Education and Labor Market Outcomes in Urban West Africa
Agence Française de Développement and the World Bank, 2013.
Extraits tirés des pages : 163, 167, 168, 169, 188, 189. [Fr] [En]
FRANÇAIS
En Afrique de l’Ouest, l’éducation est souvent perçue comme étant un outil clé dans la lutte contre la pauvreté. Mais en réalité, même si l’éducation partie intégrante du développement et du bien-être, sa valeur économique n’est pas claire, étant donné que le taux d’emploi urbain en Afrique Sub-Saharienne augmente, particulièrement parmi les travailleurs éduqués.
Le décalage entre d’une part un investissement (croissant) dans l’éducation et d’autres parts les opportunités réelles sur le marché du travail représente un défi de taille pour les responsables politiques.
Cette sous-section présente des résultats portant sur l’effet de l’éducation en terme de sorties du chômage et d’intégration sur différents secteurs du marché du travail (formel versus informel). Pour les sept villes, le taux de chômage est inférieur (15%) parmi les personnes les moins éduquées. Ce chiffre monte jusqu’à 20-21% pour les personnes d’un niveau entre fin d’école primaire et fin d’école secondaire. Enfin, il baisse légèrement (19%) pour les personnes ayant bénéficié d’au moins un an de formation universitaire.
Le fait que le capital humain est faible sur le terrain ne semble pas protéger les personnes éduquées contre le chômage. Ceci est particulièrement vrai à Lomé, où le chômage augmente proportionnellement au niveau d’éducation (de 8% pour ceux non-éduqués à 23% pour ceux à la formation universitaire).
Ces tendances sont moins nettes dans d’autres villes. Dans la plupart des cas, le chômage augmente dans un premier temps avec le niveau d’éducation, avant de descendre dans un deuxième temps avec l’obtention du diplôme de fin d’études secondaires et l’entrée à l’université. Ce phénomène est particulièrement visible à Cotonou, Dakar et Ouagadougou, où la formation universitaire réduit légèrement les chances de chômage.
Toutes choses étant égales par ailleurs, les personnes ayant bénéficié de peu ou pas d’éducation paraissent moins susceptibles d’être au chômage que les personnes qui ont au moins finis l’école primaire, ce qui peut probablement être expliqué par une ambition professionnelle moins élevée.
Lomé montre une relation fortement positive entre le chômage et l’éducation. Abidjan et Cotonou sont aussi marquées par cette tendance. Dans les autres villes, le lien entre chômage et niveau d’éducation prend la forme de cloche observée précédemment.
Le fait que l’investissement en capital humain n’ouvre pas automatiquement la porte à un emploi reflète la détérioration du marché du travail dans les villes africaines, le résultat de l’échec (ou de l’absence) des politiques d’urbanisation dans l’enclenchement d’une volonté de création d’emplois qualifiés.
Il existe une relation très étroite entre le niveau d’éducation et le secteur d’emploi. Pour l’ensemble de l’échantillon, 91% des travailleurs qui ont un emploi n’ont ni commencé ni finis l’école primaire dans le secteur informel. Finir l’école primaire fait baisser cette proportion dans le secteur informel à 75% ; finir le collège réduit ce chiffre à 50%.
Seulement 19% des personnes qui ont entamé une formation universitaire travaillent dans le secteur informel. Cette tendance tient pour toutes les villes, sauf Lomé. A Lomé, le secteur formel supplante facilement le secteur informel lorsque le niveau d’éducation augmente, mais la corrélation est plus faible que dans les autres villes et une proportion importante des personnes bénéficiant d’une formation universitaire (39%) travaillent dans le secteur informel (95% des personnes qui n’ont ni commencé ni finis l’école primaire travaillent dans le secteur informel).
Ce manque de connexion entre le niveau de formation et les salaires obtenus sur le marché du travail formel privé est évident dans toutes les villes étudiées. Il semblerait que les salaires bas correspondent plus au niveau de formation dans le secteur informel que dans le secteur formel privé (mais moins que dans le secteur public).
Ce résultat est inconsistant avec l’idée que le secteur informel n’accorde pas d’importance au capital éducatif. La profitabilité de l’éducation dans le secteur informel est illustré par les salaires des personnes ayant reçu des diplômes de formation professionnelle (en particulier le Brevet d’Etudes Professionnelles (BEP)]. En réalité, les retours sur les formations professionnelles dans le secteur informel excèdent souvent les retours dans le secteur formel privé.
Les qualifications de formation professionnelle sont aussi souvent plus bénéfiques que les qualifications d’éducation générale, qui prennent souvent plus de temps à obtenir. Par exemple, même s’il faut généralement un an de moins pour obtenir un BEP (en moyenne 11.6 ans) que pour obtenir le baccalauréat (en moyenne 13.0 ans), le BEP est souvent plus rentable que le baccalauréat, particulièrement dans le secteur informel.
Les retours sur le BEP sont 40% de fois plus élevés que les retours du baccalauréat dans le secteur formel privé à Cotonou et dans les secteurs informels de Ouagadougou, Bamako, Niamey et Lomé.
La convexité des retours sur l’éducation signifie que stimuler l’accès à l’école primaire est efficace pour réduire la pauvreté seulement si ceux qui finissent l’école primaire peuvent continuer leurs études afin de profiter pleinement de l’avantage du rendement marginal élevé associé avec de nombreuses années d’éducation.
La gestion des flux d’élèves ayant finis l’école secondaire et une formation universitaire pourrait bénéficier d’une revue en profondeur des contenus (trop) généraux des programmes scolaires, en essayent de l’adapter aux besoins du marché du travail. Pendant ce temps, afin d’augmenter les retours sur des niveaux d’éducation bas, l’amélioration de l’école primate devrait rester en haut de n’importe quel agenda pour l’éducation.
Plus particulièrement, si l’éducation aide les travailleurs dans le secteur informel à être plus productif (probablement grâce à l’innovation et de l’adaptabilité), alors les investissements du gouvernement et des ménages dans l’éducation ne sont pas fait en vain. Compte tenu du fait que le secteur informel a créé plus de 80% des emplois urbains en Afrique de l’Ouest dans les dernières années, concentrer les investissements publics de l’emploi dans ce secteur avec des politiques attractives pour les personnes les plus qualifiées pourrait représenter une alternative crédible au manque d’emploi observé dans les secteurs formels, au moins à court-terme.
Couplée à un support continu à la qualité de l’école primaire et post-primaire, une telle politique pourrait aussi être payante à mi-terme et long-terme en générant les accumulations de capital humain nécessaires pour que l’économie moderne décolle dans les villes africaines.
ENGLISH
Education in Sub-Saharan Africa is often seen as the main policy instrument in the fight against poverty. In practice, however, although education is an intrinsic component of development and well-being, its economic value is not clear, as urban unemployment in Sub-Saharan Africa is rising, especially among educated workers.
The mismatch between (increasing) investment in schooling on the one hand and actual labor market opportunities on the other represents a major challenge for policy makers.
The subsection presents findings on the efficiency of education in terms of exits from unemployment and integration into different labor market segments (formal versus informal). For the seven cities, the unemployment rate is lowest (15 percent) among people with the least education. It rises to 20–21 percent for people with levels ranging from completed primary schooling to completed secondary schooling. It drops slightly (to 19 percent) for people who completed at least one year of higher education.
The fact that human capital is thin on the ground does not appear to protect people who have it against unemployment. This is particularly true in Lomé, where unemployment increases strictly with the level of education (from 8 percent among people with no education to 23 percent among people with higher education).
The trends are less linear in other cities. In most cases, unemployment tends first to increase with the level of education, before decreasing with completion of secondary school and entry into higher education. This pattern is particularly strong in Cotonou, Dakar, and Ouagadougou, where higher education somewhat reduces the extent of unemployment.
All else equal, individuals with little or no education appear to be less exposed to unemployment than individuals who have at least completed primary school, probably indicating lower job aspirations.
Lomé shows a strong positive relation between unemployment and education. Abidjan and Cotonou also follow this trend. In the other cities, the link between unemployment and the level of education takes the bell shape observed previously.
The fact that investment in human capital does not always open the door to employment reflects deterioration of African urban labor markets, the result of the failure (or absence) of urbanization policies to set in motion a drive to create skilled jobs.
There is a very close link between the level of education and the employment sector. For the sample as a whole, 91 percent of employed workers who did not start or complete primary school work in the informal sector. Completed primary schooling brings the proportion in the informal sector down to 75 percent; completed middle school reduces it to 50 percent.
Only 19 percent of people who entered higher education work in the informal sector. This pattern holds for all cities except Lomé. In Lomé, the formal sector clearly supplants the informal sector as the level of education rises, but the correlation is weaker than in the other cities and a significant proportion of people with higher education (39 percent) work in the informal sector (95 percent of people who did not start or complete primary school work in the informal sector).
This lack of connection between the level of training revealed by a diploma and the remuneration obtained in the formal private labor market is evident in all of the cities studied. Marginal earnings seem to correspond more closely to the level of training in the informal sector than in the formal private sector (but less than in the public sector).
This result is inconsistent with the idea that the informal sector does not value educational capital. The profitability of education in the informal sector is illustrated by the earnings premium received by individuals with vocational diplomas (in particular the Brevet d’études professionnelles [BEP]). In fact, returns to vocational training in the informal sector often exceed returns in the formal private sector.
Vocational education qualifications are also often more profitable than general education qualifications, which take longer to obtain. For example, although it generally takes one year less to obtain a BEP (on average 11.6 years) than to obtain the baccalauréat (on average 13.0 years), the BEP is often more profitable than the baccalauréat, especially in the informal sector.
The returns to the BEP are more than 40 percent higher than the returns to the baccalauréat in the formal private sector of Cotonou and in the informal sectors of Ouagadougou, Bamako, Niamey, and Lomé.
Convexity of the returns to schooling means that stimulating access to primary education is effective in reducing poverty only if primary school graduates can continue their studies in order to take full advantage of the high marginal returns associated with many years of education.
Management of the flows of students completing general secondary and higher education could benefit from an in-depth review of the (too) general content of schooling programs, with an eye toward adapting it to the needs of the labor market. In the meantime, to increase the returns to low levels of schooling, improving primary school quality should remain at the top of any agenda for education.
More specifically, if schooling helps workers in the informal sector to be more productive (probably thanks to innovation and adaptability), then household and government investments in their education are not being made in vain. Given that the informal sector has created more than 80 percent of urban jobs in West Africa in recent years, concentrating public investments in employment in this sector with attractive policies for the most qualified people could represent a serious alternative to the lack of employment observed in the formal sectors, at least in the short term.
Coupled with continued support to primary school quality and postprimary education, such a policy could also pay off in the medium to long term by generating the human capital accumulation required for the modern economy to take off in African cities.
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