Ministère de la femme et de l’action sociale / Direction de l’équité et de l’égalité des genres
La Direction de l’Equité et de l’Egalité de genre (DEEG) a été créée par décret N° 2008-1045 du 15 septembre 2008 en vue d’offrir à la SNEEG un cadre institutionnel pour piloter sa mise en œuvre. Elle est fonctionnelle depuis l’année 2009. Au plan institutionnel, elle ressort du Ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance.
Date de publication : 2016
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Etat des disparités de genre dans les secteurs
Situation différenciée des femmes et des hommes dans les secteurs de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle considérée comme un facteur de développement humain de par sa contribution à l’acquisition de connaissances utiles à l’insertion et à la participation active dans les activités économiques, politiques, sociales et autres, l’éducation et la formation de manière globale sont considérées comme un droit pour tous. Il s’agit de l’éducation nationale dans ses différents ordres d’enseignement et de la formation professionnelle.
L’éducation nationale
Afin de répondre de manière efficace et pertinente à la nécessité de rendre effective le droit à l’éducation, le Ministère de l’Education Nationale, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan décennal de l’Education et de la Formation (PDEF) depuis 2000 et du PAQUET à partir de 2012, a soutenu l’équité dans l’accès à l’éducation à travers la définition d’une politique cohérente et volontariste en faveur de l’éducation pour tous et plus particulièrement celle des filles.
A cette fin, l’intensification du plaidoyer auprès des acteurs de la communauté éducative et la conduite d’une recherche-action sur le thème de l’égalité entre les sexes dans l’éducation ont permis d’enregistrer des résultats significatifs en matière d’accès et de maintien des filles et des garçons dans le système éducatif comme envisagé dans les objectifs de la SNEEG 2005-2015.
* Au niveau de l’éducation de base :
Au total, l’effectif des apprenants en 2010/2011 est de 72 593 dont 33 077 femmes soit 45,6% contre 39 516 Hommes soit 55,4% correspondant à un rapport de parité de Femme/Homme de 0,84. La majorité des apprenants sont situés en milieu rural avec un effectif de 43 712 soit 60% du total contre, en zone urbaine, un effectif de 28 891 soit 40%.
En milieu rural, les femmes dominent avec un effectif de 22 282 apprenantes soit 67,4% contre, en zone urbaine, 10 795 femmes en soit 32,6% alors que pour les hommes le milieu rural enregistre un effectif de 21 430 soit 54,2% contre, pour le milieu urbain 18 096 soit 45,8%.
En milieu rural, les femmes dominent avec un effectif de 22 282 apprenantes soit 67,4% contre, en zone urbaine, 10 795 femmes en soit 32,6% alors que pour les hommes le milieu rural enregistre un effectif de 21 430 soit 54,2% contre, pour le milieu urbain 18 096 soit 45,8%
Toutefois, l’alphabétisation des femmes devrait, plus que par le passé, être renforcée pour offrir à cette composante importante de la population les moyens de valorisation de leur potentiel en terme d’apprentissage et de valorisation des connaissance de manière à leur offrir la possibilité de faire face à l’obligation croissante d’utilisation des nouvelles technologies de communication et de documentation des opérations financières liées à leurs activités socioéconomiques.
* Au niveau du préscolaire :
L’offre effective de capacités d’accueil en 2014 n’a permis de couvrir que 14,6% de la demande globale potentielle qui était de 1 357 409 enfants pré scolarisables en 2013. Néanmoins, il y a lieu de souligner l’impact positif de l’accroissement de la diversité des structures d’accueil du préscolaire sur la réduction de la charge de travail domestique des femmes qui disposent ainsi de plus de temps libre qu’elles peuvent consacrer à l’exercice d’ activités génératrices de revenus notamment.
L’accroissement de la capacité de prise en charge de la petite enfance a sans doute aussi contribué, en milieu rural notamment, à plus libérer les filles scolarisables, contraintes auparavant de participer, à base âge, aux tâches domestiques, en aidant leurs mères à entre autres assurer les soins aux tout petits. Conséquemment, l’accessibilité plus facile au préscolaire de ces tout petits, en libérant les filles de ces tâches ménagères, a favorisé leur scolarisation et leur maintien à l’école.
* Au niveau de l’enseignement élémentaire :
Le taux brut de scolarisation (TBS) est passé, globalement de 75,8% en 2003 à 93% 2013. Pour les filles la progression a été plus importante et régulière puisqu’elle est passée de 73% en 2003 à 98,4% en 2013, tandis que sur la même période, le taux est passé de 78,5% à 87,9% pour les garçons.
Au-delà les progrès réalisés, il reste toutefois beaucoup à faire pour améliorer le niveau des avancées constatées autant chez les filles que chez les garçons et plus spécifiquement, pour corriger les formes actuelles de disparités, de plus en plus en défaveur des garçons. Un bon équilibre du système appelle d’une part à encourager la poursuite de la progression des filles.
* Au niveau de l’enseignement moyen :
L’enseignement moyen est marqué par une évolution à la hausse des effectifs de garçons et de filles de 2010 à 2014. A dominante masculine de 2010 à 2012, l’évolution des effectifs est marquée par une rupture en faveur des filles en 2013 et 2014. L’effectif de filles, qui est de 47,2% contre 52,8% pour les garçons en 2010, est passé à 50,9% contre 49,1% pour les garçons en 2014.
Sous l’angle des performances et de l’efficacité, on note une situation globale assez équilibré avec un léger avantage pour les garçons qui enregistrent un taux de promotion de 72,7% contre 71,5% pour les filles. La région de Dakar enregistre le taux le plus élevé autant pour les filles que pour les garçons avec respectivement 80,20% et 73,9%.
Suivent les régions de Thiès avec 79,80% pour les filles contre 77,5% pour les garçons, Louga avec 75,3% pour les filles contre 74,5% pour les garçons puis Kaolack avec 67,2% pour les filles et 72,6% pour les garçons. Les plus faibles taux, sont enregistrés à Kédougou qui détient le plus faible taux pour les filles au plan national, avec 56,4% contre 65,2% pour les garçons, suivie de Sédhiou avec 62% pour les filles et 66,8% pour les garçons.
Globalement, le profil des effectifs dans le cycle moyen présente des disparités qui sont, pour l’essentiel en défaveur des filles de 2004 à 2014 avec une tendance au rétrécissement des écarts qui se dessinent à partir de 2008, année à partir de laquelle des efforts importants ont été développés en matière de construction de collèges et lycées de proximités. La disponibilité de ces derniers a eu, sans doute, des effets positifs sur la scolarisation des filles bien que de nombreux défis soient encore à relever pour leur maintien aux collèges ou aux lycées ainsi que l’achèvement de leur cycle scolaire.
* Au niveau de l’enseignement secondaire :
L’enseignement secondaire est marqué par une évolution à la hausse des effectifs de garçons et de filles de 2004 à 2014. Sur toute la période les effectifs des garçons dépassent de loin ceux des filles avec toutefois une tendance à la réduction des écarts entre les filles et les garçons. A titre d’illustration l’écart qui était de 22,8% en faveur des garçons en 2004 s’est d’année en année réduit pour à passer à 16,8% en 2009 et à 8,6% en 2014.
L’Enseignement Secondaire Général accueillait un effectif de 277 045 élèves en 2014 dont 45,7% de filles contre 54,3% de garçons. Depuis 2004, on note une hausse régulière des effectifs passés de 78626 en 2004 à 277 045 en 2014, soit un Taux d’Accroissement Moyen Annuel (TAMA) de 13,4%. L’effectif des filles reste encore en deçà de celui des garçons malgré une légère augmentation.
L’académie de Dakar qui enregistre un taux de 53,47% en 2014, est la seule qui a atteint une proportion de filles supérieure à celle des garçons à côté de Pikine Guédiawaye et Rufisque qui enregistrent des indices de parités de 0,99. Les autres académies se caractérisent par une population de garçons plus importante avec notamment des écarts entre filles et garçons plus marqués à Kédougou et Sédhiou avec respectivement 29,0 et 29,1% mais aussi Kolda qui enregistre 66,97% de garçons contre 33,03% pour les filles.
* Part des filles et des garçons dans les séries scientifiques :
Les filles et les garçons sont inégalement représentés dans les séries scientifiques avec respectivement 39,8% contre 60,2% en 2014. Globalement, l’effectif des inscrits aux séries scientifiques ne représentent que 75 586 élèves soit 27,3% de l’ensemble du cycle secondaire qui est de 277 045. Sur la totalité des régions, les garçons sont plus nombreux que les filles dans les séries scientifiques.
Pour les filles, le plus fort taux, qui ne dépasse d’ailleurs pas 50%, est détenu par l’IA de Dakar avec 48% alors que pour les garçons il est de 78% enregistré à Sédhiou qui détient aussi le plus faible effectif de filles avec 22%. En 2014, les filles sont moins représentées que les garçons autant au niveau global qu’au niveau des différentes années d’enseignement. Pour illustration et pour l’ensemble des trois années, les filles ne représentent que 40% des effectifs contre 60% pour les garçons. En seconde elles sont 42% contre 58% de garçons, en première, elles sont 39% contre 61% de garçons et en terminale, 38% contre 62% pour les garçons.
Au total, le constat général qui peut être relevé est que l’enseignement moyen et secondaire est à tous les niveaux marqué par de fortes disparités entre les filles et les garçons. Toutefois, l’élargissement de la carte scolaire traduit par une plus grande disponibilité des lycées et collèges de proximité, a fortement contribué à améliorer l’accès des filles aux cycles moyen et secondaire.
Malgré tout, les orientations des indicateurs de performances du système laissent transparaitre l’urgence de développer des initiatives en faveur de la réduction d’écarts entre les filles et les garçons, écarts imputables aux poids des charges domestiques assumées par les filles auprès de leurs mères, à la déscolarisation pour cause de mariages et grossesses précoces mais aussi à la persistance de pesanteurs socioculturelles.
*Au niveau de l’enseignement supérieur :
– Disparités entre filles et garçons pour l’obtention du Baccalauréat :
La transition du cycle secondaire au supérieur, subordonnée à l’obtention du baccalauréat, est diversement vécue selon le sexe. En 2011-2012, sur un effectif de 108 047 candidats au baccalauréat dont 45,2% de filles et 54,8% de garçons, 17 480 filles soit 42,1% de l’effectif global des admis qui est de 41 593, ont obtenu le diplôme contre 24 102 garçons soit 57,9%. Relativement au nombre de candidats selon le sexe, on note un taux de réussite de 35,8% pour les filles contre 40,7% pour les garçons correspondant au taux global de réussite de 38,5%. Les filles représentent 13,4% de ce taux et les garçons un peu moins du double pour, soit 21,3%.
– Appréciation globale des disparités entre filles et garçons dans l’enseignement supérieur :
Comme le laisse apparaitre les différentes parties relatives aux effectifs d’étudiants dans l’enseignement supérieur, les universités et grandes écoles publiques et privées accueillent, d’année en année, un nombre croissant d’étudiants. En 2015, année de publication de l’annuaire des statistiques de l’enseignement supérieur, le dernier effectif enregistré pour l’année universitaire 2012/2013 est de 127 320 dont 47 148 filles soit 37% contre 80 172 soit 63%. Les universités accueillent la grande majorité des étudiants avec un effectif de 105 182 soit 82,6% de l’effectif global contre 22 138 pour les Grandes Ecoles soit 17,4%. Avec un rapport de parité de 0,58 les filles ne représentent qu’environ le tiers de l’effectif global des étudiants.
Il est nécessaire de favoriser une réduction significative des écarts entre les filles et les garçons pour les séries scientifiques, techniques et notamment pour la formation professionnelle tout en œuvrant pour l’amélioration des performances à tous les niveaux des différents ordres d’enseignement. A ce propos, les efforts à développer en faveur des filles doivent être amorcés dès les préscolaires et soutenu tout le long des cycles des différents ordres d’enseignement.
On devrait aussi appuyer la présence des filles dans la formation professionnelle de manière à garantir l’égalité de chance d’accès des filles et des garçons à des formations qualifiantes adaptées aux besoins du marché du travail, de plus en plus sélectif et exigent du point de vue de l’employabilité des postulants à l’emploi.
* La formation professionnelle :
L’effectif d’apprenants en 2013 dans la formation professionnelle, qui est de 48 116 se répartit entre le secteur Privé pour 21 199 apprenants soit 44% et le secteur Public pour 26917 apprenants soit 56%. Si du point de vue de la distribution selon le sexe, l’on relève une prédominance des garçons, dans le secteur Public, il en est tout autrement pour le secteur Privé où les filles sont plus nombreuses. Elles ne sont que 9 767 individus dans le Public soit 46% contre 11 432 soit 54% pour les garçons. A l’inverse, elles sont plus représentées dans le secteur Privé, avec un effectif de 14 744 apprenantes soit 55%, contre 12 173 pour les garçons soit 45%.
Situation différenciée de la femme, de l’homme et des adolescent-e-s en matière de santé et de santé de la reproduction
A travers sa politique générale, l’Etat du Sénégal a réaffirmé son engagement à faire de la santé un secteur prioritaire où tous les ménages bénéficient d’un accès universel à des services de qualité, sans aucune forme d’exclusion. Cependant, le système mis en place reste inégalitaire à cause du faible accès des populations à des services de santé de qualité et du faible recours des femmes et des jeunes à des services de santé de la reproduction.
* La mortalité maternelle : une situation toujours préoccupante :
Des progrès notables sont enregistrés au cours de ces dernières années. En effet, le taux de mortalité maternelle est passé de 410 à 392 décès pour 100 000 naissances vivantes soit une baisse de 2% en 6 ans. Ces résultats globaux ne doivent pas cacher l’existence de grandes disparités entre le milieu urbain et le milieu rural où les taux sont estimés respectivement à 309 pour 100 000 naissances et 472 pour 100 000. La situation est davantage préoccupante au niveau des régions périphériques telles que Tambacounda, Kolda, Matam et Ziguinchor.
* Mutilations génitales : une pratique culturelle toujours fortement ancrée chez certaines ethnies malgré l’existence de textes qui l’interdit :
Les résultats du recensement de 2013 montrent que, selon les déclarations des mères, 13% des filles de moins de 15 ans sont excisées en 2014 contre 18% en 2012-2013. Le pourcentage de filles excisées varie de façon importante à l’intérieur de cette tranche d’âge. Il est de 7 % pour les filles âgées de 0-4 ans excisées contre 11 % en 2012/13 alors que ce pourcentage est plus du double parmi les filles de 5-9 ans (16 %, contre 21 % en 2012/13) et que 17 % des filles actuellement âgées de 10-14 ans sont excisées (contre 25 % en 2012/13). Cette augmentation résulte en partie du fait que certaines filles sont excisées à des âges supérieurs à cinq ans.
* Avortement : une pratique : donnant lieu à des complications médicales :
Une étude récente estime à 51500 le nombre d’avortements pratiqués au Sénégal en 2012, soit un taux de 17 avortements pour 1000 femmes âgées de 15 à 44 ans. Dans la plupart des cas, ces avortements sont le résultat de grossesses non désirées ou non planifiées. Elles donnent lieu à des complications nécessitant une intervention médicale qui n’a pas eu lieu dans de nombreuses situations mettant en danger la vie de ces femmes.
* Fistules obstétricales :
La fistule obstétricale est une affection sévère et débilitante, qui constitue l’une des morbidités maternelles les plus graves. Elle est due essentiellement aux mariages et grossesses précoces et à la pratique de l’excision. Elle touche principalement les filles et les femmes les plus vulnérables et les plus pauvres de la société et n’ayant pas accès à des structures sanitaires.
La fistule obstétricale est une affection sévère et débilitante, qui constitue l’une des morbidités maternelles les plus graves. Elle est due essentiellement aux mariages et grossesses précoces et à la pratique de l’excision
En plus des problèmes médicaux qu’elle engendre, la fistule constitue un drame social pour les victimes qui sont rejetées et stigmatisées par leurs familles et leurs communautés. Selon, le bulletin d’information du Bureau du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) au Sénégal, on estime à 400 le nombre de nouveaux cas qui surviennent chaque année. Les régions les plus touchées sont celles de Kolda, Tambacounda, Ziguinchor et Matam.
Protection sociale des hommes et des femmes
* Des politiques de protection sociale, d’égalité et d’équité, progressivement sensibles au genre :
Au Sénégal, la protection sociale a été marquée ces dernières années par des progrès notables en faveur des femmes, notamment les bourses de sécurité familiale, la gratuité des soins de césarienne, l’allégement des conditions de prise en charge en matière de Santé de la reproduction, la disponibilité des Badjènu Gox, la carte d’égalité des chances et la couverture Maladie Universelle.
Malgré les avancées notées dans le domaine de la protection sociale, cette situation constitue un véritable frein à l’épanouissement des femmes et des filles et à leur pleine participation au développement économique et social.
Malgré les avancées notées dans le domaine de la protection sociale, cette situation constitue un véritable frein à l’épanouissement des femmes et des filles et à leur pleine participation au développement économique et social
Les autres contraintes peuvent être résumées ainsi qu’il suit :
– Persistance des croyances socioculturelles néfastes (mendicité, traite, pires formes de travail des enfants, châtiments corporels, mariages d’enfants…..) ;
– Violence basées sur le genre (châtiments corporels dans les centres d’éducation….)
– Difficultés de maintien des filles à l’école dans certaines zones ;
– Violences basées sur le genre (viols, coups et blessures).
– Insuffisance de financement du plan d’action national de la Stratégie Nationale de Protection de l’Enfant ;
– Insuffisance de personnel spécialisé sur le genre ;
– Difficultés d’application de certaines lois ;
– Les défis liés à l’effectivité de l’application des textes protecteurs des droits de la femme, notamment la loi 99-05 du 29 janvier 1999, sanctionnant les VBG et les MGF/E, la loi d’orientation sociale ;
– L’existence de certaines dispositions discriminatoires de certains codes (Code de la Famille articles 111, 637, 642, Code de la sécurité sociale article 21, Code pénal l’article 300, 320, l’article 305 est en violation de l’article 14 du Protocole de Maputo) ;
– L’analphabétisme ;
– La faible implication des hommes dans la Santé de la Reproduction.
Situation des femmes et des hommes en matière de droits, gouvernance et sécurité
Sur les questions d’égalité de genre, les données de l’Indice de Développement du Genre (GDI) calculé à partir de la qualité de vie laissent apparaitre qu’au Sénégal les hommes ont une qualité de vie meilleure que celle des femmes : 0,520 pour les hommes et 0,449 pour les femmes. Le GDI classe le Sénégal 124 éme sur 149 pays sur le plan mondial et 3éme au sein de la CEDEAO.
Pour les classements établis par le premier rapport de la Banque Africaine de Développement (BAD) intitulés « autonomiser les femmes », publié en 2014, le Sénégal ne figure pas parmi les dix (10) pays les plus performants en Afrique
Malgré ce bon classement au niveau des pays de la CEDEAO, le Sénégal reste encore un pays à faible qualité de vie surtout pour les femmes en raison de leur statut et de l’influence de divers facteurs d’ordre socioculturels, économiques, démographique et politique.
Pour les classements établis par le premier rapport de la Banque Africaine de Développement (BAD) intitulés « autonomiser les femmes », publié en 2014, le Sénégal ne figure pas parmi les dix (10) pays les plus performants en Afrique.
Egalité de droit et état de l’harmonisation des conventions
Dès le préambule de sa Constitution, le Sénégal réaffirme son attachement aux conventions internationales et surtout à l’égalité des femmes et des hommes à travers ses articles 7, 18, 19 et 22. Ces derniers font généralement référence à la Convention sur l’Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l’Egard des Femmes (CEDEF) et du protocole à la charte africaine relative aux droits humains appelé communément Protocole de MAPUTO.
En effet, ils traitent successivement de l’égalité de sexes, de l’interdiction des mutilations génitales, de l’interdiction du mariage précoce et prévoient l’accès des femmes à la terre tout en demandant la promotion de la scolarisation des filles.
La volonté politique s’est traduite par l’harmonisation du dispositif législatif pour répondre aux conventions et traités internationaux ratifiés par le Sénégal. Toutes ces lois votées répondent aux préoccupations des conventions internationales comme la CEDEF et le Protocole de MAPUTO mais, leurs applications déjà amorcées, n’est pas encore effectives.
L’ineffectivité de l’application s’explique, généralement, par la méconnaissance des lois harmonisées d’où la nécessité de développer une réelle politique de vulgarisation, de sensibilisation à côté d’actions de formation pour assurer leur large diffusion autant auprès des acteurs judiciaires que des populations et organisation de défense des droits des femmes et celles œuvrant pour l’effectivité d’un Etat de droit sans discrimination fondée sur le sexe.
Bien que les efforts déployés, ces dernières années, par l’Etat aient permis d’enregistrer de réelles avancées dans l’harmonisation des lois et une évolution positive du statut de la femme sénégalaise, il reste beaucoup à faire pour réaliser l’égalité des femmes et hommes au plan juridiques.
Les questions de genre dans la gouvernance sociale
*Genre, espace familial et privé : Les rôles et statut de la femme dans la société sénégalaise sont guidés par la culture et les croyances traditionnellement acquises. Dans l’espace privé ou familial, les relations hommes – femmes sont en permanence influencées par ces valeurs. Ces dernières gouvernent les questions liées à la pratique sociale, telle que la polygamie, le lévirat, le sororat ou l’organisation de l’héritage. Ceci explique la posture souvent négativement donnée aux femmes aux différents niveaux du corps social.
La ratification par le Sénégal de la Convention Sur l’Elimination de toutes les Formes de Discriminations à l’égard des Femmes (CEDEF), du Protocole de Maputo relatif aux droits des femmes ou encore le fait qu’il ait adopté l’Acte additionnel relatif à l’égalité homme-femme et accueilli la réunion des Ministres en charge du genre n’influent, pour le moment, qu’assez timidement sur les attitudes et comportements encore fortement ancrés dans les us et coutumes.
*Genre et sphère publique : Dans la sphère publique, le champ d’évolution des femmes est encore fortement réduit par le poids des traditions, de la culture et de la religion. En effet, elles influencent considérablement voire annihilent la possibilité des femmes à accéder à des emplois salariés, bien rémunérés et à s’y maintenir. Elles sont souvent confinées dans des segments inférieurs du marché du travail et y mènent des activités peu rémunératrices. Or celles-ci nécessitent beaucoup d’efforts et les exposent à des conditions de travail précaires.
Si les moyens ont été mobilisés pour le maintien des filles à l’école primaire et secondaire, il n’en demeure pas moins qu’une fois le passage assuré au premier niveau, le taux d’abandon scolaire augmente du fait des pressions familiales poussant ainsi les filles à revenir aux « rôles traditionnels à un âge socialement acceptable » comme l’aide aux travaux ménagers et le mariage précoce.
Cet ultime fait, pratiqué dans la plupart des régions du pays, en particulier dans les zones du nord et du sud-est, amenuise, sous l’influence socioculturelle, l’accès et le maintien des filles à l’école, affecte leur santé reproductive et limite leur accès aux emplois productifs rémunérés etc.
Disparités entre femme et homme dans la gouvernance des institutions
L’appréciation du profil des femmes et des hommes dans la gouvernance des institutions est centrée sur l’exécutif, le législatif et le conseil économique et social. Au niveau de la Présidence de la République, les nominations montrent que les femmes restent largement sous représentées parmi les agents nominés en Conseil des Ministres (Directeurs généraux, Directeurs nationaux, Ambassadeurs, Président de Conseil d’Administration etc.). En effet, la proportion de femmes est globalement faible par rapport à celle des hommes. Elle varie, sur la période 2011 et 2014, de 13, 2% en 2011, à 8,6% en 2013 et 11,7% en 2014 soit une moyenne de 11,16 %.
Au niveau du gouvernement du Sénégal, on comptait, en 2015, 07 femmes ministres pour un effectif global de 33 ministres, soit 21,3% contre 78,7% pour les hommes. Durant la dernière décennie, le taux de présence des femmes dans le gouvernement a varié entre 10 et 20% et cela malgré la nomination, à deux reprises, de femme comme Premier Ministre en 2001 et 2013.
En 2014, il a été seulement enregistré 5 femmes ministre sur 32, soit 15,6% contre 84,4% pour les hommes. Le léger réaménagement gouvernemental, intervenu en juin 2015, a montré une petite amélioration. En somme et sur plus d’une dizaine d’année la participation des femmes au gouvernement est restée faible et erratique d’une année à une autre. Sur la question de la participation politique des femmes et des hommes à la vie publique, une évolution positive, fut-elle faible et lente, a été notée de 1960 à 2012.
En effet, à la mise en place des premières institutions, les femmes étaient quasi absentes des instances de prise de décision puisqu’en 1960 aucune femme ne siégeait à l’Assemblée nationale. C’est bien après que des femmes ont été élues députés avec un taux de représentation qui variait entre 10 et 11%. Au-delà, la proportion de femmes était maintenue à moins de 30% de l’effectif total de députés. Il a fallu attendre, l’adoption de la loi sur la parité pour faire un grand bond en terme de nombre de femmes députés et tendre, en 2012, vers une représentation paritaire.