monétaires, une redistribution des fonds, une révolution numérique dans divers secteurs, les changements sont visibles
En une année, Nana Akufo-Addo a un bilan que l’on peut juger satisfaisant. Que ce soit une augmentation du budget via des altérations monétaires, une redistribution des fonds, une révolution numérique dans divers secteurs, les changements sont visibles. La création de nouveaux emplois dans les secteurs industriels et commerciaux a été saluée par les Ghanéens. Néanmoins, les difficultés sont nombreuses et doivent être résolues. L’environnement des affaires au Ghana reste quand même assez faible comparé à son voisin nigérian. Par rapport à la lutte contre la corruption, il y a un optimisme au sein de la population d’après l’analyste politique ghanéen Kwame Danso Acheampong. Mais, les sceptiques croient que le nombre pléthorique de ministres pourrait ralentir le processus d’éradication de la corruption.
Pour le moment, Akufo-Addo multiplie les initiatives pour impulser un changement mais il va lui falloir plus de temps. Le bilan de la première année de présidence est assez encourageant, et avec plus de temps, le mandat pourrait être rempli de succès.
Source photo : liberation.fr
Adegboyega Akbar Olukoshi est étudiant en économie du développement à Clark University (Etats-Unis). Il a effectué un stage de plusieurs mois au sein du think tank citoyen WATHI.