Assurer l’éducation pour tous au Mali
Rapport de recherche Oxfam International, juin 2009
Caroline Pearce, Sébastien Fourmy et Hetty Kovach
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FRANÇAIS
L’accès à l’éducation pour tous les enfants maliens d’ici à 2015, l’objectif du gouvernement, demeure un rêve qui tarde à se concrétiser. Et ce en dépit des incontestables améliorations qu’a connu l’enseignement au cours des dix-huit années qui se sont écoulées depuis l’avènement de la démocratie. La proportion d’enfants fréquentant l’école primaire a considérablement augmenté, passant de 21 pour cent en 1990 à 61 pour cent en 2008, et plus de 20 000 enseignants supplémentaires ont été recrutés au cours des dix dernières années. Pourtant, près de 900 000 enfants maliens âgés de sept à douze ans ne sont toujours pas scolarisés, soit près du tiers des enfants de cette tranche d’âge. Parmi eux, 60 pour cent – plus d’un demi-million d’enfants au total – sont des filles. Beaucoup commencent des études mais ne les terminent pas (voir figure 1).L ‘Etat du Mali est le principal acteur dans l’éducation des enfants, mais une partie de l’augmentation de l’offre en la matière au cours de ces dernières années est due à une expansion importante des écoles communautaires, sous l’impulsion des donateurs et des Organisation non-gouvernementale internationale (ONGI). Il est crucial que l’Etat intègre ces écoles dans son propre système quand les donateurs ne les financent plus.
Pour les donateurs, le gouvernement et les ONGI
Pour le gouvernement : financement de l’éducation et priorités
- Le gouvernement du Mali devrait consacrer au minimum 20 pour cent du budget total de l’Etat pour l’éducation et donner la priorité à l’enseignement primaire afin de se conformer aux exigences de la Campagne mondiale pour l’éducation.
- Le gouvernement devrait recruter un plus grand nombre d’enseignants et investir davantage dans cette profession – notamment dans la formation préalable et continue – tout en améliorant les conditions de travail et les rémunérations des enseignants.
- Les réformes de décentralisation visaient à inclure une décentralisation des ressources au niveau communautaire, ce qui ne s’est pas produit. Le gouvernement doit veiller à ce que les ressources destinées à l’éducation parviennent aux écoles et aux communautés au niveau local.
Pour les bailleurs de fonds : une aide de meilleure qualité et le respect des priorités du gouvernement
- La Banque mondiale et le FMI doivent cesser d’attacher des conditions de politique économique à leur aide.
- La Commission européenne doit dissocier son appui budgétaire du programme du FMI.
- Tous les donateurs bilatéraux devraient veiller à ce que les appuis budgétaires communs ne soient liés ni à un programme du FMI ni aux conditions et mesures économiques de la Banque mondiale
- Les programmes d’éducation des ONGI doivent être ancrés dans les priorités du PRODEC et mis en œuvre en partenariat avec les autorités décentralisées ainsi qu’avec le soutien de celles-ci afin de les aider à réaliser leurs plans de développement et à renforcer leur aptitude à le faire par eux-mêmes.
Responsabilité du gouvernement envers les citoyens
- Le gouvernement du Mali et les donateurs doivent accepter que les organisations de la société civile jouent un rôle officiel important dans le processus de suivi décrit dans le document du Cadre stratégique de croissance et de réduction de la pauvreté (CSCRP) national en veillant à ce qu’ils assistent et participent aux réunions et que leurs commentaires soient pris en compte.
- Les documents et les décisions émanant des réunions du CSCRP doivent être rendues publiques rapidement.
- Le gouvernement doit faire en sorte que la société civile et l’Assemblée nationale participent officiellement aux débats qui concernent la politique de l’éducation et doit notamment arriver à un consensus sur le nouveau programme et s’y conformer.
Implication du gouvernement vis-à-vis des citoyens
- La société civile doit jouer un rôle officiel dans l’examen de l’aide budgétaire.
- Les donateurs et les ONGI devraient financer et encourager un plus grand nombre de suivis budgétaires et de surveillances des prestations de services effectués par les communautés et les réseaux de la société civile.
- Les ONGI devraient continuer de soutenir les comités de gestion scolaire et l’engagement des citoyens dans les structures et les processus décentralisés.
- Les ONGI devraient continuer d’encourager activement les initiatives d’alphabétisation, et participer ainsi à l’amélioration de l’offre de services essentiels.
ENGLISH
Access to education for all Malian children by 2015 which is the goal of the Government remains a dream. And this, despite undeniable improvements experienced by education in the past 18 years since the advent of democracy. The proportion of children attending primary school has increased considerably, rising from 21 percent in 1990 to 61 percent in 2008, and more than 20,000 additional teachers have been recruited over the past ten years. Yet, nearly 900,000 Malian children aged between seven to twelve years are still not in school, nearly one-third of the children in this age group. Among them, 60 percent – more than half a million children in total – are girls. Many begin studies but do not finish them (see figure 1). The State of Mali is the main actor in the education of children, but part of the increase in the supply of material in recent years is due to a major expansion of community schools, under the impetus of donors and international non-governmental organization (NGO). It is crucial that the State integrates these schools in its own system when donors do not finance them.
For donors, the Government and international NGOs
For the Government: education funding and priorities
- The Government of Mali should devote at least 20 per cent of the total budget of the State for education and give priority to primary education in order to comply with the requirements of the global campaign for education.
- The Government should recruit more teachers and invest more in this profession – particularly in the prior and continuing training – while improving working conditions and remuneration of teachers.
- Decentralization reforms aimed to include decentralization of resources at Community level, which did not happened. The Government must ensure that resources for education reaches the schools and communities at the local level.
For donors: a better quality aid and respect for the priorities of the Government
- The World Bank and the IMF should stop attaching economic policy conditions to their aid.
- The European Commission should dissociate its budgetary support from the IMF programme.
- All bilateral donors should ensure that the common budget support are neither linked to a programme from the IMF nor to the World Bank economic measures and conditions.
- The NGOs education programmes must be anchored in the PRODEC priorities and implemented in partnership with the decentralised authorities as well as with the support of these in order to help them achieve their development plans and to strengthen their ability to do it by themselves.
Responsibility of the Government towards citizens
- The Government of Mali and the donors must accept that civil society organizations play an official role in the follow-up process described in the document of the strategic framework for growth and poverty reduction (CSCRP) by ensuring that they attend and participate in meetings and that their comments are taken into account.
- Documents and decisions emanating from meetings of the CSCRP must be made public quickly.
- Government must ensure that civil society and the National Assembly formally engaged in debates concerning education policy and should notably reach a consensus on the new programme and comply with it.
Involvement of the Government towards citizens.
- Civil society must play an official role in the consideration of budgetary aid.
- Donors and INGOS should fund and encourage as many budgetary follow-up and monitoring of the supply of services carried out by communities and civil society networks.
- The INGOS should continue to support the school management committees and the citizen engagement in the structures and decentralized processes.
- The INGOS should continue to actively promote literacy initiatives, and thus to participate in improving the supply of essential services.
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