Les meilleurs systèmes éducatifs dans le monde
Karim Elouardani, 2016.
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FRANÇAIS
Existe-il une recette miracle pour qu’un pays puisse améliorer le secteur de l’enseignement ? A priori la réponse est non. La performance d’un système éducatif dépend de divers paramètres qui différent d’un pays à l’autre en fonction de l’Histoire, de la culture et de divers expérimentations passées. Cependant, et en se référant au classement PISA, il existe des modèles de réussite.
Certes le classement PISA (Program for International Student Assessment) ne permet pas d’évaluer la performance d’un système éducatif dans son ensemble. Il se contente de mesurer la manière dont les élèves en fin de scolarité obligatoire (15 ans pour la plus part des pays) mettent en application les connaissances qu’ils ont acquis dans leur parcours scolaire. A notre niveau nous avons à plusieurs reprises remis en cause la pertinence de ce test pour évaluer le niveau de performance de l’éducation dans un pays donné. Par contre, il constitue probablement le meilleur baromètre pour comparer les pays entre eux, d’autant plus que généralement les nations les mieux classées, présentent les meilleurs taux de réussite au niveau universitaire, combinés à des taux d’employabilité des jeunes très élevés.
Shanghai : Cette ville chinoise est singulière à bien des égards, surtout dans la manière dont elle a positionné le choix et la curiosité en tant que pierres angulaires de son éducation. Dans les années 80, Shanghai a commencé à donner plus de choix dans les programmes aux étudiants. Dans les années 90, elle a intégré les sciences humaines en vue de favoriser plus de curiosité. Ces profonds changements ont permis de faire passer les étudiants du statut de simples « receveurs » d’informations à un statut d’apprenants actifs qui œuvrent pour utiliser leurs connaissances de manière productive. La formation et le perfectionnement des enseignants est une autre caractéristique du système éducatif de Shanghai. Ces derniers sont encouragés à donner moins de cours magistraux et à privilégier la mise en place d’activités constructives pour promouvoir l’apprentissage.
Singapour : En 50 ans d’existence, la cité-État a connu trois grandes réformes de l’enseignement qui l’ont amené dans le trio de tête des programmes éducatifs mondiaux. La première réforme a été mise en place pour améliorer le niveau d’alphabétisation de la population afin de la rendre compétitive sur le marché du travail international. La deuxième phase a consisté dans le développement d’un système scolaire de qualité avec une augmentation significative du taux de rétention des étudiants. Les élèves ont été séparés en divers groupes en fonction de leurs compétences, avec un enseignement spécifique pour chaque groupe afin qu’il maitrise un l’apprentissage à la fois. La troisième réforme engagée en 2008 a permis d’introduire des enseignements plus conceptuels et plus diversifiés (comme les arts et le sport) et d’améliorer le système de formation des enseignants.
Hong Kong : En tant qu’acteur majeur dans les secteurs financiers et commerciaux mondiaux, Hong Kong a longtemps encouragé un système éducatif « libéral » bénéficiant principalement aux couches les plus favorisées de la société. La ville a réalisé qu’elle s’était positionnée hors des circuits mondiaux du marché de l’emploi bon marché et devait améliorer l’éducation de ses habitants. De profondes réformes ont été entreprises pour permettre d’offrir une meilleure éducation au plus grand nombre (et ne plus limiter l’accès aux meilleures écoles à une petite élite). L’éducation secondaire et universitaire sont ainsi devenues universelles. Dans les années 90, l’État a opéré un passage d’un système qui favorisait la mémorisation à un système qui augmente les capacités d’analyse et de raisonnement. Les étudiants sont ainsi non seulement testés avec des évaluations traditionnelles, mais une part importante est accordée aux applications pratiques. Le système d’enseignement met en valeur l’apprentissage de type constructivisme et les apprenants reçoivent une formation pratique avec des compétences diversifiées.
Taiwan : Île avec peu de ressources naturelles, Taiwan a toujours beaucoup investit dans le secteur de l’éducation pour pouvoir tirer son épingle du jeu dans l’économie mondiale. L’État a toujours misé sur une « économie de la connaissance » et le système éducatif est organisé dans ce sens. Pour ce faire le pays promeut une scolarité obligatoire de 12 années en insistant sur l’éducation de la petite enfance. L’enseignement est basé sur des programmes élaborés par les établissements scolaires avec une place prépondérante accordée à la formation professionnelle et l’apprentissage des arts. De plus pour offrir une meilleure qualité, l’éducation nationale a depuis longtemps misé sur l’intégration des TIC et tous les établissements sont équipés avec des outils numériques. Un système de bourses et de subventions permet aux enfants des familles défavorisées d’accéder à un enseignement supérieur de qualité.
Corée du Sud : Sous l’occupation japonaise, les enfants coréens n’étaient pas autorisés à recevoir un enseignement de type secondaire. Après l’indépendance, les autorisés ont essayé de mettre en place leur propre programme mais leurs efforts ont été contrariés par le déclenchement de la guerre entre les 2 Corées. Lorsqu’enfin ils ont pu mettre en place leur système éducatif, ils l’ont fait de type strict, rigoureux et basé sur une évaluation permanente. Les élèves sud-coréens sont ceux qui passent le plus de temps à l’école et sont soumis à une pression constante pour être performants. Les familles sont évidemment incitées à participer à l’effort d’apprentissage en consacrant un budget important au soutien scolaire, occupant leurs enfants une grande partie du week-end avec des cours particuliers.
Japon : Le système éducatif japonais a longtemps mis l’accent sur la préparation des étudiants à leur futur travail et à une participation active dans la société. La société japonaise, très méritocratique, pousse les individus à développer leurs compétences pour atteindre des opportunités par leur propre mérite. De même il y a une exigence forte au Japon dans les programmes de mathématiques et de sciences. Ainsi, le programme scolaire se concentre autant sur la manière de faire quelque chose (sur la base des compétences) que sur la façon dont ce quelque chose fonctionne (basé sur l’application).
Estonie : Depuis son indépendance en 1992, l’ancienne république soviétique n’a cessé de travailler en vue de reconstruire son système éducatif. La réforme s’est concentrée sur trois domaines principaux : l’élaboration d’un nouveau programme national, la formation des enseignants dans les pratiques innovantes et l’amélioration de la formation professionnelle. Le nouveau programme met l’accent aussi bien sur les compétences académiques, mais participe aussi au renforcement des compétences transversales des élèves, comme la gestion du temps ou la communication. La formation des enseignants quant à elle a été axée sur la pensée critique dans une nouvelle économie de plus en plus technologique.
Finlande : Les initiatives éducatives finlandaises, permettent à ses écoles de fortement se différencier de celles du reste du monde. Depuis le premier classement PISA en 2000, le pays a même dû mettre en place une cellule dédiée à l’assistance des autres pays, devant l’afflux de demande émanant du reste du monde pour comprendre le système éducatif finlandais. Le succès de ce pays est surtout basé sur une forte autonomie des écoles et une formation très poussée des enseignants. Ainsi, les établissements scolaires sont libres de choisir leurs propres manuels scolaires et ressources pédagogiques. Les enseignants sont tenus d’avoir un diplôme de maîtrise et de suivre un cursus de formation très long et très diversifié.
Canada : Le système éducatif canadien est décentralisé. Chaque province et territoire est seule responsable du secteur de l’enseignement et établit son propre curriculum. Cependant, il existe une forte interaction entre les provinces qui s’inspirent mutuellement pour la mise en place de nouvelles pratiques. De même, les différentes régions travaillent de concert pour définir les politiques de recrutement et concevoir les plans de formation des enseignants. Les dernières réformes de l’éducation au Canada ont mis en relief des thèmes comme un meilleur engagement des familles dans le processus éducatif, une prévention plus accrue des décrochages et l’intensification des initiatives en matière d’utilisation des outils numériques dans l’apprentissage.
Pologne : Très mal classée dans les années 2000, la Pologne a intégré le haut du classement PISA en 2012. L’une des réformes qui ont permis cette progression, est la remise en cause du système éducatif tel qu’il était conçu sous le régime communiste, qui permettait la poursuite des études au-delà de 14 ans, aux seuls élèves les mieux classés, les autres étant orientés vers des sections professionnelles. Aujourd’hui, le système polonais permet aux élèves de 15 ans de choisir parmi 4 filières qui leur permettront chacune de passer le concours d’entrée à l’université. En outre, la formation des enseignants a été élargi pour se focaliser aussi bien sur les compétences, la vocation et la manière d’aider les élèves à être performants. La Pologne s’est également fixé des objectifs élevés dans l’intégration à l’école des enfants en bas âge. Ainsi à l’horizon 2020, 90% des enfants âgés de 4 à 5 ans devront être scolarisés.
Pour résumer, on constate que les systèmes éducatifs les plus performants de la planète ont de nombreux points en commun, comme l’importance accordée aux programmes et à la préparation de l’apprentissage et une volonté affirmé de réformer dès que cela est nécessaire. Cependant, de nombreux pays présents sur cette liste abordent les composantes éducatives de manières très différentes. Ainsi, lorsqu’il s’agit d’investir dans la mise en place d’un système éducatif performant, il n’y a pas une seule « bonne façon » de faire. Tout ce qui est requis c’est une volonté de savoir quand le changement est nécessaire et une volonté de réfléchir au meilleur moyen de le réformer.
ENGLISH
Is there a recipe so that a country can improve the education sector? A priori the answer is no. The performance of an education system depends on various parameters which differ from one country to another depending on the history, culture, and various past experiments. However, and referring to the PISA rankings, there are models of success.
Certainly PISA ranking (Program for International Student Assessment) does not assess the performance of an educational system as a whole. It merely measures the way in which students at the end of compulsory education (15 years for most countries) implement the knowledge they have acquired in their curriculum. We have repeatedly questioned the relevance of this test to assess the level of performance of education in a given country. On the other hand, it is probably the best barometer to compare countries, as generally the nations ranked, have the best rates of success at the University level, combined with high youth employability rates.
Shanghai: This Chinese city is singular in many ways, especially in the way in which it has positioned choice and curiosity as cornerstones of its education. In the 1980s, Shanghai has begun to give students more choices in the programs. In the 1990s, it integrated the humanities (human sciences) to foster more curiosity. These changes helped to move students from the status of simple information ‘recipients’ to a status of active learners who work towards using their knowledge in a productive manner. The training and improving of teachers is another feature of the educational system in Shanghai. They are encouraged to give less lecturing courses and to favour the establishment of constructive activities to promote learning.
Singapore: In 50 years of existence, the City-State has experienced three major education reforms that led it in the top three global educational programmes. The first reform was implemented to improve the level of literacy of the population to make it competitive in the international labour market. The second phase consisted in the development of a quality school system with a significant increase in the students retention rate. Students were separated into various groups according to their skills, with a specific instruction for each group so that it masters one learning at a time. The third reform undertaken in 2008 helped to introduce more conceptual and diverse lessons (such as arts and sports) and to improve the system of teacher training.
Hong Kong: As a major player in global financial and trade sectors, Hong Kong has long encouraged a ‘liberal’ educational system benefiting mainly to the most privileged social groups. The city realized that it positioned itself outside the global circuits of the cheap labour market and had to improve the education of its people. Significant reforms have been undertaken to help provide better education to the largest number (and no longer to limit access to the best schools to a small elite). Secondary and higher education have thus become universal. In the 1990s, the State has made a transition from a system that favoured the memory to a system that increased the capacity of analysis and reasoning. Students are thus not only tested with traditional assessments, but a significant part is given to practical applications. The education system highlights constructivism learning and learners receive practical training with diversified skills.
Taiwan: An island with few natural resources, Taiwan has always heavily invested in the education sector to be able to play its card right in the world economy. The State has always relied on a ‘knowledge economy’ and the educational system is organized in this sense. To this end, the country promotes compulsory education for 12 years with emphasis on early childhood education. The teaching is based on programmes developed by schools with a predominant emphasis on vocational training and arts learning. To offer better quality, the national education has long banked on the integration of ICT in education and all establishments are equipped with digital tools. A system of grants and subsidies helps children from disadvantaged families access a quality higher education.
South Korea: Under the Japanese occupation, Korean children were not allowed to receive a secondary education. After independence, the authorized tried to establish their own program but their efforts have been thwarted by the outbreak of the war between the 2 Koreas. When finally they were able to implement their educational system, they have done type strict, rigorous and based on an ongoing evaluation. South Korean students are those who spend the most time at school and are under constant pressure to perform. Families are obviously encouraged to participate in the effort of learning by dedicating a budget important to academic support, holding their children a large part of the weekend with private lessons.
Japan: System educational Japanese has long focused on preparing students for their future work and active participation in society. Japanese, very meritocratic society pushes individuals to develop their skills to achieve opportunities by their own merit. Similarly there is a strong requirement to the Japan in math and science programs. Thus, the curriculum focuses as much on how to do something (on the basis of skills) than on how something works (based on application).
Estonia: Since its independence in 1992, the former Soviet Republic continued to work to rebuild its education system. The reform has focused on three main areas: the development of a new national programme, the training of teachers in innovative practices and improvement of vocational training. The new programme focuses both on academic skills, but also participates in the strengthening of the transversal competences of the pupils, such as management time or communication. The training of teachers as it has focused on critical thinking in an increasingly technological economy.
Finland: The Finnish educational initiatives, allow its schools to highly differentiate themselves from those of the rest of the world. Since the first PISA ranking in 2000, the country has even had to set up a unit dedicated to the assistance of other countries, before the influx of demand from the rest of the world to understand the Finnish education system. The success of this country is mainly based on a strong autonomy of schools and extensive training of teachers. Thus, schools are free to choose their own textbooks and teaching resources. Teachers are required to have a master’s degree and follow a very long and very diverse training courses.
Canada: The Canadian educational system is decentralized. Each province and territory is responsible for the educational sector and establishes its own curriculum. However, there is a strong interaction between provinces that inspired each other for the implementation of new practices. Similarly, different regions are working together to define recruitment policies and design teacher training plans. The recent reforms of the Canada education have highlighted themes such as a better commitment to families in the educational process, a more enhanced prevention of stalls and intensification of initiatives in the use of digital tools in learning.
Poland: Poorly classified in the 2000s, the Poland joined the top of the PISA rankings in 2012. One of the reforms that allowed this progression, is calling into question of the educational system as it was designed under the Communist regime, which allowed the continuation of studies beyond 14 years, only students ranked, the others being oriented towards professional sections. Today, the Polish system allows students to 15 years to choose among 4 channels that allow them each to pass the entrance exam to the University. In addition, the training of teachers was expanded to focus as well on skill, vocation and how to help students be successful. The Poland has also set high objectives in the integration at the school of the young children. So by 2020, 90% of children aged 4-5 years must attend school.
In summary, we notice that the best-performing education systems of the planet have many points in common, such as the emphasis programs and preparation of learning and a willingness said reform as soon as this is necessary. However, many countries present on this list discuss the educational components in very different ways. Thus, when it comes to invest in setting up an efficient educational system, there is no one “right way” to do. All that is required is a willingness to know when the change is necessary and a willingness to reflect on the best way to reform.
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