Réponse du candidat Cellou Dalein Diallo
(1) Qu’est-ce qui dans votre parcours personnel et professionnel vous a préparé à présider aux destinées de votre pays?
Mon parcours professionnel m’a mis en rapport avec les grands défis auxquels mon pays est confronté.
Les responsabilités exercées à la Banque centrale et au Bureau des grands projets m’ont donné l’opportunité d’évaluer la problématique de la politique monétaire et financière du pays et de maitriser la mise en œuvre de grands projets dans divers secteurs, des infrastructures aux projets sociaux.
Par ma fonction de ministre, j’ai pu conduire à terme de nombreuses actions de développement. Mais j’ai aussi et surtout été frappé par des opportunités perdues du fait de politiques publiques inappropriées.
Si, par ces fonctions, j’ai pu acquérir une grande expérience dans la gestion publique, il faut retenir que c’est à la primature que j’ai eu la préparation la meilleure pour présider aux destinées de mon pays.
Outre la coordination de la gestion gouvernementale, étant donné l’indisponibilité fréquente du Président de la République, je le représentais souvent dans les rencontres internationales avec les autres Chefs d’État. Bénéficiant de sa confiance, les responsabilités que j’exerçais dans les faits excédaient celles qui relevaient du Premier ministre.
(2) Quels sont les changements immédiats que vous comptez apporter dans sa gouvernance et sur lesquels vous voudriez être jugé à la fin de la première année de votre mandat?
Les changements immédiats porteront sur la gouvernance démocratique et institutionnelle. C’est cette gouvernance qui commande tout le reste : la gouvernance administrative et la gouvernance économique et financière.
Au moment où une nouvelle élection présidentielle s’annonce, les Guinéens déçus du changement promis par Alpha Condé ont de nouveau besoin d’espoir. Je veux répondre à ce besoin par la voie de la confiance et du rassemblement.
En effet, ma vision de ce que doit être la Guinée est celle d’un pays en confiance et qui inspire confiance.
Le socle de cette vision, c’est une gouvernance démocratique et d’État de droit.
Il faut, au cours des 100 premiers jours, prendre des actions et engager des réformes pour des institutions fortes et justes en vue de créer un choc de confiance des Guinéens envers leur État, entre eux-mêmes mais aussi avec l’extérieur.
C’est la construction de cette confiance qui rendra possible « le miracle » guinéen c’est-à-dire l’accélération du développement du pays.
(3) Quelles sont les sources de financement de votre campagne électorale ?
La mobilisation des ressources pour financer ma campagne électorale s’est organisée autour de deux sources :
- Les cartes de soutien souscrites par les militants et les partisans en Guinée et à l’extérieur du pays ;
- Les contributions des militants et des sympathisants en Guinée et en dehors du pays.
Il convient également de mentionner l’aide de l’État à hauteur de 32 000 dollars à chaque candidat à l’élection présidentielle.
(4) Quelles sont les politiques que vous comptez mettre en place pour renforcer la cohésion nationale et sur lesquelles vous souhaitez être jugé au terme de votre mandat ?
La cohésion sociale de la population guinéenne et le développement du pays sont consubstantiels.
- La situation d’échec du pouvoir qui s’achève s’explique ainsi, pour l’essentiel, par l’effritement du tissu social mis à rude épreuve lors de l’élection présidentielle de 2010.
- La politique de stigmatisation et de discrimination du gouvernement au cours de son quinquennat a radicalisé les positions des militants et partisans politiques, altéré les relations entre les communautés, amplifié les replis ethniques.
- Le sentiment d’exclusion et de marginalisation qui s’est installé dans la société en raison notamment des décisions administratives et économiques discriminatoires ou de violences politiques ciblées, a exacerbé la tension sociale.
Il faut que la société guinéenne retrouve son équilibre et que soit assurée l’harmonie au sein des populations.
Seul un État fort mais juste peut rassembler la nation et la conduire, dans la paix, vers le progrès. C’est pourquoi la gouvernance politique sera au premier rang de mes priorités. Ainsi je donnerai, dès les premiers jours de mon mandat, un signal fort quant à ma détermination à conduire un État vertueux, respectant scrupuleusement les règles de droit.
Renforcer la gouvernance démocratique et institutionnelle, c’est promouvoir la cohésion sociale.
Pour asseoir une entente et une paix durable qui tient compte de l’histoire du pays, un programme de réconciliation nationale sera conduit sur la base du droit de savoir, du droit de justice, du droit de réparation et du droit garantissant la non répétition.
(5) Quelles sont vos propositions précises de réformes dans l’un des quatre domaines suivants :
a) l’enseignement supérieur
b) la santé publique
c) l’accès à l’électricité
d) la réduction de la corruption
(Le candidat a choisi la sous-question (d), note de WATHI)
La réduction de la corruption est le corollaire d’une gouvernance démocratique et d’État de droit. Elle est un des facteurs majeurs du choc de confiance que je créerai dans le pays et avec l’extérieur pour encourager l’investissement et améliorer les conditions de vie de la population.
Selon Transparency International, l’indice de perception de la corruption en Guinée est évalué à 2,5 sur une échelle de 0 à 10. Ce qui la classait en 2014 au rang de 145ème sur 175 pays. Soit dans la trentaine de pays les plus corrompus.
La corruption dans un pays réduit le montant des investissements et ralentit la croissance parce qu’elle accroit l’incertitude du climat des affaires et augmente le coût des transactions. Contre ce fléau, une solution rapide et durable doit être trouvée.
Les actions que je compte prendre en priorité en matière de gouvernance démocratique et institutionnelle auront un impact dans la lutte contre la corruption.
Pour aller plus loin, étant conscient des enjeux à ce niveau, je ferai la promotion de deux principes qui me tiennent à cœur : l’exemplarité et la transparence (surlignés par le candidat, note de WATHI). Ces principes seront appliqués dans la gestion des deniers publics appuyés par une loi anti- corruption.
Une Haute Commission de lutte contre la corruption sera instituée. La société civile sera également encouragée à contrôler les acteurs de la gestion publique et, le cas échéant, à dénoncer les manquements.
L’ensemble des mesures anti-corruption qui seront mises en œuvre feront l’objet d’une réévaluation tous les ans dans le cadre de débats à l’Assemblée nationale, mais aussi au niveau de la société civile.