Réponse du candidat Zéphirin Diabré
(1) Qu’est-ce qui dans votre parcours personnel et professionnel vous a préparé à présider aux destinées de votre pays?
En ma qualité d’ancien élu, je connais d’une part, les difficultés quotidiennes des populations dans les contrées les plus reculées, et d‘autre part, les dysfonctionnements de notre Assemblée Nationale pour légiférer sur les lois appropriées à même de s’attaquer à ces défis.
Ancien ministre et ancien président d’institution publique nationale, je connais l’État et ses rouages, j’ai l’expérience de la gestion gouvernementale, de la conception et la mise en œuvre des politiques publiques, de la gestion des projets, de la gestion des femmes et des hommes. Je n’aurai pas besoin d’une période d’initiation ni d’apprentissage. Je serai opérationnel dès le premier jour ! Et je mettrai cette somme d’expériences au service d’une gouvernance irréprochable.
Ancien haut cadre du secteur privé, tant à l’intérieur du pays qu’à l’international, j’ai une connaissance très forte de l’économie réelle du Burkina Faso, des enjeux économiques liés à la mondialisation et un sens aigu des initiatives qu’il faudra prendre pour libérer l’esprit d’entreprise, créer les richesses et générer des milliers d’emplois décents pour les Burkinabè.
Universitaire, je connais bien les problèmes de nos universités et de notre système éducatif. Demain, je pourrai y apporter les réponses les plus idoines, garantissant les meilleures conditions de vie et de travail aux écoliers, élèves, étudiants et aux enseignants qui méritent toute notre reconnaissance.
Ancien fonctionnaire international, je serai à l’aise pour travailler en bonne intelligence avec les différents partenaires au développement pour tirer le maximum de profit pour le peuple burkinabè.
Enfin, parce qu’en tant que fils du Burkina Faso, marqué par la fibre patriotique et un amour sans faille pour tous les Burkinabè, je nourris le secret espoir de léguer quelque chose de grand à la postérité. Je souhaite que les historiens écrivent un jour, que le Burkina Faso a eu un digne fils qui se nommait Zéphirin DIABRÉ, et que ce digne fils a réalisé de grandes choses pour son pays et apporté le bonheur à ses compatriotes.
(2) Quels sont les changements immédiats que vous comptez apporter dans la gouvernance de votre pays et sur lesquels vous voudriez être jugé à la fin de la première année de votre mandat?
Les changements immédiats ou plutôt les urgences que je compte résoudre dès ma première année de mandat sont de plusieurs ordres. Je peux citer entre autres mesures :
- L’adoption d’une nouvelle constitution par référendum pour permettre le passage à la Vème République ;
- La création d’une Cour de la répression de la délinquance économique et financière pour lutter efficacement contre la corruption et l’impunité, et offrir des moyens à la justice pour régler les dossiers de crimes de sang ;
- L’entreprise d’actions pour une réconciliation nationale ;
- L’assurance de la sécurité des personnes et des biens.
(3) Quelles sont les sources de financement de votre campagne électorale et quel en est le budget ?
La campagne électorale de l’UPC est financée par les militants et les sympathisants du parti.
(4) Quelles sont les politiques que vous comptez mettre en place pour renforcer la cohésion nationale et sur lesquelles vous souhaitez être jugé au terme de votre mandat ?
J’envisage mettre en place une commission nationale, dénommée « Vérité, Justice et Réconciliation », selon le modèle sud-africain. Comme son nom l’indique, cette commission étudiera d’abord à établir la vérité des faits, et ensuite, à identifier les coupables et les acteurs de chaque crime de sang.
(5) Quelles sont vos propositions précises de réformes dans l’un des quatre domaines suivants :
a) l’enseignement supérieur
b) la santé publique
c) l’accès à l’électricité
d) la réduction de la corruption
(Le candidat a choisi de répondre aux quatre options de la question, note de WATHI)
a) l’enseignement supérieur
L’employabilité directe des futurs diplômés et leurs adaptabilités aux différents emplois seront accrues dès leur sortie par l’adéquation entre l’emploi futur et les curricula de formation.
Les Présidents d’université et d’instituts seront tous élus par leurs pairs comme les directeurs d’UFR.
Comment je compte résoudre définitivement les difficultés liées à l’application du système LMD et des retards des années universitaires ?
Mes actions d’urgence :
- Réaménager le budget de l’État gestion 2016 en vue de dégager un Fonds spécial pour l’Élimination des retards académiques (FSERA) sur l’année académique 2015-2016. Ce Fonds spécial permettra de recruter un nombre suffisant d’enseignants à plein temps et d’enseignants vacataires, de louer des salles d’enseignement en quantité et en qualité, de rehausser substantiellement les bourses et les produits du Fonds national d’études et de recherche (FONER – aide et prêt) aux étudiants, de motiver les enseignants et le personnel ATOS (Agents techniques et Ouvriers spécialisés) dans la mesure de leurs attentes, d’acquérir l’équipement adéquat, de subventionner le transport et la restauration des étudiants (sur l’année académique 2015-2016).
- Instituer un Dialogue semestriel des partenaires de l’Université (DSPU) qui regroupera les représentants du Gouvernement (Ministres concernés), les représentants des enseignants, les représentants du personnel ATOS, les représentants des chefs d’entreprises, les représentants des étudiants et les représentants des parents d’étudiants.
- Associer les associations d’étudiants dans la gestion des œuvres universitaires.
- Lancer le programme « un étudiant-un ordinateur » en partenariat avec des entreprises multinationales dans le domaine des technologies de l’information pour offrir à un prix concessionnel un ordinateur personnel à chaque étudiant. Je compte garantir un cyber café à accès libre dans chaque résidence universitaire et sur les différents campus.
- Mettre à disposition une connexion internet à haut débit et en libre accès dans toutes les universités et bibliothèques publiques.
Mes actions à court terme :
- Accélérer la tendance à la régionalisation qui vise à doter chaque région du pays d’une université publique, avec les options possibles, pour résoudre le problème des effectifs dans les amphis.
- Transformer l’Université Ouaga 2 en ville universitaire de Gonsé et rendre l’Université de Bobo-Dioulasso complète- où il y aura toutes les filières de formation.
- Doter de manière adéquate (calculée sur mesure) les universités en ressources matérielles (infrastructures et équipements), humaines (enseignants et ATOS), financières (salaires, bourses et autres allocations).
- Revoir entièrement le système de bourses et son financement mieux adapté, pour offrir au maximum d’étudiants l’aide dont ils ont besoin.
- Revoir à la hausse les montants de l’aide et du prêt accordés par le FONER vu que les montants actuels sont en deçà du seuil de pauvreté.
- Accorder à tous les étudiantes et étudiants inscrits en thèse de doctorat dans une université publique et quelle que soit la filière de formation universitaire la bourse nationale. Par ailleurs, dans notre quête de l’excellence, je poursuivrai mes efforts par la mise en place d’une bourse d’excellence qui permettra de recruter chaque année 100 étudiants et étudiantes excellents pour poursuivre des études doctorales dans les universités des pays étrangers.
- Attirer les meilleurs universitaires africains et d’ailleurs vers le Burkina Faso et favoriser également la coopération universitaire avec les meilleures universités et chercheurs du monde entier.
- Afin d’assurer une synergie et de garantir le fonctionnement régulier et performant des universités, je mettrai en place un Conseil délibératif et de Concertation interuniversitaire (CoDeCi).
- Au niveau de l’enseignement supérieur privé, agir notamment par la mise en place d’une cellule de veille pluridisciplinaire, qui sera chargée de l’assurance-qualité en ce qui concerne le contenu pédagogique des enseignements, la qualité et les compétences du corps enseignant.
Mes actions à long terme :
- Procéder à une réforme structurelle des universités publiques en élaborant un nouveau plan stratégique par une démarche inclusive de l’ensemble des acteurs.
- Créer les instituts professionnels d’excellence régionaux.
- Harmoniser les textes en vigueur sur le système d’enseignement dans les universités et les instituts et écoles supérieurs, et mettre ainsi fin à l’application différentielle des textes qui a cours aujourd’hui.
- Réformer et améliorer le système des œuvres universitaires et accroitre sensiblement son budget.
- Construire des cités universitaires dans toutes les régions pour toutes les universités (publiques et privées).
- Mettre à disposition des étudiants des lignes de transport dans la limite de leur région.
- Soutenir les universités privées par une facilité de financement.
- Élargir le bénéfice des bourses et des produits du FONER (l’aide et le prêt) aux étudiants des universités privées.
- Instituer un cadre de dialogue annuel avec les universités privées.
- Changer radicalement le mode de financement des universités en faisant la promotion du système de fondation en accord avec le secteur privé.
b) la santé publique
La problématique actuelle de la santé des populations au Burkina Faso se pose en termes d’infrastructures adéquates et suffisantes, de personnel médical et soignant en qualité et quantité ainsi que d’accessibilité financière aux services sanitaires ainsi qu’à la sécurité sanitaire.
Pour moi, aucun Burkinabè ne doit mourir par manque ou insuffisance de soins. Pour cela, il faut une réforme profonde du secteur de la santé. A cet effet, les mesures suivantes sont envisagées :
- l’accès aux soins de santé commande de réduire prioritairement le rayon d’accès aux centres de santé en vue de faire passer le ratio « habitants par CSPS » de 9 759 à 7000 en 2020 en construisant davantage de CSPS. Les Centres médicaux avec antennes chirurgicales (CMA) seront renforcés et dotés d’au moins deux (2) ambulances pour l’évacuation des malades. Avec la création des universités dans toutes les régions, les Centres hospitaliers régionaux (CHR) seront transformés progressivement en Centres Hospitaliers Universitaires (CHU). Mon ambition, au cours de mon mandat, est de réduire le rayon moyen d’action théorique de 7 km à 4 km, d’améliorer les pistes conduisant aux CSPS : « un CSPS-une ambulance-une route aménagée vers le village le plus proche » ;
- la deuxième urgence consistera à réduire sensiblement les dépenses de santé des ménages en rendant effective la gratuité des soins primaires, les urgences médico-chirurgicales et celle des frais d’évacuation à l’intérieur du pays. L’objectif chiffré est la baisse de 60%des dépenses de santé des ménages avec la mise en place de l’Assurance maladie universelle (AMU) d’ici à 2020 ;
- en vue de faciliter l’accès aux soins de santé à toutes les couches sociales, la gratuité de certains soins sera réelle à moyen et long termes ;
- les valeurs de solidarité que je défends devront permettre la prise en charge sanitaire des groupes vulnérables par l’Etat ;
- les dépenses relatives à la recherche en santé seront inscrites prioritairement dans le budget de l’État. L’objectif est de couvrir au moins 25% des besoins nationaux en médicaments essentiels ;
- pour garantir la sécurité des produits pharmaceutiques et des autres produits sanitaires, les capacités des structures de contrôle en la matière seront renforcées avec une application rigoureuse des sanctions ;
- des mesures seront également prises pour assurer un bon accueil des malades et des accompagnants dans les centres de santé publics ;
- la mise en place d’un système de dossier patient dans les pharmacies pour assurer un meilleur suivi des patients est envisagée ;
- une restructuration de la fonction de pharmacien est prévue pour valoriser l’aspect technique de la profession plutôt que celui lié à la gestion de médicaments ;
- pour rendre notre système de santé conforme aux normes internationales, deux (2) pôles de référence à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou avec des plateaux techniques répondant aux standards internationaux seront créés ;
- la réussite de la réforme de notre système de santé passe nécessairement par la disponibilité d’un personnel de santé en quantité et en qualité suffisante et également motivé. Le nombre des Écoles nationales de santé publique (ENSP) sera accru et l’offre de formation sera diversifiée. En somme, comme au niveau de l’enseignement, nous ferons du métier d’agent de santé un métier attractif pour les personnes qui souhaitent l’exercer ;
- il est évident que pour vaincre les épidémies, l’accent doit être mis sur la prévention. En plus des vaccins déjà administrés gratuitement, la vaccination contre les épidémies notamment la méningite sera systématique et gratuite ;
- des mesures fortes seront prises contre le paludisme (hygiène, pulvérisation des nids de moustiques des différentes villes selon une fréquence trimestrielle ou semestrielle) et la méningite (système d’alerte précoce et de vigilance) ;
- des médecins spécialistes seront formés en nombre suffisant pour une meilleure prise en charge des nouvelles pathologies ;
- des mesures seront prises pour lutter contre les circuits illicites d’approvisionnement et de distribution de médicaments à travers la mise en place d’un système de pharmacovigilance ;
- enfin le développement d’une industrie nationale du médicament s’impose, afin que les produits consommés par nos malades soient disponibles en permanence.
Le passage du taux de mortalité maternelle pour 100 000 naissances vivantes de 341 à 170 et celui de la mortalité infantile pour 1000 de 65 à 32 à l’horizon 2020 ne sera pas un rêve.
c) l’accès à l’électricité
Le Burkina Faso fait partie des pays africains où le taux d’accès à l’électricité de la population est le plus faible. Il est d’environ 15% contre 61% au Ghana, 60% en Côte d’Ivoire et 53,5% au Sénégal (données de la Banque mondiale pour la période 2009-2013). J’ai une stratégie à trois vitesses pour l’énergie, l’une dans l’immédiat, l’autre à court-terme et la dernière à moyen et long termes.
c.1 : Dans l’immédiat
Je mettrai en place des mesures d’urgence en vue d’améliorer le service d’électricité :
- pour juguler le déficit de puissance électrique qui est de 50 MW en 2015 et sera de 68 MW en 2016, j’envisage entre 2016 et 2017, l’achat en urgence de groupes électrogènes manufacturés en container d’une puissance totale de 80 MW ;
- conduire une réforme de la SONABEL et de la SONABHY;
- commanditer un audit sérieux sur les comptes de la SONABEL et de la SONABHY. En effet, en 2013, les transferts nets de l’État en faveur de la SONABEL et de la SONABHY ont été estimés à 172 milliards de F CFA selon un rapport du FMI, soit près de 10% des dépenses du budget national et 3% de notre PIB. C’est le prix d’une centrale thermique de 170 MW. Je veux tout simplement mettre fin à la non performance du sous-secteur de l’électricité ;
- apporter des solutions urgentes afin que tous les groupes de production d’électricité en panne actuellement et qui peuvent être remis en service rapidement et à un coût raisonnable, le soient ;
- envisager le déclassement des groupes obsolètes et onéreux en exploitation ;
- des mesures d’économie d’énergie d’urgence seront rapidement engagées.
Les actions immédiates seront vite renforcées par celles de court terme.
c.2 : À court terme
Je mettrai rapidement et concomitamment en œuvre des mesures d’économie d’énergie renforcées et réaliserai de nouvelles infrastructures :
- les appareils électroménagers (réfrigérateurs, climatiseurs, etc.) qui ne respectent pas certains standards d’éco-efficacité seront bannis à l’importation ;
- avec les techniciens du bâtiment, des normes d’économie d’énergie s’appliquant au bâtiment et adaptées à notre contexte climatique seront adoptées et immédiatement mises en application pour tous les nouveaux permis de construire ;
- dans le cadre de la réforme fiscale, la performance énergétique des bâtiments sera un critère pris en compte ;
- l’importation, la vulgarisation et le montage des lampes solaires seront encouragés en campagne comme en ville ;
- des actions seront prises pour optimiser les pertes commerciales et relatives aux fraudes et aux erreurs de facturation ;
- l’électrification à partir du solaire des infrastructures scolaires et sanitaires dans les communes et l’installation des chauffe-eau et des cuiseurs solaires dans les formations sanitaires, les orphelinats, les cantines scolaires et les restaurants universitaires ;
- la poursuite des projets hydro-électriques en cours, comme celui de Samandeni (2,6 MW).Tous les sites hydroélectriques potentiellement exploitables seront mis en valeur dans une logique d’indépendance énergétique, de baisse des coûts de l’électricité et de développement vert ;
- les projets de la Bougouriba, de Ouessa, Bagré aval, Gongourou, Folonzo, Bontioli, Koutséni et Arli seront mis en œuvre. Pour le barrage du Nombiel, j’engagerai des discussions avec le Ghana en vue de trouver un accord et/ou de faire ce projet en commun ;
- l’interconnexion au réseau sous régional sera poursuivie (Nigeria, Ghana).
Si les actions immédiates et de court terme permettront de réduire sensiblement les difficultés énergétiques, celles de moyen et long termes permettront à notre pays d’accéder à la résolution définitive du déficit énergétique.
C.3 : Dans le moyen-long Terme :
Je mettrai en œuvre les actions suivantes :
- un ambitieux projet de construction d’une grande centrale solaire à concentration sera engagé pour une capacité totale de 160 mégawatts (MW) pour plus de 400 milliards de F CFA, représentant plus de 60% de la capacité électrique disponible actuellement. Le projet sera réalisé sur 5 ans, avec un montage financier impliquant à la fois l’État et des investisseurs privés ;
- dans le cadre de la réduction de la facture pétrolière du pays, j’envisage la construction accélérée de six (6) centrales solaires photovoltaïques, connectées au réseau national d’une capacité de 20 MW chacune et d’un coût unitaire estimé à 30 milliards de F CFA, qui sera engagée avec la participation d’acteurs privés sur 5 ans. Le financement sera 100 % privé et sous forme de concession de type « construire, exploiter et transférer » (BOT : Build, Operate and Transfer) ;
- la construction de la centrale solaire de 33 MW de Zagtouli sera accélérée pour un montant d’environ 46 milliards de FCFA, financement acquis ;
- un programme accéléré d’équipement en mini centrales électriques hybrides (solaires-thermiques) sera mis en place pour les grosses unités de consommation électrique (usines, grosses entreprises, grands bâtiments, etc.) de notre pays, au cas par cas, afin de pouvoir les déconnecter du réseau électrique pendant les pointes de consommation ;
- de même, un programme accéléré de soutien à la généralisation des installations individuelles sera initié pour la production d’énergie solaire pour les ménages à revenus moyens et élevés ;
- les constructions de nouveaux bâtiments de l’État intègreront la politique des énergies renouvelables ;
- la construction d’une centrale thermique, à l’horizon 2020-2025, d’une capacité de 350 mégawatts et d’un coût estimé à 350 milliards de F CFA, sera engagée. Le financement sera 100% privé et sous forme de concession de type « construire, exploiter et transférer » ;
- des études seront diligentées pour la construction d’une centrale électrique à partir de la transformation de déchets urbains de Ouagadougou, d’une capacité d’environ 20 mégawatts à l’horizon 2020 estimée à 40 milliards de FCFA. Le financement sera 100 % privé et sous forme de concession de type « construire, exploiter et transférer » ; ce projet contribuera à assurer la salubrité de la capitale ;
- la réalisation d’un important barrage hydroélectrique avec les pays du fleuve Niger, en plus du barrage de Kandadji (130 mégawatts) en cours au Niger, sera étudiée ;
- la construction d’une centrale nucléaire civile sera envisagée en partenariat avec les pays de la CEDEAO, ou de l’Union africaine ;
- toujours avec la CEDEAO, un dialogue sera également engagé en vue d’un vaste programme de construction de grandes centrales solaires ;
- les programmes nationaux de promotion de l’accès à l’électricité seront renforcés de façon à assurer un taux d’accès de plus de 60% sur toute l’étendue du territoire national d’ici à 2025 à travers des solutions adaptées ;
- assurer que les coûts de revient de l’électricité au Burkina Faso rentrent d’ici à 2025 dans la moyenne africaine ;
- la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité au Burkina Faso est aujourd’hui de l’ordre de 10%. À terme, alors que nous aurons dépassé la crise électrique actuelle, nous rentrerons définitivement dans la transition énergétique et avoisinerons un taux de 60 % en énergies renouvelables grâce à une concentration des nouveaux investissements sur les énergies renouvelables ;
- pour l’évacuation de l’énergie électrique des centres de production vers les réseaux de transport et de distribution, j’envisage le renforcement des réseaux existants, la construction de nouveaux postes et de nouvelles lignes évalués à 205 milliards de F CFA sur 10 ans ;
- l’électrification de 500 villages par an est prévue, à raison de 100 millions de FCFA par village soit un investissement annuel de 50 milliards de FCFA ;
- je veux garantir le leadership de l’État et une forte volonté politique dans le domaine énergétique et dans la durée.
Je prévois la création d’un fonds spécial de soutien au secteur de l’énergie qui sera alimenté par :
- des taxes parafiscales : prélèvements opérés sur les télécommunications, mines, billets de transport aérien, les importations des véhicules utilitaires, les cigarettes, les boissons alcoolisées ;
- des dotations de l’État ;
- des subventions des pays amis ;
- des mobilisations à partir des institutions comme la CEDAO, l’UEMOA, la BAD, le fonds carbone, les énergies renouvelables, la Banque mondiale etc. ;
- l’appel à l’épargne public.
d) la réduction de la corruption
Le destin m’a placé en tant que leader d’un parti politique d’opposition, l’Union pour le progrès et le changement (UPC), au cœur de notre lutte qui a abouti à l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014. Au cours de cette lutte, la soif de justice a été exprimée par le peuple. En vue d’étancher cette soif, les mesures suivantes seront prises pour rendre notre justice véritablement indépendante et intègre afin qu’elle puisse jouer son rôle de stabilisateur de paix.
- En matière de lutte contre la corruption et l’impunité, ce sera la tolérance zéro. Pour cela, il faut que notre justice retrouve les chemins de son indépendance, vis-à-vis de tous les pouvoirs établis, qu’ils soient politiques, financiers, religieux, etc. C’est uniquement en se transformant ainsi qu’elle pourra lutter efficacement contre le cancer de la corruption qui gangrène notre société. Il va falloir frapper vite et fort !
- Si je suis élu, je compte installer un tribunal spécial, une Cour de répression de la délinquance économique et financière (CRDEF) qui instruira en permanence tous les rapports issus des corps d’inspection et de contrôle. Elle commencera son travail en sortant des tiroirs tous les rapports des corps d’inspection et de contrôle (Autorité supérieure du contrôle de l’État, Cours des comptes, Inspection générale des finances, Inspections de services, etc.).
- Pour les crimes de sang, je mettrai à la disposition de la justice tous les moyens nécessaires pour engager des poursuites judiciaires et solder tous les dossiers de crimes de sang survenus dans notre pays.
- J’organiserai ensuite une opération Vérité, Justice et Réconciliation. Comme son nom l’indique, cette opération visera d’abord à établir la vérité des faits, et à identifier les coupables et les acteurs de chaque crime de sang.
- Le recours à la justice pour régler les différends et les conflits sera une valeur à promouvoir. A cet effet, les juges qui ne seront pas impartiaux dans le traitement des dossiers seront sévèrement sanctionnés.
- Les nouveaux délits ou crimes économiques seront sanctionnés : après l’apurement des dossiers de délits ou de crimes économiques, les nouveaux auteurs de mauvaise gestion seront punis au double plan administratif et judiciaire.
- Les incompatibilités et les obligations assignées aux membres du gouvernement et aux autres hauts fonctionnaires seront strictement respectées. Il s’agit de la déclaration des biens à l’entrée et à la cessation de fonction, de la responsabilité des hauts fonctionnaires devant la haute cour de justice, de l’interdiction de tirer parti de leur position, etc.
- Les investissements publics et ceux des Organisations non gouvernementales (ONG) seront suivis et contrôlés. En outre, leur suivi et leur contrôle permettra leur répartition équitable sur l’ensemble du territoire national.
- Une police économique et financière sera créée : composée de gendarmes, de policiers et de fonctionnaires de l’administration financière, elle aura pour mission de démasquer toutes les pratiques économiques et financières irrégulières. Ses tâches consisteront à mener des enquêtes en toute discrétion. Les membres de la police économique et financière auront un statut d’officiers de police judiciaire et pourront, à ce titre, saisir le juge.
- La participation aux marchés publics sera équitable : la règlementation des marchés publics sera relue en vue de garantir une saine participation à la concurrence.
- Les marchés publics seront bien exécutés : en vue de garantir la bonne exécution des marchés publics de travaux et de constructions, la responsabilité des architectes et des cabinets de suivi-contrôle sera renforcée.
- Les négociations avec les institutions financières seront transparentes : les syndicats et les organisations de la société civile seront associés aux négociations avec les institutions financières internationales notamment la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International.
- L’application de la loi portant sur le délit d’apparence sera rigoureuse : il ne s’agit pas de lutter contre les riches mais il revient aux riches de justifier leurs fortunes lorsque des soupçons existent. La police économique et financière devra aider à découvrir les suspects du délit d’apparence.
- Les principes de transparence, d’équité, d’éthique et de responsabilisation dans la gestion de la chose publique seront promus et valorisés.
- Les responsables de la gestion de la chose publique seront tenus à l’obligation de rendre compte. Chaque responsable devra comprendre qu’il est responsable du bien qui lui est confié et des hommes qu’il dirige. En somme, il s’agira de passer d’une « administration de commandement » à une « administration de management ».
- Le traitement des dossiers par les agents se fera également dans la plus grande transparence. A cet effet, les délais de traitement des dossiers de chaque administration seront définis et feront l’objet de publicité auprès des usagers. Pour la mise en œuvre effective, des numéros verts seront ouverts à la disposition des usagers pour dénoncer les cas de lourdeur ou de lenteur dans le traitement des dossiers. À moyen terme, le traitement des dossiers sera informatisé et la position de chaque dossier pourra être vérifiée à tout moment et en temps réel.
- Une véritable politique de répartition des revenus sera mise en place : la lutte contre l’impunité et la corruption consiste également à veiller à une répartition équitable des richesses créées.
- Chaque fonctionnaire devra mériter son salaire. A cet effet, en attendant la mise en place d’un système de contrôle biométrique, des contrôles inopinés de la présence et de l’assiduité des agents à leurs postes de travail seront réguliers et les fautifs seront sanctionnés. Les supérieurs hiérarchiques qui tenteront de couvrir des agents fautifs verront leur responsabilité engagée. Enfin, le recrutement dans la fonction publique sera conditionné par la définition préalable des postes de travail de l’administration. L’accès aux emplois publics sera équitable et seule la compétence fera la différence. La fonction publique ne sera plus une sinécure.