La situation sécuritaire
WATHI propose une sélection de documents sur le contexte économique, social, politique, sécuritaire et alimentaire du Tchad. Chaque document est présenté sous forme d’extraits qui peuvent faire l’objet de légères modifications. Les notes de bas ou de fin de page ne sont pas reprises dans les versions de WATHI. Nous vous invitons à consulter les documents originaux pour toute citation et tout travail de recherche
Tchad : entre ambitions et fragilités, 30 mars 2016
International Crisis Group
Extraits
Dans un voisinage instable et violent, le Tchad cherche à se positionner comme le gendarme de la sous-région. Son intervention aux côtés des forces françaises en 2013 au Mali, sa forte implication dans la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram, et sa présence au sein de la coalition formée par l’Arabie Saoudite au Yémen, confirment sa volonté d’apparaître comme une puissance militaire grandissante et, par là même, d’accroître son influence dans la région.
Le Tchad est encerclé par des foyers d’instabilité. A l’est, la crise du Darfour continue à sévir, comme l’a encore illustré en février le déplacement de dizaines de milliers de Soudanais à la suite des combats entre l’armée gouvernementale et les rebelles de la faction de l’Armée de libération du Soudan d’Abdelwahid Mohammed Ahmed Nur ; au sud, le conflit centrafricain, malgré une accalmie au moment des élections présidentielle et législatives, est certainement loin d’être terminé et a mis lumière des tensions identitaires très fortes ; au nord, la guerre civile libyenne se poursuit ; et à l’ouest, Boko Haram, en dépit d’une force de frappe affaiblie, fait peser une menace toujours importante.
Dans le Nord du Niger voisin, des groupes islamistes comme al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) tirent profit de l’absence d’Etat dans des zones désertiques propices à toutes les activités transfrontalières illégales. A l’ouest, Boko Haram, qui a prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI) et se fait désormais appeler Etat islamique dans la province d’Afrique de l’Ouest, est fortement implanté dans le Nord du Nigéria et au Cameroun voisins. Il tente aussi de prendre pied au Tchad, comme l’indiquent de très nombreuses attaques armées sur les rives tchadiennes du lac, et des attentats-suicides en juin et juillet derniers à N’Djamena.
Cette présence des groupes armés islamistes est relativement nouvelle au Tchad. Ce dernier a été épargné par le terrorisme islamiste jusqu’en février 2015 même si le Nord du pays a parfois été convoité par des terroristes connus, pour servir de zone de repli. Par exemple, Abdelrazak El Para, du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), a été capturé au début des années 2000 aux confins des montagnes du Tibesti, à la frontière avec le Niger, par le Mouvement pour la justice et la démocratie au Tchad (MDJT). Ce dernier l’a remis aux autorités libyennes, qui l’ont extradé vers l’Algérie.
Plusieurs membres du GSPC l’ayant accompagné, auraient déclaré être à la recherche d’armes au Nord du Tchad.
Les attaques terroristes perpétrées sur le sol tchadien ont incité le régime à contrôlerdavantage l’espace religieux et à adapter l’arsenal législatif aux nouvelles menaces pour renforcer la sécurité intérieure. Le canevas des mesures antiterroristes au Tchad, assez similaire à ce qui se fait dans les pays voisins comme le Cameroun ou le Niger, va de l’interdiction de la burqa au contrôle de la mendicité, en passant par la surveillance des édifices religieux (écoles coraniques et mosquées), les contrôles d’identité accrus et le recours à des informateurs.
Si, dans un premier temps, cette politique antiterroriste vigoureuse a été appréciée par de nombreux Tchadiens, elle suscite aussi critiques et résistance parmi les acteurs de la société civile, les politiciens d’opposition et les minorités religieuses.
La forte pression sécuritaire, la législation antiterroriste et les velléités de contrôle de l’espace religieux provoquent des mécontentements qui s’expriment en privé, sur les réseaux sociaux ou encore dans les lieux de culte.
Les attentats de juin et juillet 2015 à N’Djamena ont révélé les failles du dispositif sécuritaire et poussé le régime à intensifier ses activités militaires, en déployant notamment 5 000 hommes dans la zone du lac Tchad. Les autorités ont aussi renforcé les contrôles des populations dites « à risques » et des lieux susceptibles d’être ciblés en augmentant la présence policière et en recourant à la sécurité communautaire.
Surveillance de certains quartiers à forte concentration d’étrangers, expulsion de ceux qui ne sont pas en règle, arrestations de « sans-papiers » et d’enfants des rues, interdiction des grandes fêtes familiales sur la voie publique, fouilles de véhicules aux ronds-points importants, sur les axes principaux de N’Djamena et aux entrées de la ville font partie du quotidien des habitants de la capitale depuis 2015.
Cet important déploiement policier a permis de mettre au jour plusieurs caches d’armes mais pèse sur les groupes défavorisés et remet en cause certaines pratiques de survie, comme la mendicité.
Par ailleurs, des groupes de jeunes citoyens organisent des fouilles à l’entrée des lieux de culte (mosquées, paroisses, aires de prières) et les autorités avaient demandé à ce que les prières soient organisées dans les mosquées et non en bordure des rues pendant le Ramadan.
A l’instar de nombreux autres pays africains, le Tchad, nouvellement confronté au terrorisme, a complété son arsenal juridique en votant une loi antiterroriste fin juillet 2015. Bien que cette loi ait été votée par une grande majorité de députés, certaines de ses dispositions inquiètent de nombreux intellectuels tchadiens. Ainsi, le maintien de la peine de mort, qui devait être abrogée, et la concentration entre les mains du procureur général de l’ensemble des pouvoirs autorisant les poursuites dans le cadre de la lutte antiterroriste font craindre à beaucoup une instrumentalisation de cette lutte à des fins politiques.
A cet égard, l’opposition a dénoncé les multiples convocations de responsables de partis politiques et de journalistes par la police. Les médias et les associations de défense des droits de l’homme se sont également plaints des retombées de la loi. Dans ce contexte, le procès expéditif de dix membres présumés de Boko Haram sans possibilité de recours en appel, et leur exécution à la fin du mois d’août 2015, le lendemain de leur condamnation, a été vivement critiqué par les Nations unies.
Comme très souvent dans son histoire récente, le Tchad est aujourd’hui un poste avancé pour les batailles politiques, sécuritaires et idéologiques de la région. Dans un tel contexte, le régime en place à N’Djamena a su habilement transformer son positionnement dans la lutte contre le terrorisme en capital politique international précieux. L’engagement des acteurs internationaux, qui se concentre sur les objectifs sécuritaires à court terme et la lutte, certes indispensable, contre le terrorisme, risque, en négligeant d’inclure des contreparties politiques, d’exacerber les problèmes de légitimité interne des institutions de l’Etat et d’absence d’ouverture de l’espace politique.
En effet, le Tchad reste un pays militarisé et très pauvre. Le régime, qui n’a pas réussi à insuffler une dynamique de développement, à instaurer un contrat social avec la population ou à contribuer à la création d’institutions capables de lui survivre, est en mal de légitimité. A l’approche de l’élection présidentielle, la lutte contre le terrorisme à l’extérieur ne doit pas occulter la nécessité d’engager des actions décisives pour réduire les sources internes d’instabilité, qu’elles soient politiques, économiques ou même religieuses.
Tchad 2015/2016
Amnesty International
https://www.amnesty.org/fr/countries/africa/chad/report-chad/
Extraits
Le groupe armé Boko Haram a multiplié les attaques à N’Djamena, la capitale, et autour du lac Tchad ; ses membres ont tué et enlevé des civils, se sont livrés à des pillages et ont détruit des biens immobiliers. Les pouvoirs publics ont pris plusieurs mesures visant à lutter contre le terrorisme et à renforcer la sécurité, parmi lesquelles l’adoption d’une loi antiterroriste très restrictive.
Les forces de sécurité ont procédé à des arrestations et des placements en détention arbitraires. Les autorités ont continué de restreindre le droit à la liberté d’expression en dispersant des manifestations, souvent par la force – utilisée de manière excessive ou injustifiée.
Des centaines de milliers de réfugiés venus du Nigeria, de la République centrafricaine, du Soudan et de Libye vivaient toujours dans des camps surpeuplés où les conditions étaient difficiles. Le procès de l’ancien président tchadien Hissène Habré, inculpé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture, s’est ouvert devant les Chambres africaines extraordinaires créées au sein des juridictions sénégalaises.
Exactions perpétrées par des groupes armés
Au cours de l’année, Boko Haram a tué plus de 200 civils et s’est rendu coupable de pillages et de destructions de biens immobiliers privés et d’installations publiques. Environ 70 000 personnes ont été contraintes de quitter leur foyer en raison de ces violences.
En février, Boko Haram a tué au moins 24 personnes, dont des civils, sur les îles du lac Tchad, notamment à Kaiga-Kingiria, Kangalom et Ngouboua. Le 3 avril, des membres du groupe ont tendu une embuscade à des civils qui se rendaient au marché du village de Tchoukou Telia ; munis de couteaux et d’armes à feu, ils ont tué sept personnes.
Le 15 juin, un double attentat-suicide commis à N’Djamena par des membres présumés de Boko Haram a fait 38 morts et plus d’une centaine de blessés parmi les civils. Le 11 juillet, un kamikaze soupçonné d’appartenir au groupe et vêtu d’une burqa a tué au moins 15 civils et en a blessé plus de 80 dans un marché de la ville. Le 10 octobre, au moins 43 civils ont trouvé la mort dans des attentats-suicides perpétrés simultanément au marché de Baga Sola et dans un quartier périphérique de cette ville, Kousseri, où vivent des personnes déplacées. Le 5 décembre, 27 civils au moins ont été tués et plus de 80 autres ont été blessés lors de trois attentats-suicides commis dans des endroits distincts du marché de Loulou Fou, dans la région du lac Tchad.
Lutte contre le terrorisme et sécurité
Le 30 juillet, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi portant répression des actes de terrorisme. Le texte prévoyait la peine de mort pour les crimes les plus graves et alourdissait les sanctions dans les autres cas. Ainsi, s’agissant des infractions passibles auparavant de 20 ans d’emprisonnement, la peine encourue était désormais la réclusion à perpétuité.
En outre, la durée pendant laquelle un suspect pouvait être détenu avant d’être déféré à un tribunal est passée de 48 heures à 30 jours, période renouvelable deux fois par le procureur. Le texte donnait une définition extrêmement large du « terrorisme », qui englobait la perturbation des services publics. Des partis d’opposition et des organisations de la société civile se sont déclarés inquiets à l’idée que la loi pourrait servir à restreindre les libertés d’expression et d’association. La loi a été promulguée le 5 août.
En juillet également, les autorités ont instauré un ensemble de mesures antiterroristes ayant des répercussions sur la vie des Tchadiens et des étrangers installés dans le pays. Elles ont multiplié les fouilles et les perquisitions à domicile, aux points de contrôle et dans les lieux publics, et ont interdit le voile intégral et la mendicité dans l’espace public.
L’état d’urgence a été instauré le 9 novembre dans la région du lac Tchad. Il donnait au gouverneur le pouvoir d’interdire la circulation des personnes ou des véhicules, de perquisitionner à des domiciles et de procéder à la saisie d’armes.
Des organisations locales de la société civile et des entités internationales ont accusé les forces de sécurité de s’être rendues coupables d’arrestations et de détentions arbitraires. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, plus de 400 ressortissants de 14 pays ont été arrêtés lors de contrôles inopinés dans les deux semaines qui ont suivi le double attentat à la bombe commis le 15 juin à N’Djamena.
Terrorisme et contre-terrorismes en Afrique centrale : quelle vision stratégique pour le Tchad et le Cameroun ?, Direction générale des relations internationales et de la stratégie, ministère de la Défense, 2015
Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), Germain-Herve Mbia Yebega
Extraits
Le Tchad et la problématique terroriste Boko Haram Bien que la menace de Boko Haram ne se soit pas encore manifestée au Tchad, et avec la même violence qu’au Cameroun, Boko Haram n’en constitue pas moins une préoccupation pour les autorités de N’Djamena. La contiguïté territoriale et la proximité avec l’épicentre de la crise au nord du Nigeria sont porteuses d’un risque évident de contagion.
Aussi, la situation géostratégique singulière du pays, au centre de l’Afrique, qui en fait un trait d’union entre l’Afrique de l’Est et de l’Ouest, est à la fois une source de vulnérabilité et un facteur déterminant du modèle sécuritaire tchadien. La construction de l’État postcolonial au Tchad a été régulièrement confrontée à la prégnance de clivages et antagonismes sociocommunautaires internes, ainsi qu’aux rapports de forces entre pays riverains aspirant au rôle de puissances influentes, et désireux de modeler un ordre régional conforme à leurs intérêts stratégiques.
Cette double dynamique a favorisé, sur le plan interne, la prévalence d’une violence structurelle, dont le « factionnalisme armé » participe des pratiques les plus usuelles d’affirmation des acteurs sociopolitiques. Les menaces externes ont joué un rôle important, par les interventions et les soutiens que certains pays voisins ont apporté aux parties en conflit à l’intérieur du Tchad .
La chute du colonel Kadhafi en 2011 et la désagrégation de l’État libyen ont accru les risques de contagion de la menace terroriste au Tchad, en favorisant l’émergence d’un nombre important de groupes terroristes opérant sur toute la bande sahélo-saharienne, du fait notamment du pillage des stocks d’armes des entrepôts de l’ancienne armée libyenne.
La poussée de Boko Haram, à la confluence des zones frontalières des pays riverains, s’inscrit donc dans un contexte global de détérioration du climat sécuritaire, dans lequel le Tchad se trouve encore épargné. Plusieurs explications sont avancées quant à la magnanimité apparente de Boko Haram vis-à-vis de N’Djamena. Au Tchad même, certaines voix hostiles au régime du président Deby accusent celui-ci d’être un des parrains du mouvement terroriste.
Les ressorts de l’intervention militaire tchadienne au Mali (2013)
Géraud Magrin
https://echogeo.revues.org/13444
Extraits
Ce que nous voulons ici comprendre, ce sont les ressorts de l’intervention tchadienne au Mali aux côtés de l’armée française, dans une configuration apparemment inédite. Ce pays non membre de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest4) intervient seul aux côtés de la France, massivement et en première ligne, dans un pays qui ne lui est pas riverain et est situé à 2 000 km de ses frontières.
Si l’ampleur de l’engagement de la France (déploiement de plus de 3 500 militaires au sol et mobilisation d’importants moyens aériens) est nouvelle dans ce pays, qui n’avait pas connu semblable déstabilisation entre l’indépendance et mars 2012, elle se comprend assez bien : les progrès des différents groupes islamistes radicaux s’en prenant aux intérêts français dans le Sahara (enlèvement et assassinats de Français en Mauritanie, au Niger, au Mali depuis le début de la décennie 2000 (voir Grégoire, Bourgeot, 2011 et Bourgeot, 2011) menaçaient à présent l’existence même de cet État, dont la fragile vitrine démocratique avait été pulvérisée en mars 2012 (Bayart, 2013a).
Au-delà, ils mettaient en péril les équilibres politiques de pays sahéliens avec lesquels la France partage une communauté d’intérêts (culturels, migratoires) qui dépassent des enjeux économiques et stratégiques limités pour l’essentiel au contrôle de l’uranium du Niger par Areva. En outre, le cadre diplomatique mis en place au cours des mois précédents au service d’un projet légèrement différent (Bayart, 2013b) a coupé court aux débats sur la légitimité internationale d’une telle action.
Mais que viennent faire les soldats tchadiens au Mali ? Le principal argument avancé par le pouvoir tchadien est la lutte contre le terrorisme islamiste, qui constituerait une menace pour toute cette partie de l’Afrique. Cette raison est au mieux secondaire selon nous. Malgré la proximité géographique de la crise liée au mouvement Boko Haram au nord-est du Nigeria et l’instabilité croissante de la Libye post-Kadhafi, le Tchad semble pour le moment à l’abri d’une déstabilisation de ce type.
Nous voudrions montrer ici que l’intervention militaire franco-tchadienne au Mali révèle avant tout un moment de l’État tchadien caractérisé par l’hybridation d’un ethos guerrier construit dans l’histoire (précoloniale, coloniale et contemporaine) (Reyna, 1990 ; Bégin-Favre, 2008) – ou la trajectoire historique d’un État gouverné par la violence (Debos, 2009 ; 2013a) – et de l’influence de la situation pétrolière qui prévaut depuis 2003 (Soares de Oliveira, 2007 ; Magrin, 2013), qui permet l’affirmation d’un leadership régional et dessine une figure originale d’insertion dans la mondialisation.
Alors que l’appui de la France a, en 2006 et 2008, sauvé in extremis le pouvoir tchadien menacé de rébellions (Magrin, 2008), notre hypothèse est que l’intervention tchadienne au Mali vise à la fois l’actualisation d’une rente géopolitique externe (une nouvelle « dette du sang » vis-à-vis de la France) et la gestion d’équilibres qui relèvent de la scène politique intérieure. Le risque pour le Tchad, au-delà du coût financier et humain de l’opération, étant que cette dynamique sape les fragiles efforts de construction d’un État développementaliste auxquels on avait assisté depuis le retour de la paix dans le pays, en 2009.
Le « métier des armes » au Tchad : une longue histoire
L’intervention militaire tchadienne au Mali s’inscrit dans une histoire longue où le « métier des armes » (Debos, 2009 ; 2013a) occupe une place centrale, notamment dans certains groupes de la population qui constituent la base du pouvoir actuel. Dans cette partie enclavée de l’Afrique qu’est le cœur du bassin du lac Tchad, des royaumes précoloniaux à aujourd’hui, de manière continue malgré des formes différentes selon les régions et les moments, le métier des armes a constitué un statut social et un moyen central d’accéder au pouvoir et à la richesse (Debos, 2009).
Peu après l’indépendance, où des originaires du Sud Sara, plus éduqués, prennent le pouvoir, une rébellion éclate et s’étend rapidement aux régions musulmanes du pays (Sahel et Sahara). Ce moment ouvre une période pratiquement ininterrompue, de 1966 à 2009, où des rébellions, installées sur les différentes périphéries du territoire, mobilisées sur une base ethno-régionale autour de leaders qui s’imposent avant tout par leurs talents guerriers – les politistes parlent de factionnalisme (Lemarchand, 1986 ; Buijtenhuis, 1987) –, se battent contre le pouvoir en place. En 1979, le pouvoir échappe aux originaires du Sud. Ceux-ci alimenteront quelques rébellions dans les années 1980 et 1990. Hissein Habré, un Toubou de Faya, prend le pouvoir en 1982.
Des luttes entre factions et contre la Libye émailleront sa dictature. En 1990, il est chassé par un de ses principaux lieutenants, Idriss Déby, commandant de l’armée tchadienne lors des guerres contre la Libye, qui prend le pouvoir à l’issue d’un raid de 900 km à partir de la frontière soudanaise en 1990. Au cours des années 1990 et 2000, le pouvoir d’Idriss Déby est régulièrement contesté par les armes. La vie politique du pays s’organise au gré de cycles de rébellion, répression, réconciliation (Magrin, 2008).
L’intervention militaire tchadienne au Mali s’inscrit donc dans une histoire longue du métier des armes au Tchad et de proximité militaire avec la France. Si l’ère pétrolière a rendu possible la reprise de politiques publiques de développement, et, paradoxalement, ouvert des espaces de débat démocratique au sein de la société, la réponse tchadienne à la crise malienne a rappelé cette réalité nationale inscrite dans la longue durée : la prééminence des enjeux stratégique et de sécurité, garante de légitimité politique et de soutien international. Envoyer l’élite de l’armée gagner de l’argent et des honneurs au Mali – au prix de pertes plus couramment acceptées dans la société tchadienne que dans les sociétés occidentales contemporaines – est un moyen de l’occuper, tout en s’assurant de sa fidélité, en préparant éventuellement une succession dynastique, et en créant une dette à la France.
Par son intervention militaire au Mali, le Tchad apporte ainsi une réponse embarrassante au discours de François Hollande sur la dette de sang contractée par la France envers l’Afrique pendant la Deuxième Guerre mondiale, en l’actualisant. On pressent bien que tout cela ne fait pas l’affaire de la démocratie et du développement, qui risquent de rester des enjeux secondaires. Car une guerre de cette nature, sous bénédiction internationale, dont la rente viendra s’ajouter à celle du pétrole, ne semble pas à même de favoriser la construction d’un État de droit moderne fondé sur le contrôle territorial, la fiscalité et la responsabilité politique devant les citoyens.
Chapter 2. Country Reports: Africa Overview, Chad
Bureau of counterterrorism, US Department of State
http://www.state.gov/j/ct/rls/crt/2014/239404.htm
Excerpts
Overview: The Government of Chad considered countering violent extremist threats a priority at the highest level, with a particular focus on countering potential terrorist threats from across the Sahel region. Chad’s counterterrorism strategy focused on promoting regional stability and securing its borders. Chad provided combat forces to the Multinational Joint Task Force (MNJTF) that also included Benin, Cameroon, Nigeria, and Niger, and took an active role in leading that coalition and fighting violent extremists in Nigeria and neighboring states. This follows Chad’s important contribution to the French intervention in northern Mali, Operation SABRE; and its contribution to the UN Multidimensional Integrated Stabilization Mission in Mali (MINUSMA).
Legislation, Law Enforcement, and Border Security: Chadian criminal law does not explicitly criminalize terrorism. However, certain general provisions of the Penal Code (1967) have been used to prosecute acts of terrorism. In addition, in 2014, the Minister of Justice and Human Rights began certain reforms, including drafting a revised Penal Code that eliminates the death penalty and criminalizes terrorism, piracy, and pedophilia.
While Chadian law enforcement units displayed basic command and control capacity, some Chadian units had limited investigation, crisis response, and border security capacity. Specialized law enforcement units possessed some necessary equipment and better tactics. Essentially all 22 police brigades performed counterterrorism functions, however interagency cooperation and information sharing was rarely practiced. Law enforcement units had a mixed record of accountability and respect for human rights.
Frequently, the head of the police and security are replaced suddenly and without explanation. In addition, law enforcement and security chiefs are sometimes appointed for political reasons rather than merit and therefore are limited in their capability of identifying the type of training, skills, and equipment needed.
In 2014, the Government of Chad increased border-crossing screenings to prevent infiltration by members of Boko Haram and Central African militias and transit of illegal arms, drugs, weapons, and other contraband into the country. Border patrol was provided by a combination of border security officials, gendarmes, police, and military. Border officials, particularly police at the Ngueli bridge border crossing between N’Djamena and Kousseri in Cameroon, took security measures that included: eliminating taxi and motorcycle traffic; searching cars, trucks, and pedestrians at points of entry to screen for weapons, drugs, explosives, and other contraband; and continuing the use of the Personal Identification Secure Comparison and Evaluation System (PISCES) biometric screening system, that was adopted in 2013. Chad has the capability to conduct biographic screening at multiple land and air ports of entry.
Chadian security forces executed several cordon and search operations in the Lake Chad region in 2014, extending south to the capital, in an effort to prevent spillover from ongoing security operations on the opposite side of Lake Chad undertaken by the Nigerian government directed against Boko Haram. In May, Chadian customs officials intercepted two containers of arms and ammunition allegedly destined for Central African Republic (CAR). In June, the Minister of Territorial Administration announced the arrest of two suspects and the seizure of 12 rocket propelled grenade, 43 machine guns, 80 anti-tank rockets, 33 rockets, and over 11,000 rounds of ammunition as a result of increased patrols in the capital of N’Djamena.
Chad continued its participation in the Department of State’s Antiterrorism Assistance (ATA) program. In 2014, ATA provided training on Quality Control in Civil Aviation Security and Interviewing Terrorist Suspects, and provided two boats to assist the Chadian River Police Brigade.
Countering the Financing of Terrorism: Chad is a member of the Action Group against Money Laundering in Central Africa (GABAC), an observer to the Financial Action Task Force (FATF), with the same mandate and status as a FATF-style regional body. GABAC worked directly with Chad’s Financial Intelligence Unit, the National Financial Investigative Agency (ANIF). In 2014, ANIF joined the Egmont Group of Financial Intelligence Units.
Chad’s underdeveloped financial sector is primarily cash-based and lacked sufficient capacity to enforce banking regulations. ANIF faces serious resource constraints, and financial intelligence reporting and analysis is limited. Additionally, law enforcement and customs officials require training in financial crimes enforcement. Several banks reported suspicious transactions, but the practice was not universal. The government also lacks sophisticated equipment to monitor transactions and does not track money transactions through wire transfer services (i.e. Western Union), hawala remittance systems, or SMS mobile money transfers.
In August 2014, ANIF held a two-day seminar for financial institutions to increase awareness of their obligations in the fight against terrorist financing, including suspicious transaction reporting.
Regional and International Cooperation: In 2014, Chad participated in the Lake Chad Basin Commission’s effort to establish the MNJTF, and deployed a contingent of 700 troops along Chad’s Lake Chad border to prevent infiltration by Boko Haram. It has also cooperated actively with Cameroon in operations to counter the threat of Boko Haram in its border regions, and continued to work with Sudan on the joint border commission the two countries had established in 2012 to better control Chad’s eastern border. It also began talks with Niger and Libya to form a tripartite border commission.
In January, Chad assumed one of the rotating seats on the UN Security Council. Chad participated in MINUSMA, providing 1,400 troops to combat violent extremists. Chad is a member of the Global Counterterrorism Forum and participated in the Sahel Region Capacity Building Working Group in March in Dakar, Senegal. Chad is a member of the Trans-Sahara Counterterrorism Partnership (TSCTP), the Lake Chad Basin Commission, and the AU.
The G-5 Sahel was created in February 2014 to enable region-wide collaboration on the Sahel-Sahara region’s political and security situation, and Chad participated in the five G-5 Sahel meetings held among the five member countries: Mauritania, Niger, Burkina Faso, Chad, and Mali, as well as representatives of the AU, UN, the Economic Community of West African States, the EU, and the Organization of Islamic Cooperation.
In a July 2014 visit to Chad, France’s president Francois Holland launched Operation BARKHANE, a successor to Operations SERVAL and EPERVIER formerly based in Mali and Chad. In August, France deployed 1,300 troops to Chad as a base of operations for its regional initiative to fight terrorism in the Sahel.
In 2014, Chad served as a base of operations for U.S. air surveillance in search of the Nigerian Chibok schoolgirls kidnapped on April 14-15.
Countering Radicalization to Violence and Violent Extremism: As a participant in the TSCTP, Chad participated in targeted projects to counter violent extremism. Activities included building the capacity of national civil society organizations; engagement of community and youth empowerment; promotion of interfaith dialogue and religious tolerance; and media and outreach work. President Idriss Déby Itno (Déby) instructed the High Council for Islamic Affairs to monitor religious activities closely in mosques to counter violent extremism.
President Déby encouraged religious tolerance through public statements and urged religious leaders to promote peaceful cohabitation among religious groups. During the celebration of Eid al-Fitr, he urged each religious group to advocate for harmony among all Chadians. Leaders from the country’s principal religious organizations, including the secretary of Evangelical Mission for Harmony and the vice-president of the Episcopal Conference publicly stated they supported President Déby’s public statements advocating religious tolerance.
The Regional Forum on Interfaith Dialogue, composed of representatives of evangelical churches, the Catholic Church, and the Islamic community, met three times in 2014 to promote religious tolerance and counter prejudice. On January 25, President Déby presided over the group’s fifth annual National Day of Peace, Peaceful Cohabitation, and National Concord, which consisted of prayer and pardon for people of all faiths and aimed to promote tolerance and eliminate verbal and physical violence. On August 20, Muslim, Catholic, and Protestant leaders launched a project to teach values of religious tolerance and peaceful coexistence for refugees and Chadian returnees from CAR.
Chad: A precious counterterrorism partner, 2015
Margot Shorey and Benjamin P. Nickels
https://www.ctc.usma.edu/posts/chad-a-precarious-counterterrorism-partner
Excerpts
The Republic of Chad is building a reputation as a leading African state in the fight against terrorism. Chad will provide more than a third of the 8,700 soldiers—3,000 men, nearly as many as Nigeria’s 3,250 currently assigned to the African Union (AU) approved Multi-National Joint Task Force (MNJTF), and Chadian forces have already claimed successes against Boko Haram in its strongholds along Nigeria’s borders. From the capital N’Djamena, President Idriss Déby Itno is busy working to project an image of his country as a regional powerbroker and valuable counterterrorism player. A closer look, however, reveals worrying vulnerabilities and triggers of instability that raise concerns about the risks of overreliance on this precarious partner to contain and counter terrorist threats in Central and West Africa.
This article provides an analysis of Chad’s role in regional counterterrorism efforts, examining its track record in such efforts and a number of its political, economic, and structural vulnerabilities. The article concludes by examining the implications of these concerns through some possible scenarios for instability in Chad, with serious consequences if Western partners were to rely too heavily on Chad’s help in regional counterterrorism ventures.
A New Prominence
In the past few years, Chad has earned international recognition as a regional security leader, thanks to its provision of a tough peacekeeping force and its successes as a strong counterterrorism partner in a troubled part of Africa. A large country located in the heart of Africa, Chad is strategically well placed to partner with regional and international actors seeking to counter various insurgent and extremist threats throughout West and Central Africa. In President Déby, Chad has a leader who has demonstrated the political will to lead in security cooperation and a willingness to enforce collective decisions.
Chad has raised its regional security profile since 2013 through leadership in several multilateral bodies. Chad currently represents Central Africa in the AU Peace and Security Council, and it recently successfully campaigned for a seat as a non-permanent member of the United Nations Security Council with its two-year term concluding at the end of 2015. A founding member of the Economic Community of Central African States (ECCAS), Chad provided the organization’s current and previous secretaries-general. Chad’s government has also made new connections to the Economic Community of West African States (ECOWAS) through on-the-ground operations, displaying its military prowess in responding to terrorism and instability in the neighboring sub-region.
With its strong experience fighting in the Saharan terrain, Chad’s military has been very active in countering al-Qa’ida–linked Islamist extremists in northern Mali. Chadians fought alongside the French to halt the extremists’ southern offensive toward Bamako in early 2013, and the Chadian government contributed approximately 2,000 troops to the African-led International Support Mission in Mali (AFISMA). When AFISMA was replaced by the UN Multidimensional Integrated Stabilization Mission in Mali (MINUSMA) in July 2013, Chad again contributed to the mission, sending approximately 1,100 troops. Although described in peacekeeping terms, these missions saw soldiers in direct combat with extremists, and Chad’s contingent has suffered the most casualties in MINUSMA. Chad is again taking casualties in the regional counterterrorism fight against Boko Haram, with 71 dead and 416 wounded in less than three months of fighting in the Lake Chad Basin.
Chad’s ability to act in Mali is in part thanks to long-term counterterrorism investments by international partners, such as France and the United States. France has provided financial and military support to President Déby for decades, and it has maintained a military base in N’Djamena since 1986. In August 2014, when the French government restructured its Sahel strategy following its intervention in Mali, it showed its ongoing commitment to, and reliance on, Chad by basing troops for Opération Barkhane in N’Djamena, even though actual operations will likely have a West African focus.
For Washington, Chad is a successful example of the light-footprint approach to security in Africa. Chad served as a base for recent U.S. support to Nigeria in combating Boko Haram and the search for the approximately 230 young women kidnapped from Chibok in mid-April 2014. Chad also has been a core partner for over a decade in initiatives such as the Trans-Sahara Counterterrorism Partnership (TSCTP), through which the United States seeks to build African capability and capacity to combat terrorism in the region. Between 2009 and 2013, the United States obligated approximately $13 million in TSCTP funds to Chad. Through the Partnership, the United States trained the Chadian Army’s elite Special Anti-Terrorism Group, the only African force to participate in the French-led offensive in Mali in early 2013. In February and March 2015, Chad hosted the annual U.S.-sponsored Exercise Flintlock, a regional counterterrorism exercise for countries in the Sahel.
Enduring Vulnerabilities
Yet on closer inspection, Chad’s counterterrorism successes obscure some troubling traits in its politics, military, economy, and diplomatic relations that, if considered pragmatically, cast doubt on its leadership and hint at the possibility of future crisis.
The most salient political reality is that President Déby heads an authoritarian regime that relies on patronage and repression for its longevity. Like other African strongmen, his tenure as president has long outlasted the typical span of democratic rule. President Déby took power in 1990 by overthrowing the country’s previous leader, Hissène Habré, whose harsh eight-year term seems brief compared to President Déby’s current quarter-century tenure. President Déby claimed victory in elections in 1996 and 2001, before rewriting the constitution to do away with term limits to run and win again in 2006 and 2011.
On each occasion ballots were cast, but massive restrictions, intimidation of opponents, and widespread fraud meant President Déby’s electoral successes were far from democratic. Chad’s politics have prompted concerns from many quarters, including, for example, Freedom House, which has categorized Chad as “Not Free” in its Freedom in the World report for more than a decade.
Politicization and patronage in the Chadian Armed Forces also creates points of concern. President Déby has cultivated a military elite that is drawn predominantly from his own ethnic group, the Zaghawa, and Chad’s senior officers are loyal to the president rather than the republic. President Déby has deployed his armed forces against Chadian rebel groups. Chad’s military has been lauded for its efficiency in Mali, but the hallmark of its success, its expertise in desert warfare, stems from campaigns against insurgents in the country’s desert north and east.
There are also socio-economic concerns driven by Chad’s failure to meet its development potential. Despite the discovery of oil, which Chad began exporting in 2003, the inequitable distribution of Chad’s new wealth means that life for most Chadians remains extremely difficult. Poor governance and corruption—Chad sits at 154 out of 174 on Transparency International’s Corruption Perception Index—have ensured that unemployment remains very high and development remains limited. Chad, for example, ranks 184 out of 187 countries on the 2014 UN Human Development Index. President Déby has used Chad’s oil wealth to fund national security at the expense of other development projects, breaking a deal with the World Bank in 2006 to do so. To this day, despite its military partnerships, Chad receives less international non-humanitarian development aid than its neighbors in the Sahel, such as Niger and Mali.
Diplomatically, Chad’s international relations are potentially volatile because they rely on President Déby’s tenuous personal dealings with neighboring autocrats, a risky approach with great potential for sudden and complete reversals. Chad, for example, has a working relationship with Sudan at the moment, but President Déby had hostile relations with Sudan’s President Omar al-Bashir in the early 2000s, when both men supported rebel groups operating in each other’s country. Chad still houses some 350,000 Sudanese refugees, largely from Darfur, who could become a greater humanitarian or security risk if conflict between Chad and Sudan were to reignite. In addition, President Déby’s long-time links with Libya’s former leader Mu’ammar Qadhafi has complicated Chad’s relations with its northern neighbor.
These long-term drivers of instability make Chad fragile, and any number of near-term triggers might tip the country into crisis. Protests, especially by young people, have become an increasingly common disturbance in N’Djamena and smaller cities across the country. In March 2015, enforcement of a new law requiring motorcyclists to wear helmets, like the one that sparked Boko Haram violence in Nigeria in July 2009, spurred an intense round of demonstrations that led to three deaths and closed high schools and universities. Meanwhile, new technologies are empowering and accelerating unrest. A recent video of Chadian police beating unarmed students went viral, causing outrage among civil society and invigorating the opposition. These incidents could be just a taste of future events. For example, following the popularity of the #lwili hashtag in Burkina Faso’s rallies that eventually helped push the former president Blaise Compaoré from power, Chadians adopted the hashtag #Goum_Mou during November 2014 protests, demanding a leadership transition in Chad’s upcoming 2016 elections.
If a crisis in Chad were to develop, multiple vectors and sustainers of instability could easily aggravate and prolong instability across the country. Once in the grip of a major crisis, Chad could become a danger in and of itself, rather than the source of stability in the Sahel it is currently perceived to be.
Implications and Scenarios
Chad’s combination of under-appreciated vulnerabilities and importance to regional counterterrorism efforts could lead to unwelcome developments.
President Déby’s personalized diplomacy and penchant for interfering in neighbors’ affairs raises concerns, given N’Djamena’s central role in the MNJTF and Chad’s enthusiastic cross-border operations against Boko Haram in Cameroon and Nigeria. Such entanglements have limited Chad’s effectiveness in other regional forces over the years. Once peace support operations began in the Central African Republic (CAR) in 2013, for example, Chad’s long history of interference in the CAR’s internal affairs, coupled with reports of financial and military support to the Seleka rebels, undermined N’Djamena’s role in the International Support Mission to the Central African Republic. Subsequent accusations that Chadian forces conducted politically motivated killings of unarmed civilians in March 2014 eventually forced President Déby to withdraw from the mission altogether.
External reliance on Chad as a force for regional security might also exacerbate internal drivers of instability. The perception among Western partners that N’Djamena’s support is needed for success in regional counterterrorism efforts may encourage them to compromise on their values in order to protect their interests, just as it lets President Déby trade on his government’s perceived international utility as a way to compensate for a lack of domestic legitimacy. The more the international community depends on Chad as a security partner, the more important its stability becomes, even if it comes at the expense of democracy, respect for human rights, and economic development. Of course this dynamic is not unique to Chad: the tradeoff is apparent in several countries in Africa and beyond.
Yet that focus may be short-sighted even in relation to counterterrorism issues. There are no guarantees that Chad will remain stable long enough to mitigate or overcome terror threats in West and Central Africa. Chad’s many vulnerabilities mean that scenarios in which the country becomes more unstable are easy to envisage. Elite infighting, along with possible military discontent from repeated deployment, significant casualties, or unfair distribution of pay from regional missions against terrorists could precipitate a coup d’état. Factionalism could also increase tensions if rivalries based on religious, ethnic, or regional divisions harden and turn violent, something that could emerge in the event of disputes over the country’s oil revenues, for example.
Any of these developments could be the spark for significant destabilization given the underlying reality of Chadian life. There is little economic opportunity, few ways to express political dissent, and no near-term end in sight to the regime led by the 62-year-old president who has already ruled for nearly 25 years. In this context, the citizens of Chad—especially residents of the capital city, where a tenth of the population lives—could take inspiration from recent revolutions on the continent and foment a broader popular uprising.
Alternatively, these factors might provide fertile ground for the attempted radicalization of disaffected young Chadians by terror groups. Boko Haram could conceivably target Chadians for recruitment or expand operations in Chad, as it has in northern Cameroon. According to news reports, Boko Haram is already operating in Chad and has already moved some of the girls kidnapped in Chibok, Nigeria, across the border into Chad. Boko Haram’s first attack on Chadian soil occurred shortly after Chadian troops joined the MNJTF.[31] Also, Boko Haram’s activities in Nigeria are close to the border with Chad. Maiduguri, a hotbed of Boko Haram activity, is only some 250 kilometers from N’Djamena, compared to the more than 800 kilometers separating this remote town from the Nigerian capital Abuja.
The threat of further retaliatory attacks is real and concerning for the citizens of N’Djamena, as are the economic implications of the loss of important trade routes through northeastern Nigeria. Finally, Chad’s stability could suffer not only from this type of terrorist spillover, but also from a sub-regional conflagration, with a combination of refugees, proxy forces, and state aggression coming from bordering nations, if the country’s delicate personalized relations with neighboring heads of state were to sour.
These scenarios are not farfetched. The recent fall of Burkina Faso’s president Blaise Compaoré, one of the Sahel’s other enduring strongmen, is a vivid example of an authoritarian ruler toppled by a mobilized population. President Déby has also come close to losing power. In 2008, rebel forces reached the capital and nearly overthrew the regime, but retreated from the city after a three-day battle. Ultimately, France continued its role as President Déby’s protector, helping thwart the rebels in N’Djamena before they could oust the president. President Déby survived the attack and made some reforms, but they did not go far enough to avoid another such crisis.
Chad may seem to be a strong counterterrorism partner with a capable military in a troubled region, but the country’s internal vulnerabilities warrant more attention from a wide variety of stakeholders. Regional states and international partners who invest in and depend heavily on Chad’s security and counterterrorism capabilities should remain alert. Another crisis might yet push this regional powerbroker into turmoil, with grave consequences for regional counterterrorism strategies and operations across both Central and West Africa.
Credits Photo: Le Monde