Auteur : Martin, Michaela
Site de publication : UNESDOC
Type de publication : Article
Date de publication : 2014
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Introduction
Depuis une dizaine d’années, les systèmes d’enseignement supérieur dans la sous-région d’Afrique francophone de l’Ouest sont confrontés à une expansion accélérée des effectifs du sous-secteur. Cette accélération a été due en grande partie à la création d’établissements d’enseignement supérieur privés afin de satisfaire la demande sociale dans un contexte de restriction budgétaire. Elle a entraîné la multiplication du nombre d’établissements et la diversification des systèmes supérieurs. L’expansion a eu lieu dans un contexte de réformes plus larges.
Ainsi, les pays d’Afrique francophone de l’Ouest ont lancé la mise en place du système licence-master-doctorat (LMD). Pour soutenir cette vaste réforme, l’Union africaine et les communautés économiques régionales comme l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES) et l’Association des universités africaines (AUA) appuient la création de systèmes d’assurance qualité et d’accréditation. Ces initiatives sont perçues comme des moyens permettant d’améliorer la qualité de l’enseignement supérieur et de faciliter la reconnaissance des diplômes et la mobilité des étudiants dans la sous-région.
Un accès aux systèmes supérieurs de la sous-région en progression rapide, mais devant être encore élargi
Depuis les années 1990, l’enseignement supérieur dans les pays de l’UEMOA est caractérisé, comme dans un grand nombre de pays du monde, par une expansion rapide des effectifs. Ce phénomène a eu lieu suite à l’adoption des politiques d’éducation pour tous. Pourtant, l’accès à l’enseignement supérieur reste encore relativement limité, notamment si on le compare avec la moyenne mondiale du taux brut d’inscription qui était de 29 %, et de 7 % pour l’Afrique subsaharienne en 2010.
Le développement rapide d’un secteur privé qui appelle une régulation plus importante de la qualité
L’enseignement supérieur privé s’est fortement développé pour représenter aujourd’hui un secteur très dynamique. Le nombre d’établissements privés est passé de 24 seulement en 1990 à 468 en 2007. Le secteur privé se caractérise généralement par un grand nombre d’établissements de petite taille. Il s’agit souvent de lycées privés qui offrent des formations de techniciens supérieurs, du type BTS.
De nouvelles universités publiques devant être consolidées
Depuis quelques années seulement, les pays d’Afrique francophone de l’Ouest ont repris la création de nouvelles universités, qui représentaient souvent dans un premier temps des centres universitaires dépendant de l’université phare dans le pays. Il s’agit alors d’institutions souvent encore fragiles et qui manquent de ressources et d’infrastructures, ainsi que d’expériences solides en gestion pédagogique et administrative.
Le chômage des diplômés et la nécessité d’instaurer une meilleure articulation formation-emploi
Une étude effectuée dans 23 pays africains pour les années 2000 à 2006 montre ainsi que le taux de chômage des diplômés du supérieur âgés de 25 à 34 ans est de 25 %. Ils sont surtout liés au manque de dynamisme et de création d’emplois dans le secteur moderne, mais également au fait que la majorité des formations restent de nature académique et généraliste.
Une gouvernance politisée en quête de solutions et une régulation centralisée
Alors que durant les années 1960 et 1970, les universités publiques bénéficiaient d’un appui politique solide et de ressources plutôt adéquates en Afrique francophone de l’Ouest, les années 1980 et 1990 sont caractérisées par les restrictions budgétaires, résultat des politiques d’ajustement structurel de cette époque.
Après la contrainte financière et les tentatives de réformes, les pays de l’Afrique francophone de l’Ouest font alors face à des mouvements récurrents de grève des enseignants et des étudiants, en raison de l’incapacité de maintenir des systèmes de soutien aux étudiants et d’indexer les salaires des enseignants sur le coût de la vie.
L’intégration régionale dans le cadre de l’UEMOA
L’UEMOA couvre huit des dix pays qui ont participé à la formation de l’IIPE. Elle vise la création d’un marché commun permettant aussi la libre circulation des personnes. Cet objectif intéresse directement la sphère de l’éducation, car elle exige la reconnaissance des diplômes et, par conséquent, la capitalisation et la transférabilité des acquis, la mobilité des apprenants et des enseignants.
Une restructuration des cycles d’enseignement selon l’architecture LMD est engagée depuis 2007, dans le cadre d’une directive émise par l’UEMOA. Cette décision traduit une volonté des pays de la sous-région de renforcer leur collaboration en matière universitaire et de faciliter la mobilité des étudiants.
Les apports possibles de l’assurance qualité par rapport à la problématique existante
Le débat sur le système d’assurance qualité s’inscrit donc dans un contexte de massification des effectifs, accompagné d’une pénurie des ressources, en général, et des enseignants-chercheurs, en particulier. On attend donc de l’assurance qualité de fournir des références, voire des normes, permettant de distinguer les situations bonnes et acceptables des situations inacceptables en ce qui concerne à la fois les secteurs public et privé.
On espère aussi que l’assurance qualité améliore la confiance des parties prenantes concernant la qualité des diplômes du supérieur et qu’elle constitue une référence permettant d’entraîner les établissements vers une dynamique d’amélioration des pratiques. Enfin, on attend également que l’assurance qualité permette de créer la confiance nécessaire pour la reconnaissance mutuelle des diplômes, afin de stimuler la mobilité intra-région et vers l’extérieur.
Des dispositifs d’assurance qualité en émergence dans la sous-région
Le niveau sous-régional de l’Afrique francophone : le CAMES
Le CAMES a mis en place un nouveau programme d’accréditation des établissements et des formations pour lequel des référentiels ont déjà été élaborés. Il s’est donc doté de nouveaux instruments, qui ont conjointement produit un élargissement de son champ d’action potentiel dans l’assurance qualité.
- Le niveau national
-encadrement du secteur privé
-procédures d’encadrement des secteurs privé et public
-expérimentation et évaluation dans certains pays
-mise en place d’agences d’assurance qualité
- Le niveau institutionnel
Dans la présentation des innovations opérées en matière d’AQ par les participants à la formation, il ressort aussi que les établissements commencent à jouer un rôle de plus en plus actif pour mettre en place des structures d’assurance qualité interne (AQI). Au sein de l’Université Abdou Moumouni de Niamey au Niger, par exemple, on vient de créer une cellule d’assurance qualité qui se compose de 26 membres.
Les options préférées d’un système d’assurance qualité à plusieurs niveaux
L’orientation générale des systèmes
Les groupes ont accordé une importance préférentielle au mécanisme de l’accréditation des établissements et des programmes de formation. Dans le cadre de la réforme LMD, certaines équipes considèrent plus particulièrement l’accréditation des nouveaux programmes d’études au niveau national comme une priorité immédiate de l’assurance qualité. L’accréditation institutionnelle est appréhendée comme une deuxième priorité dans la quasi-totalité des réponses.
Le référentiel
L’un des défis majeurs du référentiel réside dans la construction d’un équilibre entre, d’une part, une certaine clarté sur la définition de la qualité occasionnant une forme contraignante, et, d’autre part, une flexibilité suffisante pour tenir compte de la diversité des établissements au sein d’un système d’enseignement supérieur.
Conclusions
L’enseignement supérieur en Afrique francophone de l’Ouest se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Les défis posés en termes d’accès, de qualité, de gouvernance et d’efficacité externe sont considérables. La grande réforme de la mise en place du système LMD est en cours, mais elle réclame une importante consolidation par l’instauration d’un examen plus systématique des finalités des formations et de la cohérence du système pédagogique sous-jacent.
La mise en place de l’assurance qualité à plusieurs niveaux est alors perçue comme une opportunité pour affiner l’analyse des problèmes au moyen de l’évaluation, et pour esquisser des solutions susceptibles de répondre aux problèmes de la qualité et de la pertinence de l’offre de service. Le Sénégal a déjà créé une agence chargée de l’accréditation des établissements et des programmes.
Il est clairement apparu qu’il existe certains préalables au bon fonctionnement des futurs systèmes d’assurance qualité. Quatre conditions ont clairement pu être dégagées.
- réformer le dispositif de gouvernance au niveau national vers plus d’autonomie institutionnelle et plus de transparence
- réformer la gestion des établissements d’enseignement supérieur pour que l’AQI (Assurance qualité interne) y trouve pleinement sa place
- appuyer la mise en place des systèmes d’information pour la planification et l’assurance qualité aux niveaux national et institutionnel
- faire évoluer les mentalités pour instaurer une culture de qualité
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