Réponse du candidat Sidya Touré
(1) Qu’est-ce qui dans votre parcours personnel et professionnel vous a préparé à présider aux destinées de votre pays?
Ce qui m’a le plus motivé pour m’engager en politique, c’est l’orientation politique de mon pays et le fait que la gestion des affaires publiques s’est traduite constamment par un accroissement de la misère, une corruption galopante et des tensions intercommunautaires qui compromettent toute politique de relance économique du pays. Le retard accusé par la Guinée en matière de démocratie, de réalisation des infrastructures et des investissements directs étrangers (IDE) m’a interpellé et m’a obligé à m’engager en politique pour donner la possibilité aux Guinéens de prendre leur destin en main.
(2) Quels sont les changements immédiats que vous comptez apporter dans sa gouvernance et sur lesquels vous voudriez être jugé à la fin de la première année de votre mandat?
Pour la première année de gouvernance, je compte mettre en place les mesures qui permettront d’ouvrir une nouvelle ère dans notre pays, notamment :
- La mise en œuvre d’un véritable programme de refondation de l’État ;
- L’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de formation des élus locaux et des agents de l’Administration centrale, communale et décentralisée ;
- La promotion d’une décentralisation effective au bénéfice des collectivités locales à travers un renouvellement régulier de leurs organes basé sur un mandat et un plan d’actions précis ;
- Le renforcement de la société civile pour lui permettre d’avoir un droit de regard sur la manière dont sont gérées les affaires publiques.
- La promotion de la culture du service public, la bonne compréhension de la citoyenneté et le bon exercice des libertés publiques dans un débat contradictoire à travers la libéralisation effective des médias d’État ;
- L’amélioration de la gestion des carrières de nos diplomates ;
- Une assistance administrative adéquate aux Guinéens de l’étranger et de la diaspora.
(3) Quelles sont les sources de financement de votre campagne électorale ?
La campagne électorale du candidat de l’UFR (Union des forces républicaines), que je suis, est essentiellement financée par :
- mes moyens personnels
- L’assistance d’amis et sympathisants
(4) Quelles sont les politiques que vous comptez mettre en place pour renforcer la cohésion nationale et sur lesquelles vous souhaitez être jugé au terme de votre mandat ?
Pour renforcer la cohésion sociale, je compte mettre en place un gouvernement d’union nationale où il n’y aura aucune exclusion, aussi bien politique que sociale, ainsi qu’une équipe dont les membres seront sélectionnés selon leurs compétences et le mérite tout en respectant l’équilibre géographique.
Cette équipe travaillera main dans la main, dans la transparence et l’équité afin d’assurer un développement rapide et durable de nos régions.
Je mettrai en place une Commission de Réconciliation et de Dialogue intercommunautaire.
Les missions de cette commission seront les suivantes :
- Créer des centres d’écoutes dans toutes les régions pour être attentive aux problèmes de nos communautés afin de réduire leurs frustrations.
- Favoriser la réconciliation entre les communautés en conflit.
- Éduquer et former les populations sur la nécessité d’être soudée, unie et rassemblée autour de la nation.
- Briser les stéréotypes intercommunautaires basés sur des principes infondés et amplifiés par les politiciens.
- Promouvoir la cohabitation pacifique entre nos différentes religions.
Un pays qui veut gagner la bataille du développement a besoin de construire une nation forte autour des idéaux de paix, de fraternité, de réconciliation et d’égalité. Ma mission pour ces cinq prochaines années sera de construire une nation où le dénominateur commun est la Guinée, ceci dans la justice, l’équité et l’égalité. Je donnerai à tous les Guinéens la possibilité de bénéficier des mêmes prestations sociales et de jouir des mêmes droits, sans distinction d’appartenance politique, religieuse et communautaire.
(5) Quelles sont vos propositions précises de réformes dans l’un des quatre domaines suivants :
a) l’enseignement supérieur
b) la santé publique
c) l’accès à l’électricité
d) la réduction de la corruption
(Le candidat a choisi de répondre à deux des questions en option, note de WATHI)
a) l’enseignement supérieur
Dans le secteur de l’enseignement supérieur, j’engagerai des réformes importantes et qualitatives telles que :
- L’engagement d’une lutte acharnée contre la corruption dans le milieu universitaire, en particulier la tricherie aux examens et la vente des diplômes.
- La construction d’une université dans chacune des huit régions administratives et d’une grande université à Conakry afin d’améliorer les capacités d’accueil des infrastructures universitaires.
- La correction de la disparité territoriale grâce à l’établissement d’une carte universitaire afin de répondre aux besoins de manière spécifique.
- L’audit de l’ensemble des établissements privés afin de s’assurer qu’ils répondent aux normes admises pour les universités.
- La construction en partenariat avec des opérateurs privés de nouvelles cités estudiantines respectant les normes standards d’hygiène et de bien-être.
- Le paiement à temps et dans les règles des subventions accordées par l’État aux établissements privés.
b) la santé publique
En Guinée, le secteur de la santé est dans un état désastreux. Si je suis élu, j’engagerai de nombreuses réformes et me fixerai à moi ainsi qu’à mon Gouvernement les objectifs suivants :
- Réhabiliter les infrastructures hospitalières existantes et en construire de nouvelles, et ceci en corrigeant les disparités existantes pour l’accès aux soins de santé de base.
- Se doter d’un plateau technique minimum pour l’ensemble de nos hôpitaux.
- Mettre un accent particulier sur la surveillance épidémiologique en particulier celle de la maladie à virus Ébola, ce fléau présent sur notre sol.
- Recruter massivement, former et répartir proportionnellement aux besoins territoriaux, du personnel soignant pour combler les lacunes existantes.
- Adapter les formations du corps médical grâce aux collaborations internationales et avec l’appui de l’OMS.
- Mettre en place un plan médical minimum d’urgence pour certains soins et pour les populations les plus démunies (gratuité de certains services hospitaliers).
- Mettre en œuvre des programmes et projets dont certains viseront à lutter contre les maladies, et d’autres à promouvoir la santé. Les maladies les plus visées par les programmes seront : le paludisme, les maladies diarrhéiques, les infections respiratoires aiguës chez l’enfant, les MST/SIDA, les dix maladies cibles du PEV (Programme élargi de vaccination) et les maladies nutritionnelles de l’enfant, les endémies locales telles que la lèpre, la tuberculose, l’onchocercose et les troubles dus à la carence en iode.
- Créer par ces programmes de promotion de la santé les conditions et un environnement hygiénique susceptibles de réduire autant que faire se peut les causes de morbidité et de mortalité, notamment au niveau des populations vulnérables (enfants, mères, …..).
- Développer une campagne d’IEC (information, éducation et communication) en matière de planification familiale et de maternité sans risques. Ces programmes concerneront la santé maternelle et infantile, la vaccination, la promotion de l’allaitement maternel, la lutte contre les troubles dus aux carences en micronutriments, la consommation de l’eau saine et la santé mentale.
- Supprimer les coûts liés à l’accouchement dans les services publics.
- Impliquer les collectivités décentralisées dans l’évacuation des cas urgents en milieu rural.
- Lutter avec acharnement contre la corruption.
- Nommer sur des bases objectives de compétences les différents responsables des structures hospitalières.
- Améliorer les conditions de vie et de travail du personnel médical.
- Accroître la qualité des soins, en particulier pour les patients atteints de la maladie à virus Ébola depuis l’accueil jusqu’à leur sortie de l’hôpital.
- Repenser une nouvelle politique d’hygiène publique en mettant l’accent sur les services primordiaux tels que la prévention, la vaccination etc.
- Engager dès ma prise de fonction une vaste opération de distribution gratuite de moustiquaires imprégnées d’insecticides.
- Réorganiser le mécanisme de commande, de stockage et de distribution des médicaments pharmaceutiques.
- Mettre à jour la liste des médicaments en mettant l’accent sur le rapport qualité-prix afin d’avoir les médicaments les moins couteux et plus efficaces.
- Avoir recours plus régulièrement aux médicaments génériques.
- Améliorer l’accès aux services de santé aux groupes les plus vulnérables.
- Établir une assurance maladie.
- Promouvoir la complémentarité entre médecine moderne et médecine traditionnelle.
Le droit à la santé est un droit indéniable pour tout homme, la Déclaration universelle des Droits de l’homme le stipule bien dans son article 25 : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux, ainsi que pour les services sociaux nécessaires ».